Sa carrure imposante (1,90 m) et son physique toujours affûté trahissent l'athlète qui sommeille toujours en lui.
Âgé de 32 ans, le Monégasque Mathias Raymond a pris part à deux Jeux olympiques d'été en aviron (skiff). Pékin tout d'abord (2 008), « des moments merveilleux, mes premiers Jeux et j'ai eu l'honneur d'être le porte-drapeau ».
Quatre ans plus tard, il enchaîne avec Londres (2 012), toujours en aviron. Son parcours l'oriente ensuite à côtoyer le monde de la diplomatie - en tant que fonctionnaire - avant de se retrouver, depuis quelques années, au Comité olympique monégasque, comme attaché.
Déjà chef de mission aux Jeux méditerranéens de Tarragone en juin dernier (« un petit avant-goût »), le voilà sur le devant de la scène pour ces JOJ, en tant que chef de mission de la délégation « rouge et blanche » de ces 3e Jeux olympiques de la jeunesse d'été.
« Même lorsque j'étais athlète, je n'avais jamais imaginé un jour devenir chef de mission. La vie est faite de surprises. » glisse-t-il.
Venu en repérages en Argentine il y a plusieurs mois, il fut le premier Monégasque arrivé (il y est depuis le dimanche 30 septembre). Il s'est rapidement mis au travail : « Réceptionner les appartements au village olympique, faire l'état des lieux, vérifier que tout fonctionne, attribuer les espaces, les aménager et les décorer, préparer les affaires des uns et des autres… »
Le chef de mission doit en effet s'assurer que tout soit prêt pour accueillir athlètes et membres de la délégation sportive (entraîneurs et kiné).
Premier levé, dernier couché
Les premières heures ne furent pas de tout repos : « J'ai dû faire face à quelques problèmes matériels ; dégâts des eaux, fuite d'eau d'un des toilettes, problèmes de clefs, serrure bloquée… Cela a nécessité beaucoup d'efforts pour résoudre chacun des problèmes. »
Il s'est ensuite penché sur un aspect plus sportif au niveau organisationnel : « Récupérer les informations relatives aux sports des athlètes monégasques, repérer les lieux et rencontrer les différents responsables. L'idée est de faire gagner du temps aux entraîneurs, dès leur arrivée, pour caler les entraînements rapidement et préparer au mieux les compétitions. »
Un travail d'anticipation indispensable, sans oublier aussi de « planifier et organiser les éventuelles visites de personnalités, par le contact et la rencontre avec les différents responsables (sécurité, protocole, transports…) pour faire en sorte que tout se déroule sans accroc. »
À Buenos Aires, le rythme quotidien est soutenu.
« Tous les matins (7 h ou 7 h 30), je prends part aux réunions des chefs de mission. J'essaie de prendre ensuite le petit-déjeuner avec la délégation. Je m'occupe après des tâches administratives ou des petits problèmes courants à résoudre. Il faut aussi répondre aux questions et aux besoins des entraîneurs et des sportifs. J'assiste bien sûr aux compétitions des sportifs de la principauté. »
Premier levé et dernier couché. « Il y a très peu de temps pour soi. »
Ayant connu les villages olympiques des grands Jeux, il reconnaît que « les subtilités sont dans les détails ici : c'est comme un grand jeu de pistes, où il faut rapidement repérer les lieux, et savoir où trouver les bonnes personnes. »
Patience, volonté, tact, un peu de perspicacité, d'adaptation et de débrouillardise sont les maîtres mots.
Laisser les jeunes s'approprier les Jeux
Son regard brille quand il voit « nos jeunes athlètes émerveillés quand ils font leur entrée au village. Ils prennent conscience de ce qu'ils vont vivre. »
Un rôle de grand frère (« Je leur ai dit ce que les Jeux avaient à leur offrir, en plus de la compétition sportive »), sans jamais se mettre en avant : « Je n'aime pas parler de mon expérience. Je reste discret là dessus. Je préfère leur poser des questions, les écouter et recueillir leurs impressions. Rien de plus agréable que de voir les jeunes (et leurs entraîneurs) s'approprier les Jeux et en parler avec enthousiasme. »
L'image de Monaco ? « Toujours excellente. Nos délégations bénéficient toujours d'une aura positive qui attire la sympathie et le soutien des gens, organisateurs, bénévoles ou même simple passants. La présence et l'implication du prince Albert II au sein du mouvement sportif et olympique n'y sont pas pour rien. C'est avant tout grâce à lui que nous pouvons vivre ces moments-là et il va de la responsabilité de chacun de toujours bien se comporter, tant dans la compétition qu'en dehors. »
Mathias Raymond, chef de mission heureux au final ? « Je serai heureux et surtout soulagé quand tout le monde sera rentré chez soi en bonne santé et content de l'expérience qu'il aura vécu. Ce sera alors pour moi une mission réussie. »
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