Liberté, je danse ton nom

Katrin Schrader, 19 ans, est la nouvelle recrue des Ballets de Monte-Carlo. Formée à l'Académie Princesse-Grace, son envie de danser n'a d'égale que sa volonté d'atteindre le pas parfait

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Benoît Piraux Publié le 23/07/2016 à 05:04, mis à jour le 23/07/2016 à 05:04
Katrin Schrader a rejoint les Ballets de Monte-Carlo le 30 juin, après quatre ans de formation à l'Académie Princesse-Grace.
Katrin Schrader a rejoint les Ballets de Monte-Carlo le 30 juin, après quatre ans de formation à l'Académie Princesse-Grace. Michael Alesi

Comme beaucoup de petites filles, maman m'a amenée à un cours de danse… Et je suis tombée amoureuse. » Katrin Schrader, 19 ans, fouille dans ses souvenirs. La petite fille a fait du chemin, depuis. Formée à l'Académie Princesse-Grace, elle vient d'être recrutée par les Ballets de Monte-Carlo.

D'une démarche légère, Katrin déplace sa svelte stature dans l'atelier des ballets, à Beausoleil, là où se cousent les costumes de scène, où la danse est reine et les pointes s'enchaînent. Une deuxième maison pour les 50 danseurs de la compagnie, venus de tous les coins du monde.

« Je peux le faire »

Katrin Schrader est née à Bruxelles. Sa première expérience dansante ? Le music-hall à l'école de Joëlle Morane. S'ensuivent, jusqu'à son adolescence, de nombreux spectacles, émissions télévisées et même le tournage d'un clip de Lara Fabian. D'une à deux heures par semaine, elle est rapidement passée à plus d'une douzaine.

À 13 ans, son style aérien et sa grâce naturelle sont remarqués à Paris, lors du Youth American Grand Prix qu'elle remporte haut la jambe. « Je savais que je voulais devenir danseuse, mais ce prix m'a donné la reconnaissance et la motivation nécessaires pour me dire : je peux le faire. »

Bac mention très bien

L'étape suivante dans son ambition ? « Rentrer dans une école reconnue et faire mes armes. » L'Académie Princesse-Grace, dirigée par Luca Masala, lui ouvre ses portes. Katrin y trouve un studio de répétitions, une école de danse mais aussi un internat et un lieu de vie. La jeune adolescente germano-belge débarque alors à Monaco, sur la pointe des pieds, en compagnie de quarante jeunes prodiges.

« Je quittais ma famille mais je me rapprochais de mon rêve. Après quatre ans, l'Académie est devenue un second foyer », confie-t-elle, encore rêveuse de ces années.

En complément d'une éducation complète sur l'art de la pirouette, des variations, du flamenco ou des pas de deux, Katrin a reçu une éducation scolaire complète. Par correspondance via le Cned, mais aussi grâce à des cours particuliers, elle décrochera en 2015 son baccalauréat mention très bien. Une prouesse inégalée depuis vingt ans à l'école de danse de la Principauté.

« Esprit de famille »

« Chacune des quatre années de formation était une remise en question. En danse, rien n'est jamais parfait, il faut toujours progresser. »

Cette reine de la pirouette et des tours a dû redoubler d'efforts par rapport à sa taille - 1,77 m s'il vous plaît. « J'ai mis du temps à accepter d'être grande, mais aujourd'hui je suis contente de ma morphologie et de ce que mon corps me permet d'accomplir ! »

Il y a quelques mois, Katrin a envoyé de nombreux CV, photos et vidéos à des compagnies prestigieuses comme l'Opernhaus de Zürich ou le Scottish Ballet. Mais ce sont les Ballets de Monte-Carlo qui ont remporté le cœur et le talent de la danseuse, l'unique élue cette année. « Je suis rentrée le 30 juin. Autrement dit, le lendemain de ma remise de diplôme, je dansais déjà ! » s'extasie-t-elle.

Son baptême ? Une tournée en Allemagne où elle a pu danser avec le corps de ballet. « Les filles de la compagnie se sont très bien occupées de moi. Tout le monde m'aide puis mon arrivée. Comme à l'Académie, l'esprit de famille est très important ici. Cela dit, une compagnie demande aussi beaucoup d'autonomie, il faut continuer à se former et ne pas se laisser aller. »

Carpe diem

Beauté de porcelaine, la maturité de la danseuse n'est trahie que par un visage encore poupon et de grands yeux ouverts sur le monde. Elle fait pourtant partie, depuis un mois, de l'élite mondiale des danseurs. Et travailler sous l'artistique égide de Jean-Christophe Maillot, chorégraphe-directeur des Ballets de Monte-Carlo, est un honneur pour la jeune fille. « Tout, dans son répertoire, m'évoque de fortes émotions. Son style dynamique et vif demande beaucoup de personnalité. Il faut que les sentiments soient réels, qu'il y ait du cœur. Avec Jean-Christophe Maillot, il faut aussi être acteur. Cette exigence me donne envie de me donner à fond. »

Prochain challenge pour elle : danser dans son ballet préféré de Jean-Christophe Maillot, Roméo et Juliette, du 28 au 30 juillet à l'Opéra de Monte-Carlo.

Quand elle imagine sa vie sans danser, Katrin se perd en lyrisme. « Je suis dans un univers que je n'ai pas envie de quitter. Quand je danse, je ne pense à rien, demain n'existe plus. Pendant une heure et demie, je deviens quelqu'un d'autre. » Un dédoublement de personnalité, le fameux duel intérieur du cygne noir et du cygne blanc ? Nenni. « La danse est un moment de bonheur. J'y trouve une liberté totale. »

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