Pour éviter de perdre une place de stationnement le 28 septembre dernier, vers midi, un Niçois de 31 ans a franchi la ligne blanche sur le boulevard du Jardin-Exotique pour se garer à contresens sur la file de gauche. Ce peintre en bâtiment revenait du supermarché de l’avenue Hector-Otto. Au cours de sa manœuvre aventureuse, il a percuté un scooter et blessé sérieusement le pilote. Le conducteur du véhicule a comparu devant le tribunal correctionnel pour blessures involontaires.
« Je l’ai vu au dernier moment »
A la barre, le prévenu reconnaît l’infraction. « J’ai profité de l’emplacement libre sans aller tourner au rond-point, déclare-t-il au président Jérôme Fougeras Lavergnolle. Car je devais reprendre mon travail sur un chantier proche. A cet instant, le deux-roues allait vite et je n’ai pas pu l’apercevoir. Ébloui par le soleil et un pare-brise sale, il était impossible de l’éviter. Je l’ai vu au dernier moment... »
Le plaignant, aidé de ses cannes anglaises, vient demander réparation. « Après une ITT de soixante jours, ma jambe et ma cheville ne sont pas encore consolidées. Sept mois après l’accident, je souffre toujours et j’ai une difficulté permanente à me déplacer. »
Son avocate, Me Aurélie Huertas, du Barreau de Nice, vient rappeler la culpabilité incontestable de l’automobiliste et réclamer une aide financière. « Ce dernier a changé de direction avec un manque de visibilité. Il ne pouvait éviter le choc avec mon client qui roulait à 30 km/h. Je sollicite une provision de 8000 euros pour les frais engagés et une expertise médicale. »
« Il lui restait peu de temps pour sa pause »
Négligence du code de la route et faute involontaire font réagir le premier substitut Olivier Zamphiroff. « Sanctionnez cette prise de risque par une amende à hauteur de 800 € à 1000 euros€ sans sursis », réclame-t-il dans son bref réquisitoire. C’est au tour de Me Xavier-Alexandre de jouer avec toutes les subtilités offertes au plaideur afin de défendre le prévenu.
« Il ne conteste pas les faits. Mais je rappelle qu’à l’endroit où mon client veut stationner, la ligne continue est en pointillé pour faciliter l’accession des voitures et motos dans des garages. Certes, il aurait dû faire son demi-tour quelques mètres plus bas. Mais il lui restait peu de temps pour sa pause déjeuner. Enfin, ramenez la demande de la partie civile à une plus juste proportion. »
Le tribunal suivra les réquisitions du ministère public dans sa fourchette la plus basse. Il allouera une provision de 5000 euros et ordonnera une expertise médicale pour le pilote blessé.
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