C’est un fait: mener un chantier, qui plus est titanesque, au cœur d’un environnement ultra-urbanisé est un défi en soi.
Dès la genèse du projet, le site de 10.000m² choisi pour ériger Testimonio II présentait des contraintes techniques majeures: une parcelle tout en longueur avec une très forte déclivité, des emprises réduites, une hydrogéologie et une géotechnique délicates.
De plus, le chantier touche trois axes routiers majeurs qui traversent la Principauté d’est en ouest: les boulevards d’Italie et du Larvotto et l’avenue Princesse-Grace.
"Dès les travaux préparatoires, en parallèle du boulevard du Larvotto existant, on a réalisé un pont sur une charpente métallique pour dévoyer le trafic de cette artère, ainsi que tous les réseaux dans la galerie technique", détaille Alexandre Giraldi, architecte monégasque du projet.
À noter que le boulevard en question devrait retrouver sa configuration existante au printemps 2022.
Par ailleurs, dès la conception du projet, il a fallu protéger et préserver l’eau des sources souterraines.
La technique "Top & Down"
Autre spécificité du chantier: l’utilisation de la technique dite "Top and Down", déjà utilisée pour construire les 170 mètres de la tour Odéon. En résumé: les parties infrastructure et superstructure sont menées en parallèle.
"Dans un chantier classique, vous descendez jusqu’en bas, vous terrassez le tout et puis vous remontez au fur et à mesure. Là, pour Testimonio II, on déroule en simultané la partie basse et la partie haute depuis la partie médiane qui est la dalle de transfert", vulgarise Alexandre Giraldi.
Autre défi majeur: limiter les nuisances qui, on le sait, s’avèrent particulièrement pénibles à vivre pour les voisins des chantiers de la Principauté. Condition sine qua non pour que la Principauté continue de se développer.
Le sujet a, d’ailleurs, largement occupé la scène politique, notamment au Conseil national. L’État y a répondu par une série de réglementations et de contrôles plus accrus.
Fin novembre, une vidéo postée sur les réseaux sociaux montrait toutefois des nuisances sonores à 1h20 du matin sur le chantier Testimonio II, provoquant l’ire et l’incompréhension du voisinage car, théoriquement, en dehors des horaires réglementaires - de 8h à 20h en semaine.
Explications: en réalité, une autorisation ponctuelle, courant du 23 novembre au 4 décembre de 21h à 6h, avait été délivrée par la Direction de l’aménagement urbain pour l’installation de bungalows de chantier, impossible à réaliser en journée à cause du trafic.
Une hydrofraise électrique
"Ce qui fait le plus de bruit, ce sont le terrassement, l’excavation, les fondations, les foreuses et les pieux. Plus on avance dans le chantier, plus le bruit se réduit", rassure Daniele Marzocco, administrateur délégué du groupe Marzocco.
Alexandre Giraldi embraye: "Par définition, dès lors qu’on fait un chantier, le zéro nuisance n’existe pas. Ce qui ne nous affranchit pas, surtout au vu des technologies qui sont à notre disposition, de faire, au préalable, des modélisations acoustiques sur toutes les phases de la construction. On regarde ainsi, dans la mesure du possible, quels sont les ateliers les plus nuisibles et sur lesquels on a un pouvoir d’intervention".
Sur place, les bruits émanant du chantier sont, en partie, camouflés par le déploiement de clôtures et de bâches acoustiques, la mise en place de systèmes fixes minimisant les bruits moteurs - sur les ascenseurs de chantier, notamment - ou la suppression des bips de recul.
À l’automne, le chantier a vu l’arrivée d’un allié silencieux pour excaver: une hydrofraise électrique compacte, répondant au nom de "Martine", mise au point par Soletanche Bachy.
Selon le groupe Marzocco, les avantages de cette innovation technologique permettent "de diviser l’intensité sonore par quatre, de diminuer les émissions de gaz à effet de serre en économisant la consommation de 5.000 litres de fuel par semaine, et d’améliorer la qualité de l’air en supprimant tous les gaz d’échappement".
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