Chaque audience apporte son lot de maux du bitume. Le dernier en date concerne un ressortissant belge en invalidité. Largement éméché au volant de sa Renault, le 9 novembre au petit matin, ce récidiviste de 37 ans a effectué une marche arrière hasardeuse au Larvotto en évitant de justesse un fourgon de police qui patrouillait dans ce quartier.
Il a comparu, menotté, devant un tribunal correctionnel exclusivement féminin. Au final, la formation collégiale a condamné le Bruxellois à une peine de trois mois d'emprisonnement avec le bénéfice du sursis. Cette lourde peine, considérée comme un avertissement très sérieux, lui aura permis d'éviter de passer au moins le week-end à la maison d'arrêt.
Resituons les faits. Jeudi, vers 5 h 50, un automobiliste fait une marche arrière sur l'avenue Princesse-Grace, à proximité du Grimaldi Forum. Il ne prête aucune attention au véhicule de la Sûreté publique derrière lui. Quelques coups de klaxon alertent le conducteur de son erreur. Puis les policiers contrôlent le personnage qui a les yeux brillants et la bouche pâteuse. Emmené dans les locaux de la rue Suffren-Reymond, l'éthylotest s'est révélé positif avec un taux élevé d'alcool de 0,99 mg par litre d'air expiré.
« J'étais paniqué »
À l'audience, la présidente Magali Ghenassia interroge le prévenu dont le casier judiciaire belge est particulièrement chargé pour les mêmes motifs alcoolisés. « Nous étions invités et je venais de me disputer avec ma compagne, reconnaît le détenu, car nous devions être à l'aéroport avant midi pour rejoindre notre pays… » La magistrate s'étonne de la surconsommation de boissons avant de prendre un avion et de la manœuvre dangereuse, au risque de provoquer un accident. « Je n'ai pas fait attention, justifie le fautif. Je discutais. J'étais paniqué… »
L'ivresse est un comportement malheureusement banal pour le procureur Cyrielle Colle. « De plus, faire une marche arrière en plein milieu de la chaussée démontre bien la conduite irresponsable de Monsieur. Venir à Monaco pour se distraire avec sa compagne est une bonne idée. Mais il faut être sobre. Après trois rappels à la loi pour alcoolémie, il faut sanctionner cette habitude de prendre le volant après avoir bu. » Il sera requis huit jours de prison ferme et 45 € d'amende pour la contravention.
Il échappe à la prison
« Le problème de l'alcool, rappelle l'avocate de la défense Alice Pastor, est qu'il fait ressortir des traits de caractère. Il est alors difficile de connaître la personne jugée. Hier arrogant, mon client n'a pas voulu se soumettre au contrôle ! Or, aujourd'hui, c'est un homme conciliant. Vous avez devant vous un père de famille, sans nouvelle de sa compagne. Il est isolé en Principauté. Il a commis une grave erreur et il se fait soigner. Après avoir été interpellé, gardé à vue et détenu à la maison d'arrêt, n'est-ce pas déjà une bonne leçon ? J'ai du mal à comprendre une peine ferme. Le sursis le fera réfléchir suffisamment… »
Le tribunal a acquiescé. L'homme est libre. A-t-il toutefois gagné au change ? À la prochaine incartade de même nature à Monaco, le Belge prendra le risque de voir ce sursis révoqué.
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