Sa connaissance de la civilisation chinoise et son sens de la mise en scène ont fait des miracles. Avec une équipe de 200 personnes, Jean-Paul Desroches a métamorphosé le Grimaldi Forum à Monaco en Cité interdite. Deux ans et demi de travail. Le résultat est bluffant. Bien plus qu'une évocation de la vie de cour sous la dynastie Qing (1644-1910), cette exposition d'été est un voyage, une évasion. Le sujet est superbement illustré, en aucun cas fossilisé.
Certaines pièces ne sont jamais venues en Europe. Tel ce paravent du XVIIIe siècle dont les seize panneaux en jade blanc sur bois de zitan représentent les saints du bouddhisme avec une liberté folle, à la limite de la caricature. Ou ce sceau de l'empereur suprême Qianlong, sublime sculpture de 23 kg en jade vert.
Armures et costumes de combat ou d'apparat, porcelaines, portraits d'ancêtres sur soie, instruments d'astronomie ou de calligraphie dessinent les contours d'un univers secret où l'on admirera également, dans le trésor, un objet rituel vieux de 5 400 ans qu'un designer ne désavouerait pas. Le parcours s'achève sur une gravure sur bois de 14 m, d'après une œuvre de Zhang Daqian. L'égal en Chine de Picasso, dont un cliché montre la rencontre à Antibes.
Franck Leclerc
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