Grisélidis grise le théâtre des Muses

Jusqu'à dimanche, le théâtre des Muses accueille Grisédélis, fruit d'une collaboration entre deux icônes du théâtre français, Philippe Caubère et Coraly Zahonero. Rencontre

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estelle aubin Publié le 05/05/2017 à 05:07, mis à jour le 05/05/2017 à 05:07
Le marginal Philippe Caubère, « œil bienveillant » et conseiller averti de la comédienne Coraly Zahonero, réunis au théâtre des Muses pour sublimer la pièce éponyme « Grisélidis ».
Le marginal Philippe Caubère, « œil bienveillant » et conseiller averti de la comédienne Coraly Zahonero, réunis au théâtre des Muses pour sublimer la pièce éponyme « Grisélidis ». Skander Farza

Assis agréablement sur la terrasse du théâtre des Muses, ces deux poids lourds du théâtre français profitent d'un bain de soleil monégasque. Coraly Zahonero, sociétaire de la Comédie-Française, et Phillipe Caubère, comédien aux multiples facettes, s'unissent sur cette petite scène de la Principauté. L'une en tant qu'interprète, l'autre en « œil bienveillant », comme il aime se présenter.

Sans tabous et sans vulgarité

Une pièce façon biopic intitulée Grisélidis, du nom de cette « putain révolutionnaire », aux dires de la comédienne.

Grisélidis Réal, un personnage aussi coloré que mystique. Écrivain, poète et… prostituée de la fin du XXe siècle, cette pionnière du féminisme a fait de sa vie un combat pour la reconnaissance des prostituées. Subversive à souhait, l'héroïne a séduit et inspiré Coraly Zahonero. Jusqu'à en écrire un riche monologue de 1 h 15.

À l'origine, accompagnée sur scène par deux musiciennes, elle choisit à présent d'y monter seule, loin des larges estrades parisiennes. « J'avais envie de donner une ambiance plus intimiste à la pièce », confie-t-elle.

« Parler d'un sujet très personnel mais en public, c'est tout le défi de l'art », affirme-t-elle d'emblée. Dans ce travail de réadaptation, elle est épaulée par Philippe Caubère pour qui la pièce a été « une émotion artistique et citoyenne. J'ai cru voir Grisédélis en personne sur scène. Coraly incarne plus qu'elle ne joue ». La prostitution devient, pour les deux compères, un étendard, célébrant Grisélidis pour mieux combattre les préjugés de la société. « L'histoire de cette femme est celle d'une femme libre, pas d'une victime. On a tendance à trop simplifier la discussion sur ce sujet bien plus complexe qu'il n'y paraît », s'insurge le comédien. Il poursuit : « Voir qu'elle comprend les hommes à travers leur sexualité, me touche beaucoup. »

Un scénario à vocation politique même si « la finalité n'est pas de provoquer, précise la comédienne, mais plutôt de bousculer les mentalités. C'est une œuvre sans tabous et sans vulgarité qui veut libérer la parole ».

Une voix qu'elle choisit d'abord de faire résonner « au cœur de la comédie française » avant de la porter au festival off d'Avignon et aujourd'hui à Monaco. Le tout élégamment mis en scène par un jeu d'actrice aussi suave que le sujet est sulfureux. À l'image de la flamboyante révoltée Grisélidis. Trois artistes qui ne font plus qu'un sur la scène du théâtre des Muses.

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