"Mon plus mauvais souvenir? L'évasion de 2003": surveillant à la prison de Monaco depuis 35 ans, il témoigne

Des chambres avec vue mer? Elles existent en effet, mais elles se comptent sur les doigts d’une main. Ce que l’on sait moins par contre, c’est que l’espace de promenade est sans doute un des plus exigus du monde. Gérard Rossi, surveillant depuis 35 ans témoigne de toutes ces années passées à la prison de Monaco.

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Julie Baudin Publié le 22/04/2021 à 14:40, mis à jour le 22/04/2021 à 16:10
Gérard Rossi dans l’exiguë cour de promenade de la prison de Monaco. Ici, certains détenus n’hésitent pas à y faire leur footing. Photo JFO

Ils sont une quarantaine de surveillants de prison. Parmi eux, il y a Gérard Rossi, le premier surveillant. Il est ici depuis 1986. Et cette prison, il la connaît par cœur. Malgré les années et les conditions difficiles de travail, il garde la même envie. "Cette prison c’est ma deuxième maison, elle occupe une grande partie de ma vie. J’y suis rentré jeune. J’en ressortirai vieux! À mes débuts, la prison était installée dans l’ancienne poudrière. C’était un tunnel sur deux niveaux avec une cour de promenade complètement fermée."

Avec toutes ces années, Gérard Rossi pourrait écrire plusieurs tomes d’histoires carcérales. Il en retient quelques-unes. "Mon plus mauvais souvenir c’est la double évasion de 2003. Deux détenus se sont échappés la nuit par la fenêtre de leur cellule." Un scénario digne du film Les Évadés. "Durant plusieurs semaines, ils avaient scié, avec des petites scies à métaux passées à l’as lors des fouilles, les barreaux de leurs fenêtres. Ils les refaisaient chaque jour avec de la cire de Babybel mélangée à de la cendre. Personne n’a rien vu. Je n’étais pas de garde ce soir-là, mais clairement il y a eu de la part des surveillants un manque flagrant de professionnalisme. Le lendemain, on m’annonce ça et c’est le choc. L’autre mauvaise expérience, c’est la pendaison que nous avons eue il y a un an et demie. Le détenu s’est pendu avec son drap entre deux rondes. Il n’était pas encore jugé, il était en instruction… Notre métier ne supporte aucunes négligences. En ce qui me concerne, même après plus de trente ans de service, je ne dois jamais céder à la routine. Quand il y a un souci, c’est qu’on a failli à notre rôle. Mais nous nous enrichissons de ces mauvaises expériences…"

Gérard Rossi n’oublie jamais que la prison c’est aussi un lieu de malheur.

"Il faut tendre la main sans se faire avoir"

"On éponge ici tout cela. Alors il faut tendre la main sans jamais se faire avoir. Notamment avec les détenus VIP qui ont une forte personnalité".

Au sein de sa deuxième maison, il a aussi fait de belles rencontres et s’est fait parfois fait attendrir. "Je me souviens de deux petites Roms qui avaient été incarcérées pour des vols à l’arraché. Dans la salle d’activités, elles faisaient des coloriages comme ceux que fait ma fille."

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