Le harcèlement scolaire est "une abomination qui se banalise"

L'association des "Rencontres littéraires Fabian Boisson" a réuni quatre intervenants à Monaco pour évoquer cette thématique, qui touche tous les milieux.

Cédric Vérany Publié le 08/10/2018 à 10:00, mis à jour le 08/10/2018 à 08:25
Image d'illustration Photo G.B.-B.

Le harcèlement, "une abomination qui se banalise plus qu'il ne se singularise. Aujourd'hui, il faut en parler pour l'arrêter", assure Yvette Gazza-Cellario, présidente de l'association "Les rencontres littéraires Fabian Boisson", qui organisait mercredi une table ronde réunissant notamment l'auteur Isabelle Sezionale, venue raconter son parcours face à l'inceste dans l'univers familial. Mais aussi l'historien Georges Vigarello. Ainsi qu'Isabelle et Raphaëlle Paolini, une mère et sa fille qui ont écrit à quatre mains l'histoire qui leur est arrivée.

"On ne voit pas la réalité"

En 2004, Raphaëlle alors collégienne est harcelée un mois par ses camarades, dans une des plus élitistes écoles parisiennes. S'ensuivent quatre années de dépression. Quinze ans plus tard, la jeune femme voit progresser les mentalités sur la question. À petits pas.

"Avec l'affaire Weinstein, la parole s'est libérée sur une forme de harcèlement. Mais pas totalement, dans la mesure où il n'y a pas que le harcèlement sexuel. Il y a aussi le harcèlement scolaire dont on parle très peu, qui est très important, qui peut changer la vie d'enfants et d'adolescents". Écho direct à son histoire.

"Une période très courte de harcèlement à cet âge crucial de construction peut occasionner des dommages sur de très longues années", continue sa mère, Isabelle Paolini, journaliste et spécialiste de la communication.

"Aujourd'hui, on parle davantage de harcèlement qu'à l'époque où ma fille a été harcelée, en a été victime, mais ce qui change c'est la façon dont on en parle. On a besoin en tant que parent de savoir comment faire, comment rassurer. Car on ne voit pas la réalité, les enfants ne parlent pas, c'est très rare. Ils s'imaginent mériter ce qu'ils vivent".

En toile de fond pour la maman, le reflet d'une société qui ne tourne pas.

"Si des enfants se mettent à harceler d'autres enfants, c'est qu'il se passe quelque chose dans la société qui l'autorise, une mauvaise transmission de bonnes valeurs. C'est une forme de dévaluation de la vie de l'autre qui fait qu'on s'autorise à martyriser un autre enfant. Cette matière à réflexion, je l'entends assez peu, c'est le cœur du problème".

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