Le Jardin japonais est une parenthèse. Un lieu en décalage avec le reste de Monaco. Une bulle dans laquelle on peut s'évader un peu vers les paysages légendaires du Pays du Soleil levant.
Pour quiconque connaît bien ce pays, la balade évoque un parfum de douce nostalgie. D'autant plus lorsqu'on est accompagné de Maître Yasue Beppu, le créateur de ce lieu de magie. La semaine dernière, le grand maître était présent avec son fils Hisanobu Beppu, pour leur visite annuelle.
Et dans le cadre des célébrations de l'anniversaire du restaurant japonais le Yoshi, l'hôtel Métropole a offert à deux clientes, et à notre rédaction, la possibilité de partager un moment avec les deux hommes qui sont à l'origine de ce lieu.
Maître Beppu a aujourd'hui 91 ans. Il ne se départit plus de sa canne, pas plus que de sa trousse à outils, attachée à sa ceinture.
Les yeux pétillants de malice, et un sourire attendri, le vénérable disciple de la nature est satisfait de la tournure qu'a pris cet espace : « Quand j'ai conçu le jardin, je savais que j'avais la contrainte du poids à cause du parking en dessous. Il fallait faire attention à tout, avec les rochers de la cascade, le lac… je n'aurais pas pensé que les arbres se développent aussi bien. Je suis vraiment heureux du résultat. »
Pour obtenir ce résultat, il a donné des consignes particulières : « J'ai demandé que les arbres soient taillés de façon à ce qu'ils restent petits. Et cela contient aussi les racines. »
Pour respecter la nature, Maître Beppu a travaillé avec des essences d'arbres très inhabituelles pour un tel jardin. Ainsi, côté Forum, les pins d'Alep situés sur la droite sont une belle surprise pour lui : « Ils se sont très bien adaptés à la taille que les jardiniers leur ont donnée. Je suis très content du résultat. » Le maître ne tarit d'ailleurs pas d'éloge sur le travail des jardiniers de l'État.
Union des cultures
Un peu plus loin, près de la cascade, l'un de ses endroits favori : l'olivier. « Tout le jardin a été conçu autour de cet arbre. Il a plus de deux cents ans, et il a été déterré lors d'un chantier qui avait lieu pas loin d'ici. Pour nous, les arbres ont une âme. Il était totalement exclu de ne pas l'honorer. »
S'il n'y a habituellement jamais d'olivier dans un jardin japonais, celui-ci en est le cœur. La preuve que deux cultures peuvent produire une superbe harmonie.
Vers l'entrée côté Portier, l'étendue d'eau est traversée par un pont. Il a été construit dans un bois venu du Japon, de très bonne qualité, puisqu'il n'a pas du tout été remplacé.
« Si ce pont n'est pas droit, et s'il n'y a aucune ligne droite dans ce jardin, c'est parce qu'il est à l'image de la vie. Nos vies ne sont pas constituées de lignes droites. Il y a des courbes, des virages. »
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