Les joies et les périls de la concomitance au bureau ! Qui n'a pas vécu ce sentiment d'accomplissement commun devenu vite embarrassant à la moindre déviance ?
En cas de vol, par exemple ! Pour ces faits de soustraction frauduleuse, habituellement on évite les tribunaux afin de ne pas donner une mauvaise image de l'entreprise... Exception pour deux collègues de travail qui avaient laissé traîner leur sac sur leur bureau respectif en toute confiance. Surprises par la disparition de leur portefeuille pendant les heures de la pause-déjeuner, elles ont préféré déposer plainte.
« J'ai fait cela sous l'impulsion »
Une première substitution a eu lieu le 27 juillet dernier. L'enquête s'oriente rapidement sur la nouvelle employée embauchée depuis un mois qui partage « l'open-space ».
Un lieu de travail où les bureaux ne sont pas séparés par des cloisons, ce qui facilite bien souvent le vol des objets laissés sur les tables. Interrogée, à la Sûreté publique l'aide-comptable dément toute appropriation du bien d'autrui. Mais rapprochements, observations et enregistrements vidéos internes permettent aux policiers de retrouver le portefeuille Vuitton dissimulé sous la selle de son scooter. Quand la seconde victime a eu vent de l'histoire, elle évoque également la disparition de son maroquin le 25 mai 2018. « Qu'avez-vous fait de cet objet et quelles sont les raisons qui vous ont poussée à voler ? Aviez-vous des ennuis d'argent ? », demande le président Jérôme Fougeras Lavergnolle à l'audience. « Ce portefeuille je l'ai jeté... J'ai fait cela sous l'impulsion ! Je devais prendre de l'essence pour mon scooter et je n'avais rien sur moi pour payer. C'est tout ! L'argent ne me manque pas... Je suis consciente d'avoir volé... Je n'ai pas réfléchi... » Au niveau des casiers judiciaires, l'énumération de deux condamnations, une en France et l'autre à Monaco pour conduite en état d'ivresse, clôt l'instruction.
« Elle a profité de la confiance de ses collègues »
Deux vols à un mois d'intervalle, quand on a passé juste trente jours dans l'entreprise qui emploie la prévenue, ça fait tache pour le procureur Alexia Brianti ... « Madame prend l'argent et conserve uniquement le portefeuille de valeur. Ce n'est pas un acte irréfléchi, surtout quand on le commet une seconde fois. Il y en aurait-il eu un troisième si on ne l'avait attrapée ? Cette femme est seule à savoir comment cette attitude aurait pu évoluer. Elle a profité de la confiance de ses collègues et en plus de l'argent ! Comme elle n'est plus accessible au sursis, vous prononcerez une peine de trois semaines assortie de l'exécution fractionnée afin de ne pas obérer sa fonction professionnelle. » Pour défendre sa cliente, Me Pierre-Anne Noghès-Dumonceau évoquera « une période trouble qui explique la maladresse de cette personne assez perturbée à l'époque. Présente depuis 32 ans à Monaco, elle n'a jamais été condamnée. Aujourd'hui elle est en intérim et doit postuler prochainement pour un nouvel emploi. Je demande votre clémence en prononçant une peine d'amende. »
Le tribunal acquiescera avec une somme de 1 000 euros, plus 150 euros réclamés par la partie civile.
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