Des joueurs, il y en a eu des millions qui sont passés par le Casino de Monte-Carlo. Celui-là, pourtant, n'était jamais venu : c'est Le Joueur de Prokofiev. On l'a vu vendredi soir pour la première fois. Et il a gagné sur toute la ligne. Il a fait sauter la banque.
Le Joueur en question est un opéra que Prokofiev composa en s'inspirant d'un roman de Dostoïevski. Il n'a jamais été représenté en Principauté.
Jean-Louis Grinda, directeur de l'Opéra de Monte-Carlo, a eu la main heureuse en nous le faisant découvrir.
Il l'a mis en scène lui-même avec brio, classe et habileté, dans des décors et costumes de luxe. À la fin du spectacle, il fait tourner une roulette géante sur toute la surface de la scène, dans laquelle le joueur peut noyer son vice comme dans une piscine.
Magnifique spectacle ! La musique, aux harmonies modernes, est riche, fluide, alerte. La distribution est d'une qualité internationale du premier au dernier rôle. Dans les premiers il y a un excellent ténor, Micha Didyk, dont l'or de la voix vaut bien plus qu'un monceau de jetons sur les tapis verts. Il y a aussi la basse Dmitri Oulianov (le Général), la soprano Oksana Dyka et, bien sûr, la mezzo Ewa Podles. L'arrivée en scène de cette cantatrice incarnant une grand-mère esclave du jeu est époustouflante.
Le chœur est très bon. Le chef Mikhail Tatarnikov met le feu à l'orchestre. Il n'y a pas de doute, il s'est pris au jeu. Oh, le beau Joueur.
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