Sur la Côte d'Azur, Michel Ocelot est chez lui. Et le cinéaste, originaire de Villefranche-sur-Mer, est venu cette semaine à la rencontre de son public. « C'est quelque chose qui me plaît, je parle avec les gens pour lesquels je travaille. Avec les enfants, c'est vivifiant. C'est comme une fontaine de jouvence », confie-t-il, des étoiles plein les yeux.
Mardi et hier, ce sont les écoliers de toutes les écoles de Monaco qui ont pu échanger avec lui après la projection du film Kirikou et la sorcière. Un détail qui l'amuse beaucoup : « C'est la première fois que je fais toutes les écoles d'un pays ! ».
La sincérité toute nue
Au Théâtre des Variétés ce lundi, les enfants ne cachent pas leur enthousiasme. Pourtant, cette année, Kirikou a 20 ans. La plupart des enfants le connaissent déjà, mais ils l'adorent. D'après le cinéaste, c'est parce que le petit bonhomme, qui se balade toujours tout nu, est sincère avec eux : « Le monde entier est formaté pour bouffer de l'américain, à le comprendre, à le vouloir. De l'Amérique, il arrive de très bonnes choses, des films très sincères. Mais le plus gros, c'est des machines très bien conçues, mais dénuées d'humanité. Avec Kirikou, soudain, il y a un brave type qui dit tout et qui ne se moque pas d'eux. »
En clair, Michel Ocelot n'a pas de service marketing à ses côtés pour concevoir ses histoires. Ses films sont encore des œuvres.
Et la sincérité de Kirikou se retrouve dans ce que l'être humain a de plus élémentaire : le corps. « C'était un hommage à rendre à l'Afrique, où j'ai passé une enfance parfaitement heureuse. Quand j'étais petit, là-bas, avoir un corps n'était pas grave. On savait à peu près comment on faisait les bébés et comment ils sortaient. Les femmes étaient torses nus en ville, et dans les fêtes, elles étaient éblouissantes. C'est probablement elles qui m'ont donné le goût de la couleur. »
Sauver les femmes
Des couleurs que l'on retrouve dans son nouveau film, Dilili à Paris, sorti en octobre, et projeté à Beaulieu en présence du cinéaste mardi soir.
Dans cette œuvre féministe, des sales types peu recommandables, les « Mâles maîtres », s'en prennent aux petites filles dans le Paris du début du XXe siècle. Le sujet est grave : Michel Ocelot veut alerter sur la condition des femmes : « Ces cinquante dernières années, il y a eu plus de femmes tuées dans la vie ordinaire, que dans toutes les guerres du XXe siècle. Il faut le dire, et il faut que ça s'arrête. »
Pour autant, pas question que le film verse dans le sordide : Dilili, une enfant kanake, est lumineuse et sincèrement. Emerveillée de rencontrer une pléiade de célébrités de l'époque, de Proust à Pasteur en passant par Édouard VII et Toulouse Lautrec, qui l'aident à résoudre l'énigme des disparitions.
Selon Ocelot, « Dilili a en commun avec Kirikou une grande honnêteté et un grand sérieux. » Deux caractéristiques simples mais efficaces, pour s'adresser aux enfants, qui comprennent bien mieux quand on ne se paie pas leur tête.
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