Il ment Macron ! J'ai traversé la route plus de cent fois aujourd'hui mais il n'y a jamais eu de boulot au bout [rires]. » Tous les prétextes sont bons pour railler le Président. Mais qu'on se le dise, les filtrages des ronds-points de Saint-Jacques se sont faits dans la bonne humeur, dès 8 heures du matin et toute la journée qui a suivi hier. « Il y a toujours des gens qui ne sont pas très contents car le trafic est au ralenti mais c'est un filtrage pacifique, bienveillant mais déterminé. Tant qu'il n'y aura pas de réaction de Macron, nous reviendrons », affirme Greg. Lui et presque une centaine d'autres Grassois ont renouvelé, après les événements du week-end, leur présence au rassemblement des «gilets jaunes».
« Sur les traces de Mai 68 »
Si deux véhicules poids lourds ont gêné la circulation, les routiers n'ont pas répondu à l'appel des Grassois. Pas de quoi leur entamer le moral.
« Comme ce n'est pas une manifestation à caractère politique ou syndicale, nous agissons en qualité de piéton. C'est donc le code de la route qui prévaut et nous sommes prioritaires sur la chaussée. Et il y a vraiment beaucoup de monde qui a décidé de traverser aujourd'hui », taquine Philippe.
Parmi les «gilets jaunes», Gérard manifeste fièrement son mécontentement. « Que cherchent nos politiques ? Les taxes augmentent de tous les côtés et rien n'est fait pour le peuple. Nous sommes sur les traces de Mai 68, je le sais car j'étais aux événements qui se sont déroulés à Nice à ce moment-là. Mais pour que cela prenne de l'ampleur, il faut d'avantage de mobilisation. Lorsque nous faisons le filtrage, trop de gens nous demandent pourquoi nous faisons ça. »
« Aujourd'hui, je perds ma journée mais je sais que c'est pour la bonne cause, estime Alexandre, terrassier à Pégomas qui est venu mettre son camion à disposition du filtrage. La loi de finances prévoit la suppression du taux réduit de taxe portant sur le "rouge" [un carburant réservé aux engins de chantier]. En plus de l'augmentation du prix, il y aura un risque de détérioration des machines pour en voler le carburant. »
Le rond-point servant d'entrée, ou de sortie, à la pénétrante Cannes-Grasse a lui aussi été occupé par plusieurs «gilets jaunes». « Si vous nous soutenez, vous pouvez passer », adressent-ils de manière humoristique aux conducteurs qu'ils stoppent. « Nous ne sommes pas dans le blocage pur et dur, nous voulons juste qu'ils se rendent compte qu'ils sont aussi concernés par ce qu'il se passe. Ça permet aussi de rappeler que le gilet jaune doit être obligatoire dans l'habitacle du véhicule [rires] », explique Jacky, à court de voix. E
n fin de journée, un nouveau rassemblement a eu lieu au centre commercial Auchan, à la Paoute. Les gilets jaunes y ont fait signer des pétitions.
M. R.
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