Non qualifiés, comment les Italiens vivent le Mondial ?

Alors que de nombreux Français attendent beaucoup de leur équipe de foot, qui joue aujourd'hui sa place en demi-finale, l'enthousiasme n'est pas forcément partagés par les voisins...

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Arianna Poletti et alice rousselot Publié le 06/07/2018 à 05:14, mis à jour le 06/07/2018 à 05:15
En novembre 2017, les Italiens étaient dépités d'apprendre qu'ils seraient absents de la Coupe du monde. Qu'en est-il quelques mois plus tard ?
En novembre 2017, les Italiens étaient dépités d'apprendre qu'ils seraient absents de la Coupe du monde. Qu'en est-il quelques mois plus tard ? d'archive Thibaut Parat

En novembre 2017, le ciel est tombé sur la tête des Italiens lorsqu'ils ont appris que la Squadra Azzurra ne participerait pas à la Coupe du monde. Au point que quelques mois plus tard, certains semblent avoir perdu la mémoire.

Rencontrée dans les rues de Vintimille, Alice avait ainsi complètement oublié que le monde entier aurait les yeux rivés sur le Mondial à cette période de l'année. Quant à son mari, Marco, il assume ne pas regarder les matchs. « Avant je n'en manquais aucun. Mais là, je n'ai même pas envie d'allumer la télé… »

« Je n'ai jamais connu un Mondial sans l'Italie ! »

Apprenant que certains renient l'événement, deux retraités s'offusquent : « Comment ça, il y a des gens qui ne regardent pas ? tonne Giovanni. Nous, on n'en manque pas un. Même si on ne soutient personne en particulier… surtout pas la France ! » Piero, habitant de Latte, juge que les tensions liées à la question migratoire n'incitent clairement pas à supporter le pays voisin.

Paradoxe de la situation : presque tous les matchs sont malgré tout diffusés dans les bars de Vintimille. Alors qui soutient qui ?

Milena, la Croatie.

Gaia, le Brésil.

Max, l'Espagne.

Et la France ? Pas grand monde. D'autant que lesdits Français n'ont pas tari de blagues vaseuses. Entre les clichés sur la pizza et l'invitation à regarder les matchs à la plage.

Responsable d'un restaurant à Menton, bien qu'il habite sur les hauteurs de San Remo, Andrea ne comprend pas pour autant que ses concitoyens accordent leur confiance à des équipes lointaines. « Moi je travaille en France depuis quinze ans. Alors forcément, je soutiens votre pays », assume-t-il. Même s'il ne lui serait jamais venu à l'esprit de trahir l'Italie si cette dernière était encore en lice.

« J'ai 44 ans et je n'ai jamais connu un Mondial sans mon pays ! C'est une claque inoubliable pour nous. On est dégoûtés. J'ai même vu des gens pleurer. ça nous fait chier, même si notre équipe n'avait pas les qualités pour gagner. »

Il faut dire qu'économiquement, une telle disgrâce a de réels impacts pour les Transalpins. « Les télés avaient prévu de bombarder sur le Mondial, souligne Andrea. Mais elles n'en parlent même pas. Elles se contentent de diffuser les matchs. » Difficile d'oublier, aussi, le critère psychologique : « La Coupe du monde est synonyme de grande fête, de rassemblement. C'est bon pour le moral. »

Un moral que les Italiens ont déjà (un peu) en berne. Walter, pizzaïolo à Vintimille, va jusqu'à voir dans l'échec italien le miroir d'un pays en difficulté : « L'équipe de foot est en crise au même titre que l'Italie. Moi, je ne regarde pas les matchs. Je travaille de 4 h du matin à 20 h, je n'ai pas de temps à accorder à ça. J'ai d'autres problèmes auxquels penser… » Sur les murs trône pourtant une écharpe noir et blanc de la Juventus. « C'est celle de mon fils, confesse Walter. Ici, on ne supporte que Turin. On attend avec impatience que Ronaldo débarque… »

Deux jeunes Niçois habitués des lieux s'immiscent dans la conversation. Notent que l'ambiance n'est effectivement pas au rendez-vous. « Les années précédentes, il y avait des drapeaux italiens partout, c'était la folie. Cette fois-ci c'est un peu triste », fait remarquer Franck.

« Ils font les morts »

Seule source de satisfaction : l'élimination de l'Allemagne - qui s'était tant moquée des Italiens quand ils ont perdu leur match qualificatif contre la Suède. On raconte ainsi qu'à cette occasion les voitures klaxonnaient dans les rues de San Remo, comme lors d'un jour à marquer d'une pierre blanche. « On avait l'impression que l'Italie avait gagné la Coupe. C'était la fête ! »

Mais depuis, les TV restent éteintes dans les bars et restaurants italiens de Menton qui diffusaient traditionnellement les rencontres. « Ils font les morts… sourit la femme d'un Italien. C'est comme si la Coupe du monde n'avait pas lieu. » Comme s'il fallait désormais attendre quatre ans pour que le cauchemar se termine.

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