L'être humain sait marcher, sauter et nager. Rien de bien révolutionnaire dans cette affirmation, me direz-vous. Mais il est incapable, anatomiquement parlant, de voler et d'apprivoiser les airs. De tout temps, il a tenté de flirter de très près avec le soleil. Souvenez-vous de la funeste légende d'Icare et de ses ailes en cire et plumes. Et puis, l'homme a usé d'ingéniosité, a repoussé les limites technologiques pour devenir maître du ciel.
On connaissait le flyboard ou même l'hoverboard tout droit sorti de la trilogie de Retour vers le futur. Dernière invention en date : le jetpack qui ferait presque passer ses deux « cousins » pour des has-been.
En caricaturant, on décrirait l'appareil de la sorte : un sac à dos équipé de deux buses d'où sortent deux jets d'eau surpuissants. Lesquels permettent de se hisser sans peine à plusieurs mètres de hauteur.
Les bras qui dirigent
Rendez-vous est pris chez SkiVol Watersport Monaco, la seule société en Principauté, à notre connaissance, à avoir commandé la bête mécanique à son créateur Franky Zapata. Installée au Larvotto, elle a été délogée le temps du chantier de l'extension en mer. C'est donc du Méridien Beach Plaza que nous prenons le large. Hors des réserves naturelles du secteur, pour préserver la faune et flore marines.
Morgan, notre coach d'un jour, s'adonne à une petite démonstration. En un rien de temps, il s'extirpe de la Grande Bleue et multiplie les cabrioles en s'aidant des manettes. Les virages serrés. Presque trop facile, me dis-je. Où est le piège ? Sa dextérité force le respect et, en bon élève, je m'imagine déjà imiter le maître.
« Cela n'a rien à voir avec le flyboard où l'on utilise les jambes. Là, ce sont les bras qui travaillent, me prévient-il. La machine est très sensible. Pour monter haut, cela dépend de la météo, de la puissance du jet-ski et du poids de la personne. »
Temps ? Ciel bleu azur. Et ce bon vieil Eole qui n'est pas de sortie.
Puissance du scooter des mers ? 180 chevaux sous le capot.
Poids ? Sans commentaire. Les agapes enfilées la veille au soir auront-elles raison de ma performance du jour ?
« Des gestes doux »
J'enfile la combi puis prends place sur l'assise du jetpack. Avant d'être solidement harnaché. Sur le jet-ski, Morgan met les gaz pour envoyer l'eau jusqu'aux buses via un tuyau rouge de vingt mètres. Le plus délicat ? Sortir de l'eau, tout simplement. Une résistance sur le corps me contraint à avoir la tête immergée pendant deux petites (ou longues) secondes avant de se sentir décoller. « Garde les deux mains sur les manettes au même niveau pour trouver ton équilibre. N'oublie pas d'avoir des gestes doux », conseille Morgan. Autant dire que ce sera tout l'inverse. La machine répond au quart de tour. Un mouvement brusque équivaut littéralement à une gamelle épique, voire à un plat monumental. La position du corps est primordiale. La sérénité affichée, aussi. Les yeux doivent être dirigés vers l'horizon lointain.
Alors, on essaye encore et encore… Jusqu'à appliquer les consignes de l'expert à la lettre. Et se sentir voler. Un mètre, deux mètres tout au plus personnellement. Mais une sensation de liberté, de plénitude, de privilégié. « Un pratiquant débutant peut aller jusqu'à cinq mètres. Les têtes brûlées, encore plus haut », sourit Morgan. Au gré des minutes, les courbes se font moins brusques. Et l'on se prend même à avancer sur la longueur tout en prenant de la hauteur. Alors, on prend confiance. Avant de s'écraser ridiculement dans la mer.
Les trente minutes s'achèvent. Un poil frustrant alors qu'on apprivoise tout juste l'appareil. Une deuxième session ne serait pas de trop.
Pour cela, comptez 150 euros de plus pour une demi-heure supplémentaire.
Voler, ça a un prix.
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