Pour renverser la vapeur, et ainsi remettre de l’ordre dans la case « qualif’ », un tour en apnée lui aura suffi. Un tour unique. Fantastique. Presque magique. Le dernier de la Q3 du 77e Grand Prix de Monaco.
Seuls les doux rêveurs tombés de la lune cette nuit l’ignorent. Aujourd’hui, Lewis Hamilton est voisin de palier de Juan Manuel Fangio dans les annales de la F1. Assis sur cinq titres suprêmes, le taulier du paddock a un statut à défendre. Pas question que l’on roule trop longtemps sur ses plates-bandes.
Coéquipier inoffensif en 2017 et 2018, Valtteri Bottas vient soudainement de s’affirmer comme le rival numéro 1. Une montée en puissance ponctuée de trois pole positions consécutives conquises par le Finlandais lors des précédentes échéances, à Shanghai, Bakou et Barcelone. Jamais trois sans quatre ? Que nenni !
« La voiture se bonifie ici »
Hier, ce diable de Bottas avait pourtant jailli de sa boîte au moment opportun. Installée en haut de la hiérarchie provisoire après les premiers runs rapides, la Mercedes W10 numéro 77 tenait la corde. Mais c’était sans compter sur le sursaut final de sa sœur jumelle.
44, paire, grise et gagne ! Au bout de son tour de magie, et non de roulette, accompli juste avant le panneau « trop tard », le champion piqué au vif assène sa réponse : 1’10’’166. Boum ! Le record de la piste établi l’an dernier par la Red Bull-Renault de Daniel Ricciardo (1’10’’810) passe de vie à trépas. Vole en éclats. Proprement pulvérisé.
« Pour un pilote, c’est un rêve de cravacher une F1 aussi agréable et équilibrée sur le circuit de Monaco, jubile le sacré poleman. Au fil des ans, la voiture se bonifie ici, je trouve. Là, nous avons su mettre le doigt sur le juste compromis dès jeudi. Ce matin (hier), lors des ultimes essais libres, on a encore peaufiné quelques détails. Bravo à l’équipe qui travaille sans relâche. »
« Comme un rodéo sur un taureau »
Lui qui n’avait connu qu’une fois l’ivresse de la pole monégasque par le passé (voir le chiffre) ne devrait pas oublier de sitôt cet instant hors du temps.
« J’ai puisé plus profond que jamais, insiste d’ailleurs le héros du jour. Flirter avec la limite dans ces rues, vous savez, c’est comme faire un rodéo sur un taureau. Hormis le léger sous-virage à La Rascasse, ce tour était super. Quasi-parfait ! »
Privé de la passe de quatre pour 86 millièmes, Bottas, lui, s’avoue déçu mais pas abattu : « Bien sûr, je visais un peu plus haut. Le trafic et une petite erreur m’ont empêché d’améliorer. Bon, on ne gagne pas de point le samedi. Donc je donnerai le maximum demain (aujourd’hui). Tout reste possible. »
Nul doute que Max Verstappen (Red Bull) et Sebastian Vettel (Ferrari), côte à côte en embuscade sur la 2e ligne, joueront aussi leur chance à fond. Pendant ce temps-là, Charles Leclerc, victime hier d’une énième cagade majuscule des « stratèges » de la Scuderia (voir page suivante) sera englué dans le ventre mou d’une course à domicile qui ne lui sourit pas, décidément.
Une course qui accouchera du sixième doublé Mercedes d’affilée lors de ce printemps à sens unique ?
Seuls Dieu et Sainte-Dévote le savent…
Q3
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