Et si l’hydrogène s'imposait comme l'énergie du futur pour la grande plaisance à Monaco?

En marge d’une conférence traitant de l’hydrogène comme sérieuse alternative aux carburants fossiles, la première annexe hydrogène-électrique a été présentée au Yacht-club de Monaco

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Thibaut Parat Publié le 25/09/2020 à 11:21, mis à jour le 25/09/2020 à 11:07
L’Hynova 40 a été développé par Chloé Zaied, une jeune skippeuse de 29 ans de la région Sud. Photo Jean-François Ottonello

Sur son promontoire, calé sur le pont 3 du navire amiral du Yacht-club, il domine fièrement la foule. Son petit nom: Hynova 40. Dans le microcosme de la grande plaisance, il est une petite révolution. De quoi éveiller l’insatiable curiosité du prince Albert II, hérault de la cause environnementale, venu poser à ses côtés. "C’est la toute première annexe hydrogène-électrique lancée sur le marché et destinée à être produite en série", nous glisse-t-on.

Depuis le temps que cette solution "verte" était évoquée, vantée, débattue au gré des conférences, voilà donc un cas concret. Devant nos yeux. Finalement, ses jolies mensurations - 12 mètres de long pour 9 tonnes à la balance - importent peu, ce qui nous intéresse c’est son bilan carbone. Vous vous en doutez: le bateau naviguera, dans le silence, sans aucune émission.

"Une vraie demande"

Alors, l’hydrogène une alternative aux carburants fossiles? Dans le cadre de l’événement "Monaco, capital of yachting experience", une conférence a traité de cette question.

"Aujourd’hui, 99% des yachts fonctionnent au diesel", constate Dirk De Jong, responsable du développement des projets chez Oceanco & Lateral. Un secteur polluant, donc, à l’instar de bien d’autres. Mais soucieux, toutefois, d’évoluer dans le bon sens, de changer les mauvaises habitudes. En témoigne le lancement récent du SEA Index, cette norme globale fournissant, en toute transparence, une évaluation de l’impact écologique des grands yachts.

"Il y a une vraie demande de nos clients pour de l’hydrogène, pour des solutions environnementales vertes et intelligentes, assure Simon Brealey, ingénieur naval. Il va y avoir des législations très bientôt. En 2026 [ce sera par exemple le cas dans les fjords en Norvège, ndlr], on ne pourra plus rentrer dans des zones classées au patrimoine mondial de l’Unesco si on émet du carbone. Une taxe carbone sortira également du chapeau. Tout le monde attend ce changement."

Illustration Photo Jean-François Ottonello.

Quels sont les avantages et inconvénients?

Pourquoi la mise en place tarde-t-elle alors? Car l’hydrogène présente des avantages mais aussi des inconvénients pouvant être un sérieux frein à sa démocratisation.

Évoquons, d’abord, les avantages: "Il y en a partout. C’est la molécule la plus présente dans l’univers et le meilleur ami des énergies renouvelables. On est capable de produire de l’hydrogène à partir de l’électricité produit des éoliennes, loue Jérémie Lagarrigue, P.-D.G. d’Energy Observer Developments, du nom de ce navire à hydrogène engagé dans un tour du monde de 6 ans en autonomie énergétique et sans émissions de gaz à effet de serre ou particules fines. Il se recharge très rapidement, aussi vite que le gasoil. Et puis, c’est extrêmement silencieux. Il faut penser à la biodiversité des océans. La solution hydrogène est vertueuse car on va projeter de l’eau et de la chaleur, laquelle est réutilisable. Les piles à combustible nécessitent moins de maintenance que les moteurs diesel. Enfin, l’hydrogène n’est pas dangereux comme on pourrait le dire*"

En revanche, l’un des problèmes de l’hydrogène demeure les stations de rechargement, encore trop peu nombreuses. "Aujourd’hui, c’est 18 à 24 mois de paperasses pour installer une station. Après en 4 mois, elle arrive, elle prend la place d’un bateau et est capable de produire jusqu’à 100 kg d’hydrogène. De plus, l’un des objectifs de la filière est aussi de réduire le prix du kilo d’hydrogène pour le rendre plus compétitif".

L’espace de stockage dans le bateau est aussi un frein. "1 kg d’hydrogène équivaut à 8 litres de diesel. C’est 5 à 6 fois plus volumineux que le diesel. Si vous avez un bateau qui doit traverser l’Océan, ça prendra donc plus de place. C’est pour ça que l’on vous propose des solutions sur des petites et moyennes structures", poursuit-il.

Pour exemple, la vitesse de pointe d’Hynova 40 flirte avec les 22 nœuds. A 6 nœuds, il disposera d’une autonomie de 69 miles (111 km) en combinant piles et batteries. Pas de quoi, donc, traverser mers et océans. Mais largement suffisant pour son statut d’annexe.


*La Rochelle et Nantes ont été les premiers à avoir des démonstrateurs de bateaux-bus fonctionnant à l’hydrogène. "Les utilisateurs du bateau sont assis sur des réservoirs d’hydrogène. L’hydrogène est moins dangereux que le gaz et le butane. Et pourtant, vous n’avez pas peur de faire un barbecue", explique Jérémie Lagarrigue.

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Monaco-Matin

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