Le festival du cirque démarre aujourd’hui Charlotte et Nicolas, l’enfant du pays en piste
Pléthore d’artistes, dont deux locaux, et d’animaux vont se produire dans l’arène. Au cœur de la ménagerie, on a rencontré ceux qui sont « pour » ou « contre » les animaux dans un cirque
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Thibaut Parat
CEDRIC VERANY
Publié le 17/01/2019 à 15:38, mis à jour le 17/01/2019 à 15:39
Les visiteurs ont pu observer de près les animaux du cirque : chevaux, félins, éléphants et bisons…
En longeant le chapiteau de Fontvieille par la droite, les effluves de crêpes et de pop-corn se marient au doux parfum de la ferme -- façon subtile d’évoquer le purin. Comme un air de campagne dans le territoire surdensifié qu’est Monaco. Hier après-midi, la ménagerie du Festival international du cirque de Monte-Carlo était ouverte au public avant le premier show de sélection de ce soir. Force est de constater que la cage aux lion(ne)s semble l’endroit le plus plébiscité par les visiteurs.
« Si on met les doigts, ils nous croquent direct », lance une petite à ses parents. Par chance, la grande majorité des 26 fauves roupillent. Déjà dans les bras de Morphée depuis un long moment. Seules les baffles surpuissantes sous le chapiteau -- sans doute des répétitions -- réveillent par moment les félins qui daignent alors lever une oreille ou ouvrir un œil. « Ils dorment une bonne partie de la journée. Dans la nature, c’est la même chose, confie l’un des dresseurs. Ils deviennent actifs quand le soleil se couche. »
« Voir ces animaux d’aussi près, ce n’est pas commun. Ils sont de toute beauté », souffle Lucile, venue avec son petit-fils Gaspard, lequel semble avoir jeté son dévolu sur un félin au pelage blanc. A un mètre, seulement. Seul un bout de grillage sépare la « bête » de l’humain.
Gary, étudiant à Monaco, est venu seul. Activiste de la première heure, il veut se rendre compte par lui-même des conditions des animaux en Principauté. Là où de nombreuses villes françaises interdisent purement et simplement les cirques avec les animaux, en Principauté, la princesse Stéphanie persiste et signe (1), assumant sans ambages et tabou ce choix, argumentaire à l’appui. Au grand dam de Gary mais aussi du Collectif animalier du 06 qui prévoit une manifestation ce samedi pour s’y opposer (lire ci-dessous). « Je n’aime pas le cirque, je n’aime pas voir les animaux dans une cage, tout simplement. Les éléphants semblent avoir de la place, je suis content. Mais les chevaux, non... »
Dans leur box respectif, August, Hercules, Malysh et les autres n’attendent que des caresses du public. Des employés s’activent à nettoyer les restes de paille et les déjections. En face, cinq bisons aux poils hirsutes s’amusent sur leur lit de paille. Leur repas de midi, entre autres. « On leur sert aussi des céréales, des carottes, du pain. C’est sensiblement la même nourriture que les chevaux », confie Marcel Krämen, l’homme qui les chouchoute depuis bon nombre d’années.
Près de l’héliport, en bord de mer, les éléphants circulent dans leur parc éphèmère au ralenti. Mangent des branchages à outrance tandis qu’un chien, rikiki, se faufile entre leurs immenses pattes. De loin, les familles immortalisent le moment.
Avant de les admirer en tenue de gala.
Avec une dextérité presque déconcertante, ils tutoient les règles de la gravité et de l’équilibre. À bout de bras, il la porte et elle virevolte, laissant le spectateur entre frisson et admiration.
Charlotte O’Sullivan et Nicolas Jelmoni, engagés dans ce 43e Festival international du cirque, présentent un numéro de main à main. Un duo de participants un peu particulier car Nicolas Jelmoni joue à domicile. Il est le régional de l’étape en Principauté où il est né et où il a grandi jusqu’à sa majorité.
Gamin, il se souvient avoir forgé son goût pour le cirque depuis les gradins du chapiteau de Fontvieille. La discipline, il l’a ensuite acquise dans les clubs sportifs de la Principauté. En gymnastique d’abord. Puis au plongeon. Avant de rejoindre l’École nationale du cirque de Montréal, au Québec.
C’est dans cette école qu’il rencontre la Canadienne Charlotte O’Sullivan qui devient sa partenaire sur scène. Le duo se forme en marge des cours. Diplômés, ils entament une carrière professionnelle commune.
Ils revendiquent d’être des artistes de cirque avant tout. Et fonctionnent comme une petite entreprise. Pas de manager, ils pensent et réalisent leurs numéros à deux, créent les costumes et repoussent toujours un peu plus les limites de leur pratique. Des scènes, Charlotte et Nicolas en ont fait beaucoup. Prenant part aux tournées du Cirque du Soleil, créant l’an dernier un spectacle dans l’esprit cabaret à l’opéra de Sydney en Australie puis à Londres pendant l’été.
Le grand public a aussi découvert leur discipline dans l’émission « La France à un incroyable talent » sur M6 où ils ont été jusqu’en finale au cours de la saison 12. En 2016, ils découvrent une première fois l’entrée des artistes du chapiteau de Fontvieille pour prendre part au festival New Generation. Pas de trophée à la clé, mais le prix du public. Et le souvenir d’une bonne impression. « Nous avons pris le temps de nous améliorer, explique Nicolas. Et ça a été un grand plaisir quand on nous a proposé, à l’hiver 2017, de participer au festival cette année. »
Ils travaillent depuis deux mois sur le numéro qu’ils présenteront ce soir sur la piste monégasque. « Nous voulions un numéro neuf, changer les figures, les musiques avec davantage de danse », décrit Charlotte. Une mise en danger pour le duo, issu de la gymnastique mais qui n’a jamais été formé à la danse.
Pour ce numéro particulier, ils se sont adjoint les services d’une chorégraphe, ancienne lauréate de l’émission « So you think you can dance ? » au Canada.
Autre coup de pouce, celui des ateliers des Ballets de Monte-Carlo qui les ont aidés à affûter leurs costumes. Objectif : sept minutes pour convaincre le jury. Car si professionnellement pour le duo les contrats s’enchaînent, c’est autre chose qu’ils viennent chercher sur la piste de Fontvieille.
« C’est le meilleur festival au monde, qui entretient la culture du cirque traditionnel, le fait de nous inviter prouve une ouverture vers la modernité », avoue Nicolas.
« Quand nous étions étudiants à Montréal à l’École nationale du cirque, jamais nous n’aurions pensé être un jour sélectionnés pour ce festival si particulier », continue Charlotte.
Une étape symbolique dans une carrière qui progresse toujours. Pour combien de temps ? « C’est notre corps qu’il le dira », répondent en chœur les deux athlètes qui sont, pour l’heure, taillés pour la compétition.
Et à respectivement 25 et 27 ans, on peut imaginer qu’ils ont encore le temps avant de faire leurs adieux à la scène.
Cyril Dodergny.Jean-François Ottonello.
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