Martine Sancho, 61 ans, a un souvenir précis de tout ce qui s'est déroulé avant le choc. « On a failli monter dans le deuxième wagon, mais finalement on s'est mis dans le premier pour être bien placés. Je voyais le petit bonnet bleu du conducteur tressauter dans la cabine. J'avais mis ma chienne sur le siège à côté de moi, c'est peut-être ce qui m'a sauvé la vie. Je me retournais souvent et je voyais la dame russe faire des photos. Je me demandais ce qu'elle pouvait trouver de beau à ces paysages tristes, côté amont, elle qui venait d'un pays où il neige souvent. Elle avait une petite tablette en cuir rose et un petit bracelet en cuir. Je l'avais trouvée élégante, raffinée. »
Quand la collision avec le rocher, puis le déraillement se produisent, Martine perd conscience. « J'ai eu de la chance, je n'ai entendu ni le choc, ni senti les odeurs. Ça a commuté d'un coup dans mon cerveau. J'ai tapé la tête très violemment contre la paroi. » Elle se retrouve avec une plaie impressionnante à la gorge. « Il faut comprendre que, là où j'étais assise, il n'y avait plus rien, qu'un trou. » Ses premiers souvenirs post-traumatisme ? « Je suis assise sur un rocher. Des pompiers m'entourent d'une couverture et appellent un brancard. J'ai alors demandé quel jour on était, quelle année. L'impression comme dans un film de passer magiquement d'une scène à une autre ou d'une époque à une autre. C'est quand ils m'ont mise dans une ambulance que les douleurs ont démarré et que j'ai compris qu'il y avait des morts. »
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