Ce poème lyrique et autobiographique sur la mer est un monument que les amoureux de Ferré mettent au-dessus de tout… Léo Ferré avouera : « C'est une poésie à décrypter et, pour la lire, il faut avoir la grille de ma vie. Si quelqu'un me connaît, il comprend tout mot après mot. S'il ne connaît pas ma vie, tous les mots lui échappent. C'est une poésie qui possède une clé précise et cette clé, c'est moi-même. » En voici des extraits :
La marée, je l'ai dans le cœur
Qui me remonte comme un signe
Je meurs de ma petite sœur,
De mon enfance et de mon cygne
Un bateau, ça dépend comment
On l'arrime au port de justesse
Il pleure de mon firmament
Des années lumières et j'en laisse
Je suis le fantôme Jersey
Celui qui vient les soirs de frime
Te lancer la brume en baiser
Et te ramasser dans ses rimes
Comme le trémail de juillet
Où luisait le loup solitaire
Celui que je voyais briller
Aux doigts de sable de la terre…
Cette rumeur qui vient de là
Sous l'arc copain où je m'aveugle
Ces mains qui me font du fla-fla
Ces mains ruminantes qui meuglent
Cette rumeur me suit longtemps
Comme un mendiant sous l'anathème
Comme l'ombre qui perd son temps
À dessiner mon théorème
Et sous mon maquillage roux
S'en vient battre comme une porte
Cette rumeur qui va debout
Dans la rue, aux musiques mortes
C'est fini, la mer, c'est fini
Sur la plage, le sable bêle
Comme des moutons d'infini…
Quand la mer bergère m'appelle.
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