Les auditeurs du Printemps des arts iront au gymnase, samedi. Leur lieu de rendez-vous a été précisément fixé à la salle omnisports du Lycée hôtelier. A-t-on trouvé une nouvelle façon d’accommoder aérobic et électroacoustique ? Mariera-t-on fitness et musique concrète ? Que nenni : les auditeurs seront en tenue de ville. Seules leurs oreilles seront sollicitées, point leurs muscles.
Bain de sons
Ils seront d’ailleurs installés dans de petits canapés. Les sièges seront disposés en spirale comme le dessin d’une coquille d’escargot. Ils seront encerclés par un orchestre - mais un orchestre particulier dans lequel les musiciens seront remplacés par des haut-parleurs. Il y en aura vingt, en tout.
Ce n’est pas une symphonie de Mozart ou de Beethoven qui sera au programme mais une œuvre du compositeur allemand du XXe siècle Karlheinz Stockhausen, Oktophonie, composée en 1990.
Les auditeurs seront plongés dans un bain de sons. Le compositeur a voulu les immerger dans un environnement de sonorités spatiales qui étaient assez neuves dans les années quatre-vingt-dix, mais auxquels les films futuristes intergalactiques nous ont habitués depuis. L’ingénieur du son se trouvera au centre, commandant, avec une simple tablette numérique, tout le dispositif sonore dont la console sera placée à distance.
Dans l’ambiance interstellaire ainsi créée se déroule, à un moment, une bataille à l’aide de « bombes sonores » et « missiles sonores » qui traversent l’espace, s’entrechoquent ou explosent. L’odyssée de l’espace, en quelque sorte.
On sait que Stockhausen, qui prétendait venir lui-même de l’étoile Sirius, était un compositeur sans limite. C’est lui qui a composé un « quatuor pour hélicoptères », dans lequel les membres d’un quatuor à cordes (deux violons, un alto, un violoncelle) se trouvaient à bord de quatre engins volants. Leurs sons étaient diffusés à terre par radio. L’œuvre fut commandée par le très sérieux Festival de Salzbourg mais créée en Hollande avec le concours de quatre hélicoptères de l’armée de l’air néerlandaise.
Et à part ça ?
Revenant sur terre, le Printemps des arts qui nous aura fait entendre ce soir, vendredi, en l’église Saint Charles, le Cantique des cantiques de Schütz (voir notre édition de mardi), se poursuivra dimanche avec le magnifique « Double concerto » pour violon, violoncelle et orchestre de Brahms. Le chef sera Kazuko Yamada. Les solistes seront le violoniste japonais Daishin Kashimoto, premier violon du Philharmonique de Berlin, et le célèbre violoncelliste français Jean-Guihen Queyras. Ici le violoniste et le violoncelliste seront bien sûr scène, non dans les airs. Mais, par la beauté de la musique, ils pourront nous conduire jusque dans les étoiles…
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