L’histoire des oliviers du parc Princesse-Antoinette
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Publié le 04/05/2019 à 10:18, mis à jour le 04/05/2019 à 10:18
Festin monégasque dans le parc en 1931. (DR)
Louis Notari, nommé directeur des travaux publics par le prince Albert Ier en 1912, entreprit d’importants travaux d’urbanisme qui ont marqué la Principauté. Parmi les très nombreuses réalisations qui ont jalonné sa carrière, on peut retenir la création du Jardin exotique et l’aménagement du parc Princesse-Antoinette.
Voici ce qu’il écrivait en 1927, dans une annotation en marge de sa « Légende de Sainte-Dévote », sur les travaux d’aménagement du jardin d’enfants entrepris le 29 juillet 1917 et achevés en décembre 1924.
« Au moment où s’achevaient les travaux du tronçon monégasque du boulevard Mi-Corniche, le prince Albert m’avait convoqué sur le chantier pour se rendre compte personnellement de l’avancement de ces travaux, mais après avoir rapidement parcouru la nouvelle artère, il s’était longuement arrêté sur l’ancien rond-point qui terminait le boulevard de l’Observatoire “pour admirer sa petite Principauté, sertie comme un joyau dans un écrin d’azur et de lumière… et sa vue se portant sur les derniers oliviers dont le feuillage argenté se dorait aux rayons du soleil couchant (1)” ».
Il me dit soudain : « Savez-vous quel âge ont ces oliviers ? »
« Plusieurs siècles sans doute, Monseigneur ! »
Le Prince répondit brusquement : « lls étaient là avant les Romains. Ces oliviers ont plus de deux mille ans, j’en suis sûr, car j’en ai vu, dont l’extrait de naissance était conservé, moins gros que ceux-là et certainement moins anciens. »
C’était en Sicile, au cours d’une visite chez des amis, que le Prince avait vu des oliviers deux fois millénaires, et ces oliviers qui lui avaient rappelé ceux de sa patrie, étaient, il l’affirmait, moins mystérieux, moins beaux, moins puissants que ceux des Révoires.
« Il faut m’acheter tout cela, me dit-il, et sauver tout ce qui peut encore être sauvé ».
C’est de cette pensée et de cette volonté du prince qu’est né le parc des Révoires : « ce bois sacré qui rappellera aux générations d’alors que l’olivier était l’arbre de la Ligurie et que l’olive était la fortune de ses habitants, et le nom du Prince Albert, ami passionné de la nature, sera une fois de plus béni par la postérité reconnaissante (1). »
« Je me fais un honneur d’ajouter que j’avais promis au Souverain de ne pas détruire un seul arbre dans l’aménagement du Parc et que, grâce aussi au dévouement de mes chers collaborateurs, cette promesse a été entièrement maintenue. Les 156 arbres que contenait l’oliveraie ont été scrupuleusement conservés, malgré les difficultés résultant surtout des dénivellations considérables du terrain.
Rappelons que le parc, connu d’abord sous le nom de « Jardin des Révoires » a été officiellement baptisé « parc Princesse-Antoinette », en l’honneur du premier enfant de la princesse Charlotte et du prince Pierre de Monaco, à la suite d’une délibération du conseil communal en date du 25 avril 1923. »
Luì Notari, numau Diretù « des Travaux Publics » da u Prìncipu Albertu I ün 1912, à üntrapresu grande òpere d’urbanismu che àn scangiau u Principatu. Tra ë prun nümeruse realisaçiue che àn marcau a so’carriera, se pò retegne a creaçiùn d’u Giardìn Esòticu e d’u Parcu Principessa Antunieta.
Ecu çe che scrivëva ün 1927 ünt’üna nota d’a « Legenda de Santa Devota » sciü ë obre, cumençae ün lüyu d’u 1917 e finie ün deçembre d’u 1924, per sistemà ün Giardìn per i fiyœi :
« Standu per finì ë obre d’u camìn d’a meza curnije sci’u territori munegascu, ancœi bulevàr d’u Giardìn Esòticu, u Prìncipu Albertu I m’avëva cunvucau sci’u ciantiè per se rende cœntu de l’avançà d’achëste òpere. Ma, dopu avè vite fau ün giru sciü stu nœvu camìn, S’era fermau ün belu mumentu sci’u veyu üncruju che ürtimava u cursu de l’Usservatori « per mirà u So picìn Principatu, üncastunau cuma ün bijù ünt’ün scrignu d’azür e de lüje… e i œyi se pusandu sciü d’i ürtimi aurivei d’i qali u füyame d’argentu s’ündurava a i rayi d’u tramuntu », m’à ditu sci’u cou :
« Savì qanti ani gh’àn achësti aurivei ? »
« Forsci carche sèculu, Munsignù ! »
U Prìncipu à respundüu bela sübitu : « Erun ailì prima d’i Rumai. Achësti aurivei gh’àn ciü de dui mila ani, ne sun sügüru, perchè n’ò vistu àutri per i qali l’atu de nascença cunservau testimuniava che erun ben ciü che milenari e püra erun menu grossi e dunca, da sügüru, menu antichi che achëli. »
Era dürante üna vìjita a de amighi ün Sicìlia che u Prìncipu avëva vistu d’aurivei due vote milenari e achësti aurivei, che gh’avëvun rapelau chëli d’u so paise, erun, u dijëva ben forte, menu misteriusi, menu beli, menu putenti che achëli d’ë Revëre.
« Fò catà tüt’ailò d’ailì, m’à ditu, e sarvà tütu çe che pò ancura iesse sarvau. »
È d’achëstu pensieru et d’achësta vuruntà d’u Prìncipu ch’è nasciüu u Parcu d’ë Revëre « stu boscu sacru che rapelerà a ë nœve generaçiue che l’aurivè era l’àrburu d’a Ligüria e che l’auriva era a furtüna d’i soi abitanti, e u nume d’u Prìncipu Albertu, amigu apassiunau d’a natüra, serà üna vota de ciü benejiu da a pusterità recunuscenta. »
Per min, è ün unù de zuntà che avëvu prumëssu a u Suvràn de nun destrüje ün sulu àrburu dürante l’ünstalaçiùn d’u Parcu e che, gràçia tambèn â dediçiùn d’i mei cari culaburatui, achësta prumëssa è stà tegnüa darreu. I çentu çinqanta sei àrburi de l’aurivëtu sun stai cunservai cun prun cüra e aiçò d’aiçì margradu ë dificürtae devüe suvra tütu a l’ümpurtanta pendença d’u terrèn.
Rapelamu-se che u parcu, prima cunusciüu cun u nume de « Giardìn d’ë Revëre », è stau numau « Parcu Principessa Antunieta » ün l’unù d’u primu fiyœ d’a Principessa Carlota e d’u Prìncipu Pietru de Mùnegu, ün sèghitu d’üna deliberaçiùn ufiçiala d’u Cunsiyu Cumünale d’u 25 d’avrì d’u 1923 ».
Dans ce jardin fait pour les enfants,
Où nous célébrons le festin de la Saint-Jean,
Il y a des oliviers qui ont peut-être deux mille ans,
Et se rient des siècles et de la mort.
Du lierre, toujours vert, étreint fortement
Le sol, les murs, les souches des oliviers…
…Les années passent sans dommages
Sur l’écorce dure de nos oliviers,
Nos enfants rient en jouant
Autour des souches qui ont plus de mille ans.
Dieu veuille que le festin de la Saint-Jean
Se renouvelle en prenant plus d’ampleur chaque année.
18 juin 1933
« Se l’auriva nun è tre vote rüpià, nun è üna bon’anà »
« Si l’olive n’est trois fois ridée, ce n’est pas une bonne année »
J.-L. Médecin, plantant un olivier (1977). (DR)
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