La pop culture japonaise débarque sur le Rocher Des sorcières, guerriers et chevaliers faits maison Concours international de manga, ouvert à tous
Le salon Magic Monaco s’installe au Grimaldi Forum le 7 mars prochain. Au programme de cet événement décalé : concours de manga, de cosplay, conférences et ateliers
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Ludovic Mercier
L.M.Publié le 22/02/2020 à 11:22, mis à jour le 22/02/2020 à 11:22
Les finalistes du concours de cosplay 2019 représentaient une belle palette des différents personnages possibles en la matière.Cyril Dodergny
Si samedi 7 mars vous croisez dans les rues de la Principauté un chevalier aux cheveux violets armé d’une épée géante, ou une sorcière callipyge légèrement vêtue et tatouée des mollets jusqu’aux joues, soyez rassuré : tout est normal. Ce sont des cosplayers, contraction de costume et players : des adultes qui aiment se déguiser en personnages de manga, de jeux vidéo ou de comics. Et s’ils sont là, ce n’est pas par hasard : ils viennent pour le salon Magic Monaco, qui s’installera au Grimaldi Forum. C’est en fait toute la pop culture, en grande partie d’origine japonaise, débarquée dans les années 1980 dans les petites lucarnes françaises, qui se déploiera l’espace de quelques heures dans le centre de congrès de Monaco. « On n’hésite pas à dire qu’on a adoré le Club Dorothée » déclare Cédric Biscay, le dirigeant de l’entreprise organisatrice Shibuya Production, pendant la conférence de presse. Et pour cause : c’est cette émission qui a fait découvrir à la jeunesse francophone les mangas. Et ils en sont tellement fiers, qu’une fois de plus, c’est Jacky, l’inoxydable acolyte de Dorothée qui présentera l’événement.
Invités à la pelle
Pour cette sixième édition, trente-cinq invités prestigieux sont attendus, en tête desquels Yoichi Takahashi, le dessinateur des légendaires Olive et Tom, qui ont fait trembler toute une génération devant des matches aux actions décortiquées dans les moindres détails. Ce sont d’ailleurs les personnages d’Olive et Tom (Captain Tsubasa, en version originale) qui illustrent l’affiche de cette année. Et preuve du succès de Magic Monaco, pour la toute première fois, ils portent des maillots différents de leurs tenues habituelles : le maillot de l’OGC Nice, et le maillot de l’AS Monaco. « Vous savez que la diagonale du maillot de l’ASM est déposée. Mais le club nous a autorisés à l’utiliser pour l’affiche » précise Cédric Biscay.
Autre sport, autre invité : Tadatoshi Fujimaki, auteur de la série Kuroko’s Basket, qui rencontre également un succès important.
De nombreux autres invités sont prévus : Dave Gibbons, dessinateur et scénariste, qui a contribué à Watchmen et Doctor Who Weekly ; William Simpson, storyboarder sur Game of thrones ; Daitaro Nishihara, dessinateur de Blitz, le manga monégasque sur les échecs (édité par Shibuya Production), et qui a contribué aux Pokemons ; ou encore Ayami Kojima, illustratrice et conceptrice artistique qui a travaillé sur le jeu vidéo Castlevania, rare figure féminine de ce milieu.
Autre figure de la pop culture, invité du Magic Monaco : Michael Madsen, acteur habitué des seconds rôles dans les films de Quentin Tarantino, comme Kill Bill ou les Huit Salopards.
Magic Monaco, c’est aussi l’occasion de voir dessiner en live certains artistes présents, de déambuler dans un espace d’exposition, ou d’assister à des conférences.
L’année dernière, l’événement avait attiré 3 000 personnes.
Les événements comme Magic Monaco, où s’expose la pop culture, sont aussi d’excellents vecteurs de la culture traditionnelle japonaise.
C’est souvent par les mangas ou les séries animées que nous avons découvert les nombreux types de kimonos qui existent, ou encore des spécialités culinaires comme les ramens (soupes aux nouilles) ou les okonomyiaki (crêpes au chou garnies).
C’est sans doute à ce titre que le ministre des affaires étrangères japonaises remettra, en ouverture de Magic Monaco, une décoration à Cédric Biscay, le dirigeant de Shibuya Production, organisateur de l’événement.
Magic Monaco génère tant d’intérêt qu’il s’exporte désormais jusque dans la cité impériale de Kyoto ! Le maire de la ville ayant découvert l’événement à la faveur d’un séjour à Monaco, a proposé d’en organiser au pays du Soleil levant. L’année dernière, la princesse impériale Akiko de Mikasa en personne a assisté à Magic Kyoto. En 2020, ce sera la troisième édition de Magic Kyoto, organisé par l’entreprise monégasque Shibuya Production.
Pour la quatrième année consécutive, le salon Magic Monaco c’est aussi l’occasion pour de jeunes créateurs de mangas, de participer au Magic International Manga Contest, organisé par Shibuya Production et Shueisha, maison d’édition japonaise fondée en 1925.
L’objectif est clair : permettre à de jeunes talents d’être découvert par le lectorat français mais aussi japonais.
En effet, l’heureux gagnant, qui sera sélectionné le 7 mars parmi les cinq finalistes, se verra offrir par Shibuya Production un voyage d’un mois au Japon. Un séjour d’immersion chez Shueisha parmi les mangakas (les dessinateurs de manga). « C’est une occasion inespérée car Shueisha n’ouvre habituellement pas ses portes » explique Hervé Trouillet, le directeur artistique de Shibuya Production. Le critère majeur qui était demandé aux participants qui ont déposé leurs dossiers avant le 31 octobre, c’est l’universalité de l’histoire. Un critère qui se comprend bien pour une œuvre qui, peut-être sera appelée à s’exporter dans le monde entier. Le grand vainqueur de l’année dernière était Tanatach Chokcharoensup, un Thaïlandais, qui a présenté une histoire se déroulant dans un univers fantastique et qui parle d’immigrés accusés d’avoir ravagé un village.
Cette année, le jury, composé des dirigeants de Shibuya Production sera présidé par Tadatoshi Fujimaki, le dessinateur et auteur de Kuroko’s basket, un manga qui a été vendu à plus de 23 millions d’exemplaires.
C’est sans doute l’élément le plus visible et le plus surprenant de cette incroyable journée : le Magic International Cosplay Masters. Un concours international de cosplay, cette discipline qui consiste à se déguiser en personnage de bande dessinée, de manga, de dessin animé ou de jeux vidéo.
Une discipline très visuelle qui regroupe des centaines de millier de fans à travers le monde. Sur instagram, le réseau social de photographies, certains cosplayers regroupe plus de 200 000 fans. Plus de 40 millions de publications ont été identifiées avec le terme cosplay.
À Monaco, s’il est possible de voir des expositions de fabricants de cosplays, le concours a la particularité d’exiger des costumes faits par les cosplayers.
Lors de la conférence de presse, Florencia Sofen, une cosplayeuse espagnole arborait la tenue de Seoni, un personnage du jeu de rôle Pathfinder. « Il m’a fallu deux mois pour le faire. Certaines broderies sont collées, d’autres sont cousues. La perruque est constituée de 3 perruques différentes : c’est très lourd à porter » confie-t-elle.
Et la maison ne blague pas avec les règles : les participants doivent soumettre leur idée, et ensuite envoyer les différentes étapes d’élaboration du costume, manière de s’assurer qu’il n’y a aucune entourloupe.
C’est Shibuya Production qui l’a appelée pour participer au concours. « Lorsqu’ils m’ont appelé, je n’y ai pas cru au début. Je ne fais pas de compétitions d’habitudes. Mais Magic c’est tellement plus qu’un concours. C’est comme à la maison ici. Je peux rencontrer plein d’autres cosplayers que j’adore et que j’admire. »
L’autre particularité du concours Magic, c’est que le costume doit être exclusif. « Donc à chaque fois, je me retrouve à me dire : “Mais qu’est-ce que je vais bien pouvoir me mettre ?” Après la phase de réflexion, il faut se mettre au boulot. Ça me prend presque tout mon temps libre. Quand je dîne chez des amis, je m’enfuis dès la fin du dessert pour finir mon costume. »
Pour Adami Langley, qui vit au Brésil et qui a 147 000 followers sur instagram, fabriquer son costume, c’est sept mois de travail. « J’ai toujours rêvé d’incarner le personnage que j’ai choisi cette année. C’est un personnage de jeu vidéo. » Elle a déjà participé l’année dernière et espère gagner cette année. Quoi qu’il en soit, elle confie que le cosplay, en plus de lui faire connaître Monaco, dont elle n’avait jamais entendu parler, a changé sa vie : « Depuis 12 ans que je fais cela, je me suis fait de nombreux amis partout dans le monde et j’ai beaucoup voyagé dans des endroits incroyables. »
Cette année, les compétiteurs viendront de 16 pays différents. Sorcier, chevalier, magicienne ou guerrière, celui qui gagnera cette année remportera deux billets pour visiter la patrie mère de la discipline : le Japon.
Sur l’affiche de cette année, les personnages légendaires ont été spécialement adaptés pour Magic Monaco avec les maillots de l’ASM et de l’OGC Nice.Cyril Dodergny.Magic c’est aussi l’occasion de voir les mangakas dessiner en direct. Shibuya Production.Super-héros, guerriers terriens ou extraterrestres, ou supervilains, on trouve de tout à Magic Monaco. Aux côtés de Cédric Biscay, la cosplayeuse Florencia Sofen en tenue de sorcière.Cyril Dodergny.
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