Monaco Sport Academy : Jérémy Moutout : objectif JO ! la quête de l’excellence Les champions parlent aux jeunes
Depuis six mois, la structure du Yacht-club épaule les jeunes talents vers leur rêve olympique. Lors de conférences, sportifs émérites et spécialistes ont salué l’intérêt d’une telle académie
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Thibaut Parat
Publié le 22/06/2019 à 10:13, mis à jour le 22/06/2019 à 10:13
Sydney Guillemin / YCM et Jean-François Ottonello
Sur une Grande Bleue capricieuse, au large de Monaco, ces jeunes bourrés de talent ont fait des étincelles. Sur son kitesurf, Alexander a multiplié les cabrioles à des hauteurs délirantes. Thomas, casquette à l’envers, a flirté avec la houle sur son laser. Au dos de leur tenue, trois lettres : MSA. Pour Monaco Sport Academy. Ils sont neuf garçons et deux filles, âgés de 13 à 24 ans, à l’avoir intégré en décembre dernier.
« Leur tendre la main »
S’appuyant, depuis, sur les infrastructures du Yacht-club (1), la plateforme accompagne les jeunes sportifs nautiques de haut niveau dans leur épanouissement. Tant physique que psychologique. Tant sportif que scolaire. Et ce, pour qu’ils s’alignent au départ de grands rendez-vous comme la World Sailing ou les World Cup. Pour leur faire tutoyer les sommets. Et, pourquoi pas, décrocher le rêve olympique sous la bannière monégasque. À Tokyo, en 2020. Aux Jeux Olympiques de la jeunesse, en 2022. Ou à Paris, en 2024.
« L’idée était de leur tendre la main, résument Bernard d’Alessandri et Philippe Ghanem, respectivement secrétaire général du Yacht-club et membre du bureau, initiateurs du projet. Le club fournissait déjà un bateau et un coach technique. On s’est aperçu qu’on était limités car les jeunes avaient besoin de plus. On voulait créer une plateforme pour les entourer. »
« Aller plus haut dans leur vie »
Ainsi, un pôle technique s’est formé autour de ces pépites qui évoluent en kitesurf, voile (laser, nacra15, optimist) en Jet ski : un sophrologue, un nutritionniste, un coach mental, un médecin coordinateur, un préparateur physique et aussi un conseiller d’orientation. « Des intervenants extérieurs évoquent aussi avec eux les aspects de la nutrition, l’hygiène de vie, sans oublier des coachs de motivation », fait-on savoir dans le staff de la Monaco Sport Academy. Une aide salutaire pour canaliser ces boules d’énergie que sont les adolescents. Sans jugement, ni a priori.
« Au lieu d’être juste un voileux, je suis devenu un athlète complet. L’approche est personnalisée. Le fait que le préparateur physique soit un ancien athlète, cela facilite l’échange et du coup il comprend mieux nos besoins. La préparation et le programme sont en évolution constante, ce qui me permet de ne pas tomber dans une routine qui freine la progression », souffle l’un des heureux élus, ravi d’avoir intégré la première promotion parmi soixante postulants.
« Certains jeunes vont gagner et réussir mais il n’y a pas que ça. Il y a la réussite personnelle au sein du club et dans la Principauté qui leur permettra d’aller plus haut dans leur vie personnelle, affirment les deux têtes pensantes du projet. Ce qu’on aimerait, c’est réfléchir sur la question d’un parrainage entre un jeune et un autre. Le mot parrain donne un sentiment de responsabilité des deux côtés. »
Pour l’heure, la Monaco Sport Academy se cantonne aux sports nautiques. L’ADN du Yacht-club. Mais, à terme, elle n’exclut pas d’y inclure d’autres athlètes, d’autres disciplines. Dès lors que le modèle actuel aura fait ses preuves.
Jadis skieur, Jérémy Moutout a basculé vers la voile laser un peu par hasard. Pour le fun, dit-il. « Je voyais ça comme un loisir, plutôt qu’un vrai sport », sourit-il. Avec le temps, pourtant, il progresse à vitesse grand V, au point d’entrevoir un dessein olympique. Une équipe de spécialistes se forme autour du voileux de 20 ans : préparateurs physique et mental, nutritionniste, psychologue.
« De plus en plus de jeunes ont dû avoir la même structure que moi et Philippe Ghanem est arrivé avec son projet », explique-t-il.
La Monaco Sport Academy a permis à Jérémy Moutout de ne pas se disperser dans sa quête de rêve olympique. « Ce qui est dur à gérer pour les sportifs, c’est la vie sociale. On a un quotidien différent des jeunes de notre âge. On voyage beaucoup, on passe beaucoup de temps à l’entraînement et, comme priorité, c’est plus la compétition que la famille et les amis, reconnaît-il. La MSA crée une émulation entre les académiciens et nous permet d’être constamment - et sainement ! - en compétition les uns avec les autres. »
Tout juste propulsé dans le circuit senior, le voileux a signé, en avril dernier, une performance prometteuse lors de la Coupe du monde à Gênes. Laquelle ne saurait effacer deux contre-performances aux championnats d’Europe au Portugal et à la semaine olympique française. Pas de quoi remettre en question son rêve de médaille en 2024 à Paris. « J’espère me qualifier ! Je rêve de ça depuis gamin. Aujourd’hui, il y a tout pour : la structure, les partenaires d’entraînement, la préparation mentale et physique. Il n’y a plus d’excuse maintenant. Il faut travailler pour réussir. »
Boire les sages paroles des « grands » de leur sport. C’est l’opportunité qu’ont pu récemment saisir les onze académiciens de la Monaco Sport Academy. Sur scène, quatre athlètes ayant percé dans leur discipline ont raconté leur expérience. Et ce que pouvait offrir - personnellement et sportivement parlant - la MSA.
Jadis en sport-études à La Rochelle, Claire Tétard a pu jongler entre la voile et ses études d’ingénieur. Aujourd’hui, c’est entre l’équipe de France et son poste chez Thales Aliena Space. « J’avais tout sur le même lieu, je pouvais optimiser mon temps. En passant de l’un à l’autre, je rechargeais mentalement les batteries. L’idée est de canaliser son énergie pour exécuter les choses au bon moment. Quand je suis sur l’ordinateur, je ne pense pas à la voile, et inversement. Il y a beaucoup de choses à gérer, de choix à faire que ce soit dans la vie personnelle ou dans le domaine sportif. Il faut prioriser », confie-t-elle.
À côté, dans son fauteuil roulant, Yohann Taberlet confirme ces dires. Autrefois skieur « valide », l’homme a été victime d’un accident de parapente. Pas question pour lui, pourtant, de se morfondre. Il embrasse alors une carrière… paralympique et rafle cinq médailles mondiales. « Le haut niveau, c’est du sacrifice, de l’abnégation. Aujourd’hui, je suis devant vous et hyper fier. C’est important d’atteindre ses objectifs mais ce n’est pas une fin en soi. Le plus important, c’est tout le cheminement qu’on réalise. C’est lui qui nous fait devenir un grand athlète, un grand homme, assure-t-il. La MSA est une structure qui manquait à Monaco. Profitez-en pour vous appuyer sur les gens qui sont là pour vous épauler. Mais n’oubliez pas qu’il faut travailler et prendre du plaisir ! »
Silvio Arrivabene (voile), lui, n’a pas connu les bienfaits d’une telle structure. L’homme de 44 ans, tout juste vainqueur de la Giraglia 2019, a dû taper aux portes, ronger son frein pour tutoyer le haut niveau. « J’essayais de dénicher des informations, de naviguer sur un bateau et d’apprendre l’aspect technique. J’aurais aimé avoir une structure comme ça. C’est magnifique et c’est le futur de la voile, jure-t-il. J’allais au port, je regardais quelqu’un et lui demandais si je pouvais venir avec lui. J’ai eu une période d’essai, j’ai commencé dans l’équipage comme naviguant. J’ai dû être patient. J’en avais dans les tripes. On doit avoir la chance de réaliser cette passion. »
« De faire sa passion son métier, c’est la plus belle chose au monde. Pour tous ceux sur cette planète qui n’ont pas cette chance, ça vaut la peine de se lever le matin et de travailler dur », confirme David Ginola, ancien footballeur pro et speaker de cette conférence.
C’est le cas de Maxime Nocher, le plus âgé de cette première promotion. Il en a fait sa passion mais a percé dans sa discipline, le kitesurf, un peu par défaut. « J’ai perdu ma mère d’un cancer à 16 ans. Je me suis raccroché au sport pour pouvoir m’épanouir personnellement. C’était un exutoire. J’ai continué et j’ai adoré ça. J’ai gagné mon premier titre de champion du monde un peu par hasard », sourit-il. Depuis, il en a raflé dix autres. Un pedigree bien fourni pour son jeune âge. Et une certitude bien ancrée dans son esprit : « Ces titres ne sont rien comparés aux valeurs que j’ai apprises avec le sport. »
Un leitmotiv qu’il se fera un devoir d’inculquer à ses jeunes camarades de promotion. La transmission. Encore et toujours.
Le 14 juin, lors d’une série de conférences sur le thème « Un esprit sain dans un corps sain », animée par l’ancien footballeur David Ginola, des athlètes de haut niveau et des spécialistes ont distillé leurs conseils et parlé de leur expérience aux onze académiciens de la Monaco Sport Academy. Sydney Guillemin / YCM.Sidney Guillemin / YCM.
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