La plus vieille mercerie de Monaco fête ses... 126 ans
Fondée en 1896, la mercerie De fil en aiguille fête cette année ses 126 ans. Passée entre les mains de plusieurs propriétaires, elle est aujourd’hui dirigée par Giovanni Di Salvia. Portrait.
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Marie CardonaPublié le 10/01/2022 à 11:28, mis à jour le 10/01/2022 à 11:36
"C’est la plus vieille boutique de Monaco située au même endroit", assure Giovanni Di Salvia, son propriétaire actuel.Photo Jean-François Ottonello
Au numéro 11 de la rue Grimaldi, la mercerie De fil en aiguille est comme figée dans le temps. "C’est la plus vieille boutique de Monaco située au même endroit", assure Giovanni Di Salvia, son propriétaire actuel. "Le sixième", estime-t-il, depuis l’ouverture du petit local de 40m² en 1896.
Il en a repris les rênes au milieu des années 90 et a tout gardé du charme du lieu. Lorsqu’on en pousse la porte, il faut se faufiler entre les rayonnages étroits chargés de pelotes de laine, de rubans, de collants, de chaussettes et autres lingeries et vêtements de nuit.
Un petit paradis pour les amateurs et amatrices de couture, de crochet, de tricot ou de broderie. Car il faut assurément un œil expert pour dénicher les trésors dont on a besoin.
Des merveilles oubliées
Derrière le comptoir, sous les murs de bobines de fils aux couleurs de l’arc-en-ciel et de boutons en tout genre, Giovanni Di Salvia a conservé les vieux casiers en bois, aujourd’hui repeints en gris.
À l’intérieur, s’y cachent encore de petites pépites qu’on ne trouve plus ailleurs. "Un jour, une cliente est venue me demander un chapeau de pluie en plastique comme portaient nos grands-mères à l’époque. Je n’en avais malheureusement plus. C’est là qu’elle m’a dit: “Mais si, allez voir dans ce tiroir-là. C’est là qu’ils étaient rangés avant!", s’amuse-t-il en montrant l’ancien meuble de métier. Et effectivement, en fouillant, j’en ai retrouvé un."
Les rayons de la petite mercerie renferment tant de merveilles oubliées. Elles se dévoilent à son propriétaire au gré des années.
La vieille mercerie cache des merveilles oubliéesPhoto Jean-François Ottonello.
Dernièrement, le mercier a déniché une vieille poupée de chiffon habillée d’un tissu monégasque. Ou encore une ancienne coupure de journal avec une pub de crédit pour une machine à coudre Singer datant de 1903. Des petits témoins de l’histoire de la Principauté qu’il conserve précieusement chez lui ou dans son arrière-boutique.
Ici, ceux qui n’ont pas peur de relever leurs manches pour confectionner ou raccommoder leur garde-robe peuvent trouver tout le nécessaire. "Mes clients vont du bébé à la dame de 102 ans", affirme Giovanni Di Salvia. Des habitués, pour la plupart, et des clients de passage.
Quelques grands noms ont eux aussi franchi la porte de la boutique au fil des décennies. Joséphine Baker, la princesse Grace, Monica Bellucci, Christopher Lee ou dernièrement Paul McCartney.
"Je ne l’ai pas reconnu tout de suite.. Évidemment, je ne m’attendais pas du tout à le voir entrer là, confie le mercier. J’ai une boîte de bonbons avec des photos des Beatles à côté de la caisse. Il l’a pointée du doigt et il m’a dit: "It’s me!"Je lui ai dit que mon fils avait assisté à un de ses concerts en Belgique et il a insisté pour qu’on l’appelle. Ils sont restés quelques minutes au téléphone." Qui pourrait se vanter d’une rencontre aussi improbable?
Transmettre son savoir
Il faut dire que Giovanni Di Salvia aime discuter, échanger, donner des conseils. C’est ainsi qu’il choie la fidélité de ses clients. "Le plus important, c’est la transmission de savoir. Cette boutique est devenue un lieu de vie", rappelle celui qui, au départ, se vouait à un tout autre destin. "J’ai commencé dans le design de meubles. J’avais un showroom en Belgique."
C’est un amour de jeunesse avec une Monégasque qui lui a fait découvrir la Principauté. Et, de fil en aiguille, il y est resté. "Je suis un Monégasque d’adoption. J’ai repris la mercerie par l’intermédiaire d’amis, d’amis. L’ancienne propriétaire est restée longtemps travailler à mes côtés avant sa retraite. C’est comme ça que je me suis formé."
Aujourd’hui, c’est lui qui transmet son savoir par l’intermédiaire de cours de couture à la maison des associations, A Casa d’i Soci. D’autres clientes assurent les cours de tricot, de broderie ou autre. "Pour l’instant, tout est en pause à cause de la situation sanitaire mais j’espère reprendre dès que possible."
À 65 ans, Giovanni Di Salvia n’est donc pas près de prendre sa retraite. "Je n’y pense même pas", assure-t-il. Mais quand le moment sera venu, il espère bien que sa fille ou son fils aura envie de prendre sa suite.
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