Il est installé à 50 mètres de la frontière avec Monaco: l'amertume d'un restaurateur de Cap-d'Ail

À Cap-d'Ail, le patron du restaurant ATrego "enrage" de ne pas ouvrir son établissement alors qu'il se trouve qu'à 50 mètres du port de Monaco.

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Jean-François Roubaud Publié le 18/12/2020 à 11:40, mis à jour le 18/12/2020 à 11:40
Jean-Luc, le patron de l'ATrego tue le temps en finalisant les dossiers d'assurance tu coup de mer terrible de 2019 Photo Cyril Dodergny

Le supplice de Tantale, il le vit tous les jours depuis qu’à 50 mètres près son restaurant a perdu au jeu du pile je reconfine, face je ne reconfine pas. Ici, c’est la France. A quelques pas de là, de l’autre côté du port c’est la Principauté.

"J’enrage chaque matin quand j’y pense", confesse Jean-Luc Laurent, le patron de L’ATrego, le restaurant chic de... Cap-d’Ail. Avec son épouse Katia, Jean Luc a le sentiment de vivre comme dans un monde parallèle.

Loin de lui l’idée d’en vouloir à ses confrères monégasques. Que les copains restaurateurs de Monaco se remplument un peu pendant les fêtes grâce à la décision du Prince de ne pas en passer par un reconfinement aussi drastique qu’en France est, pour lui, comme une petite lueur d’espoir dans cette année noire: "Comme nous tous en France, ils ont subi le premier confinement de plein fouet. Moi, ici, cette volte-face sanitaire permanente nous a fait perdre près de 3 M€ de chiffre d’affaires. Mais ils ont été tellement solidaires avec nous ces dernières semaines, tout comme d’ailleurs tous nos petits sous-traitants ou artisans de la Principauté qu’on ne peut qu’être heureux pour eux." 

Ravi, mais totalement abasourdi. "C’est un peu comme si le gouvernement français nous disait : “Les Monégasques ont réussi à bloquer à la frontière, c’est pour ça qu’eux, ils peuvent travailler et pas vous”".

Le téléphone qui ne sonne plus

Ce remake du nuage de Tchernobyl ne fait pas sourire cet épicurien d’une cinquantaine d’années: "Le Prince et le gouvernement monégasque ne sont pas une bande d’inconscients. S’ils ont décidé de ne pas mettre Monaco sous cloche pendant les fêtes, c’est qu’ils ont sans doute eux apprécié à leur juste valeur les risques de clusters dans les restaurants qui, tout le monde le sait, sont équivalents à zéro.. A Monaco comme en France d’ailleurs où tous les restaurants d’entreprise, et je ne parle pas de celui de l’Assemblée nationale, sont d’ailleurs restés ouverts!" 

La crainte de Jean Luc, c’est que le supplice continue au-delà du 20 janvier.

Si elle a beaucoup souffert, son entreprise est solide, et devrait s’en remettre. "Mais les autres, tous les autres?" Jean Luc est malgré tout comme une âme en peine.

Ici, c’est plus de 100.000 clients qu’on recevait chaque année. Tous les jours, deux cents appels téléphoniques carillonnaient au standard de son resto... A 50 mètres près, le silence qui règne dans son resto a des airs de requiem!

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