Contrairement à la nature, les grimpeurs n'ont, eux, pas horreur du vide.
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Publié le 28/06/2018 à 05:17, mis à jour le 28/06/2018 à 05:17
à Tende, Les Hérétiques ne sont accessibles qu'en partie. Selon les professionnels, réparer le tronçon fermé n'aurait pas un coût exorbitant.
Contrairement à la nature, les grimpeurs n'ont, eux, pas horreur du vide. En revanche, ils ne supportent pas de trouver porte close.
Cette mésaventure, ils sont nombreux à l'avoir vécue sur la Côte d'Azur. « Chaque semaine, on voit revenir des clients qui, faute d'information ou de certitudes, n'ont pas pu faire leur sortie. Ils sont assez remontés. Ce n'est pas un bon signal pour ceux qui viennent de Marseille, de Toulon... Et c'est un problème pour notre profession », confirme Jean-Pierre Olivier, guide de canyon et gérant du magasin Rac à Plan-du-Var.
Bertrand Brouta, guide de haute-montagne chez Altitude 06, relève un paradoxe : « Le Département continue de publier des brochures sur les randonnées, le canyoning... et les ferrata. Or ces observations sont obsolètes ! »
En réalité, les guides Randoxygène ne sont désormais plus diffusés qu'en ligne. Les fermetures y sont indiquées. Encore faut-il les voir... Et les exemplaires papier restent en circulation. Ces quiproquos « pénalisent les professionnels, les gens de la région et les touristes, estime Bertrand Brouta. C'est terrible pour l'image du département. Nous, on vit du tourisme, on n'a pas de pétrôle ! Il y a un désintérêt pour le haut-pays. »
Désintérêt, vraiment ? Du moins, manque d'entrain.
à l'image de la via ferrata de Tende. De l'avis des guides, restaurer la seconde partie de l'itinéraire n'impliquerait pas un coût exorbitant. Mais en règle générale, Bertrand Brouta « ne sent pas de volonté politique. On a des ferrata en place, payées, qui font tourner l'économie... et qui sont fermées. On a tout ici, et on fait les enfants gâtés ! »
Pascal Clémenti, gérant d'Odyssée aventure, est plus nuancé. « Je me mets à la place des maires... Aujourd'hui, ils sont mis en examen pour tout et n'importe quoi. ça explique leur frilosité face à ces responsabilités. C'est pourquoi il faut démystifier les via ferrata. »
Pierrot Fiorucci dresse un constat similaire. Pour le président de la Compagnie des guides du Mercantour, les maires, « dès lors qu'ils n'ont pas la sensibilité pour ça, font fermer. Ils craignent que des gens non préparés viennent pratiquer. Souvent, on interdit par ignorance. »
La « randonnée du vertige », comme il l'appelle, Pierrot Fiorucci connaît. En 1996, il a inauguré la première via ferrata des Alpes-Maritimes, à la Colmiane. « C'est mon bébé, mon jardin. Je l'entretiens avec amour. » Avec sa société de travaux acrobatiques, il assure la maintenance de cette via - « l'exemple type d'une structure qui fonctionne bien ».
Cette via ferrata est gérée par le syndicat mixte Vésubie-Valdeblore, qui a pris la suite de la SEM des cimes du Mercantour. Certes, elle n'enregistre plus 12 000 visites par an comme à ses débuts. Mais elle ouvre de mars à novembre.
Pour Jean-Pierre Olivier, « il n'y a pas de désintérêt de la part de la clientèle ». Juste un problème d'offre réduite dans les A.-M. D'où cette suggestion de Bertrand Brouta : et si le Département reprenait la gestion des via ferrata ?
Tel est déjà le cas pour les sentiers de randonnée. Pour les canyons, le conseil départemental s'appuie sur la Fédération française montagne et escalade (FFME) - « et ça marche très bien ! » Sauf que le Département ne semble pas prêt à franchir le pas (lire ci-dessous). Quel que soit le remède, Pascal Clémenti invite à « garder à l'esprit que les via ferrata sont un atout touristique. C'est plusieurs centaines de personnes par semaine, soit autant de sandwiches et de boissons achetés sur place. à l'échelle du département, c'est peu... Mais pour les petits villages, ce n'est pas rien ! »
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