À Cannes, en novembre dernier, le salon Émigration et propriété de luxe avait fait grand bruit. Moyennant une entrée à 1 000 dollars, les grosses fortunes pouvaient glaner de précieuses informations dans l’optique d’obtenir une nouvelle nationalité par l’investissement ou pour mettre leur patrimoine à l’abri.
Une manifestation, à l’époque ironiquement renommée « salon de l’évasion fiscale » par ses détracteurs, lesquels avaient protesté devant l’hôtel hôte.
Les organisateurs, pour une première édition en Principauté, ont beau avoir rayé la mention « Émigration » de l’intitulé de la manifestation, une trentaine de membres du collectif Attac 06 (*) ont tout de même scandé des slogans anti-paradis fiscaux, hier à la frontière monégasque, à Cap-d’Ail (lire en page 17).
Pas de quoi perturber le business de ce salon de l’immobilier de luxe qui se tient jusqu’à aujourd’hui.
Une clientèle étrangère
Dans les allées du Grimaldi Forum, l’ambiance est propice à l’entre-soi, aux discussions confidentielles entre acteurs du milieu et clientèle essentiellement étrangère, le tout devant des affiches tapageuses, vantant l’esthétisme de biens d’exception : chalets, appartements voire carrément des immeubles entiers. De Dubaï à Hong Kong, en passant par le Portugal.
Sur le stand d’Universus, les visuels léchés d’un penthouse de 363m² en cours de rénovation à la résidence d’Auteuil à Monaco ont de quoi faire craquer n’importe quel gros portefeuille. Prix du bien à la vente : environ 15,5 millions d’euros. « L’offre de penthouse est la plus répandue à Monaco, avec bien sûr des superficies plus importantes, ce sont des produits entre 40 et 80 millions d’euros, explique Georges Papadopoulos, associé chez Universus. Nous, on restructure des produits en les rendant cohérents avec les demandes d’aujourd’hui. C’est-à-dire, des espaces de vie pour chacun, des chambres avec suite et dressing, des transferts cohérents entre les zones du logement. Le tout répondant aux normes les plus récentes. On travaille avec des family office qui sont demandeurs de ce type de produits. Ils recherchent soit un pied-à-terre à Monaco, soit pour faire de l’investissement immobilier. »
De l’avis d’un spécialiste, le marché monégasque est spécifique et sûr. Et ne s’apparente à aucun autre. « Ceux qui investissent dans un bien immobilier de luxe ne cherchent pas seulement à avoir un logement huppé, ils cherchent l’endroit, l’environnement complet pour la vie de tous les jours. À Monaco, il y a une qualité de vie élevée : son attractivité fiscale, la sécurité, la santé, l’éducation, la stabilité politique et sociale. Toutes ces choses sont comprises dans le prix, commente Vahagn Movsesyan, expert international. Lequel place aussi Londres et Paris comme destination de luxe. Il y a des études en cours pour savoir ce qu’il va se passer après le Brexit. Certains disent que le marché va être troublé et le prix va baisser. »
« Un marché qui n’est pas à risques »
En Principauté, pas de raisons que le marché de l’immobilier ne vacille. Avec garantie de rentabilité au bout du compte. « On peut définir deux types de garantie de rentabilité, explique Kirkor Ajderhanyan, président de la fédération internationale de l’immobilier. Le locatif et la plus-value. La rentabilité locative sur la Côte d’Azur est assez basse par rapport à Monaco et Paris. Mais aux taux d’intérêt historiquement bas - actuellement sous les 1 % - on peut acquérir des appartements qui se financent à 100 % en 20 à 25 ans. La stabilité du marché immobilier, l’urbanisme maîtrisé, le déficit de logement, font que c’est un marché qui n’est pas à risques. Compte tenu de ces éléments, en achetant au prix du marché, la réelle rentabilité se fait en cas de revente par la plus-value. La pierre est une valeur refuge. Quand vous placez de l’argent à la bourse, vous n’avez aucun contrôle et tout peut dégringoler. »
Sur place, Monaco Invest, département du Monaco Economic Board, espérait rencontrer d’éventuels investisseurs et entrepreneurs pour leur vendre la destination Monte-Carlo afin d’y établir une entité, une structure et créer de l’emploi. « La contrainte principale à Monaco, c’est l’immobilier résidentiel et commercial : l’espace est rare est cher. Alors, on préfère attirer des entrepreneurs, des chefs d’entreprises qui cherchent des petits espaces et qui vont créer des emplois à forte valeur ajoutée », conclut Justin Highman, directeur de Monaco Invest.
commentaires