Le jeudi noir des bouchons mobilise les politiques Basculer doucement vers un autre mode de mobilité

Une conjugaison d’événements a paralysé totalement la circulation le 25 avril. Les réactions n’ont pas tardé ; d’abord chez Primo!. Le gouvernement a pris des mesures exceptionnelles

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Joëlle Deviras Publié le 04/05/2019 à 10:19, mis à jour le 04/05/2019 à 10:19
Dylan Meiffret

Des files interminables de voitures stoppées sur les principaux axes de circulation et plus aucune solution, sinon se résigner à prendre une heure de son temps pour quelques centaines de mètres seulement. Jeudi 25 avril, Monaco était à son paroxysme. « Un enfer ! », lâchaient les conducteurs.

Dès le lendemain, les élus nationaux Primo! réagissaient via les réseaux sociaux : « La situation du trafic routier en Principauté est devenue insupportable pour tous, avec une paralysie routière de plus en plus fréquente, y compris en dehors d’événements de grande ampleur. Si certains aléas, comme le récent éboulement aux portes de Monaco, peuvent être compréhensibles, d’autres en revanche sont de toute évidence la conséquence d’un défaut de planification des travaux de voirie, mal gérés et mal coordonnés. Après l'obtention par le Conseil national d'une véritable réglementation concernant les chantiers de construction (interdiction des travaux la nuit et les week-ends, réduction des nuisances sonores…), l'Assemblée demande au Gouvernement des mesures concrètes et urgentes, enfin perceptibles par tous. »

Dans le même temps, une lettre de Stéphane Valeri, président du Conseil national, était adressée au ministre d’État Serge Telle. « (...) Nous constatons que de trop nombreux travaux de voirie impactent fortement la fluidité du trafic et que d’innombrables points de blocage ont, ces derniers jours, mené à des situations de paralysie totale, parfaitement incompréhensibles pour les usagers, Monégasques, résidents et salariés. »

Les élus de la Majorité ont demandé au gouvernement des mesures urgentes. Cela n’a pas tardé.

Mais l’accumulation des chantiers, pour lesquels les élus de la Minorité Union Monégasque sont également très sévères, ne saurait être la seule cause de ce jeudi noir (lire ci-contre).

Quatre heures de paralysie totale

Hier, le Ministre d’État en personne s’est rendu au Centre Intégré de la Gestion de la Mobilité (CIGM) pour constater le travail fait sur place par les dix-neuf fonctionnaires qui œuvrent dans un service qui fonctionne 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. « Avec un flux de 110 000 véhicules par jour, la circulation en Principauté est un équilibre fragile. Dès qu’un événement intervient sur les voies d’accès à Monaco [ici, l’éboulement sur la Moyenne corniche, ndlr], celui-ci a rapidement un impact sur la fluidité du trafic », a souligné Serge Telle.

Jean-Luc Puyo, directeur de l’Aménagement Urbain, insiste sur le caractère tout à fait exceptionnel de la situation du 25 avril. « C’était la première fois ! Il y a eu une conjonction d’événements qui a bloqué la circulation de 16 heures à 20 h 15. »

Alors, pour éviter de revivre pareille paralysie, des mesures concrètes et aussitôt mises en place ont été prises par le gouvernement.

Plusieurs événements concomitants ont fortement perturbé la circulation la semaine dernière, et notamment ce fichu jeudi 25 avril :

l’effondrement du mur de soutènement sur la Moyenne corniche, qui a entraîné la fermeture de cet axe de circulation important entre Nice et Menton au moins jusqu’au 10 mai, avec ensuite une mise en alternat de plusieurs mois (décision et gestion par les autorités françaises). Les véhicules (voitures et camions) qui ne traversaient pas la Principauté y ont été contraints, avec une augmentation du trafic liée à cet événement de 10 %.

les installations du Grand Prix ;

un véhicule en feu dans le tunnel de l’A500 qui a été fermé ;

un camion bloqué dans la liaison Marquet qui a été fermée ;

les vacances scolaires en France et deux jours de congés en Italie (afflux de touristes) ;

la pluie.

Le gouvernement a déployé force et énergie pour montrer sa mobilisation dans la résolution de l’équation complexe qui mêle développement économique tous azimuts, faits divers et utilisation de la voiture comme premier moyen de circulation.

Pas facile d’admettre que les moyens sont là quand on est bloqué dans les bouchons. Pourtant, il faut bien admettre que les hauts fonctionnaires et ceux du Centre Intégré de la Gestion de la Mobilité (CIGM), piloté par Stéphane Porcu, chef de bureau responsable d’exploitation, montrent de la détermination. Devant les images retransmises par quelque 200 caméras réparties en ville, tout le monde traque l’incident.

« On prend la main plusieurs fois par jour sur la synchronisation des feux notamment. Ceci en plus des cent quarante “boucles” installées en ville qui mesurent l’état de la circulation et adapte la fréquence des feux automatiquement. Nous gérons également les tunnels. »

D’ici deux ans, le CIGM disposera d’un nouveau système informatique pour optimiser plus encore les flux de véhicules et détecter les accidents.

Mais l’utilisation de la voiture a forcément ses limites. Aussi, l’État veut-il encourager une mobilité douce ainsi que le recours aux transports en commun. Il annonce ainsi « le lancement d’une réflexion sur la tarification des parkings afin d’inciter les résidents à moins utiliser leur véhicule. Celle-ci viendrait compléter le tarif “petits rouleurs” déjà en vigueur dans les parkings publics (abonnement jour/nuit à 93 euros au lieu de 103 € dans les parkings publics si le véhicule effectue moins de 15 passages dans le mois). »

Ces mesures viendront renforcer celles déjà existantes sur le réseau de la CAM, qui propose des tarifs préférentiels avec notamment une carte à 10 euros pour les abonnés des parkings publics et domaniaux, la gratuité pour les seniors, dix euros l’année pour les scolaires et l’existence d’un Pass journalier à 5,50 euros. Notons toutefois que le prix du simple ticket de bus a basculé d’un à deux euros en 2012… Une augmentation qui n’a pas été du goût de tous à l’époque où la préoccupation environnementale était déjà forte.

Par ailleurs, le Gouvernement annonce le déploiement, dès juillet, d’une nouvelle flotte de vélos à assistance électrique et de nouvelles stations (35 stations, dont 3 à Beausoleil, et 290 vélos) plus simples à utiliser (application dédiée, possibilité de payer par carte et tarifs spécifiques pour les utilisations occasionnelles au trajet à la journée ou à la semaine).

Le 26 avril, le président du Conseil national, Stéphane Valeri, et le président de la Commission Environnement et Qualité de vie, Guillaune Rose, écrivaient au Ministre d’État pour l’alerter sur une situation qui « se dégrade de jour en jour ».

Après avoir listé les chantiers qui entravent partiellement la voie publique dans les différents publics, les deux élus soulignent : « Il nous apparaît indispensable que des mesures soient adoptées de toute urgence concernant les travaux de voirie, qui devraient être immédiatement encadrés et faire enfin l’objet d’une réelle coordination. En effet, il importe de remédier, dans les meilleurs délais, à la situation actuelle qui se révèle inacceptable par les contraintes qu’elle impose aux résidents de la Principauté. » Exceptions et dérogations

La Majorité du Conseil national promet, quant à elle, bientôt des solutions. « Le Conseil national et sa Commission Environnement et Qualité de Vie seront, dans les prochaines semaines, force de proposition pour contribuer activement à la mise en place d’un dispositif global de mesures indispensables et complémentaires. Toutes les solutions, y compris législatives si nécessaire, seront étudiées. L’exaspération de la population contre la dégradation de la situation est de plus en plus forte. Nous attendons donc, au-delà d’explications techniques, des décisions rapides et perceptibles par tous. »

De son côté, Union Monégasque, représenté par l’unique élu Jean-Louis Grinda, a publié un communiqué de presse et note que « Primo! semble redécouvrir les nuisances des chantiers alors qu’il adoptait à l’unanimité il y a un peu plus de quatre mois le chapitre budgétaire présenté par le Gouvernement sur les travaux publics. Le 17 décembre dernier, Jean-Louis Grinda avait alors été le seul conseiller national à ne pas voter ce chapitre lors des séances budgétaires, en dénonçant les arrêtés ministériels relatifs à l’encadrement des chantiers qui prévoyaient un trop grand nombre d’exceptions et de dérogations. »

Si ce dossier autour de la circulation et des travaux a fait grand bruit au sein du Conseil national et du Gouvernement, Horizon Monaco, n’a eu, quant à lui, aucune position publique.

Alors que le Centre Intégré de la Gestion de la Mobilité optimise les flux autant qu’il peut, le gouvernement veut trouver des solutions de déplacement alternatives, notamment pour limiter l’impact d’événements exceptionnels tel que l’éboulement sur la Moyenne Corniche la semaine dernière.
Alors que le Centre Intégré de la Gestion de la Mobilité optimise les flux autant qu’il peut, le gouvernement veut trouver des solutions de déplacement alternatives, notamment pour limiter l’impact d’événements exceptionnels tel que l’éboulement sur la Moyenne Corniche la semaine dernière. Dylan Meiffret et Sébastien Botella.

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