"Le retour de cet objet chez nous est plein de sens": ce rare sceptre impérial revient en Italie après sa vente aux enchères à Monaco

Vendu pour la somme de 120.000 euros, le sceptre impérial de Charlotte du Mexique se trouve désormais en Italie. Il sera exposé à Trieste, lieu qu’affectionnait particulièrement l’Impératrice.

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Anne-Sophie Coursier Publié le 18/09/2023 à 09:04, mis à jour le 18/09/2023 à 09:04
Ce signe de pouvoir suprême mis aux enchères le 18 juillet provenait directement des descendants de la famille Goffinet. Photo Jean-François Ottonello

Le sceptre de l’impératrice Charlotte du Mexique mis aux enchères en Principauté par l’Hôtel des ventes de Monte-Carlo (HVMC) le 18 juillet dernier n’est pas passé inaperçu.

Il faut dire que ce petit bijou offre à lui seul un bel aperçu de l’histoire européenne et mexicaine au XIXe siècle comme de celle de sa principale détentrice.

Rien d’étonnant donc qu’il est retenu toute l’attention de la Fondation CRTrieste qui ne s’y est pas trompée en emportant cette jolie pièce pour la somme de 120.000 euros.

Dans son écrin d’origine

Cette opération, d’envergure internationale, permet de ramener en Italie cet objet qui, après être arrivé en Europe, était entré en possession de Léopold II, roi de Belgique, et frère de Charlotte.

Ce dernier en avait fait don au baron Adrien Goffinet, un proche de la famille, devenu secrétaire des commandants du roi et de la reine de Belgique, en signe de gratitude pour ses bons et loyaux services. L’objet était depuis transmis de père en fils.

Rappelons que la fille chérie de Léopold Ier, roi des Belges, Charlotte de Belgique, promise dès sa naissance à un brillant avenir, devient impératrice du Mexique aux côtés de son mari Maximilien d’Autriche en 1863.

C’est à cette occasion qu’elle entre en possession de ce bâton de commandement spécialement conçu pour elle, signe d’autorité suprême.

Une splendide pièce

Il s’agit là d’une magnifique pièce de 34 centimètres en or 24 carats, finement ciselée, parsemée de diamants, rubis et émeraude et doté de perles. Le sceptre est sommé d’une couronne impériale ajourée de fils d’or, de perles et d’aigles aux ailes déployées.

Le détail qui a la plus grande valeur historique est sans doute la présence, sous le ruban portant l’inscription "San Juan del Rio 1864", du monogramme de l’Empire mexicain voulu par Maximilien. Le sceptre a été conservé dans son écrin d’origine.

"Le retour de cet objet en Italie est plein de sens, éclaire Franck Baille, directeur de HVMC. L’histoire tragique de Maximilien assassiné par les insurgés et le retour en urgence de l’Impératrice en Europe, et notamment en Italie où elle était particulièrement attachée à l’une de ses résidences, le château Miramare. Nous pensons qu’il est légitime que ce sceptre revienne à la Fondation."

Exposé au public au cœur du château

Franck Baille est rejoint en ce sens par Massimo Paniccia, président de la Fondation CRTrieste, qui s’est exprimé voici quelques semaines dans la presse italienne.

"Grâce à la recommandation de la direction du musée historique et du Parc du Château de Miramare, nous avons pu participer à la vente aux enchères de ce précieux sceptre qui a un lien profond avec notre territoire." 

Pour Andreina Contessa, directrice du musée historique et du Parc du Château de Miramare, cette démarche est tout aussi essentielle.

"Ce joyau représente un moment important dans l’histoire publique du couple archiducal qui a fondé le Château de Miramare." Et qui avait choisi Trieste comme leur demeure préférée.

Grâce à l’intervention de la Fondation CRTrieste, le sceptre sera donc prêté au musée historique du Château de Miramare à Trieste où il sera présenté au public.

Ce sceptre enrichira ainsi le patrimoine culturel et artistique déjà remarquable du château de Miramare. Il donnera aussi une raison supplémentaire de le visiter.

Son histoire

Malgré la brièveté de son règne - deux ans - l’Impératrice rentre dans la légende de l’histoire du Mexique. Elle se distingue par son dévouement constant à la cause du pays et par son intelligence, faisant d’elle, selon certains historiens, "LA" Carlota, figure incontournable au Mexique.

L’Impératrice Charlotte du Mexique assure pendant son règne le conseil des ministres et agit comme régente en l’absence de son mari. Mais rapidement, l’aventure mexicaine tourne au cauchemar face à la montée des insurgés.

Abandonnée par les puissances européennes, Charlotte rentrera en Europe pour demander de l’aide à Napoléon III et au pape Pie IX. En vain. En 1867, Maximilien est exécuté. Fin de règne pour Charlotte. Son frère, Léopold II, devenu roi de Belgique après la mort de leur père, souhaite en urgence la rapatrier en toute sécurité. Pour cela, il s’appuie sur Adrien Goffinet, un proche de la famille, devenu secrétaire des commandants du roi et de la reine de Belgique.

Pour le remercier d’avoir protégé sa sœur et pour les bons et loyaux services rendus, Léopold II lui remet alors en cadeau le sceptre de sa sœur qui ira se reposer notamment en Italie, dans son château de Miramare, lieu auquel Charlotte de Belgique était particulièrement attachée.

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