Et si le sport devenait un outil de diplomatie ?

Il a été question des liens entre sport et relations internationales, hier lors du forum Peace and Sport. Mais si le potentiel existe, il reste encore à trouver des applications durables

Article réservé aux abonnés
Publié le 25/11/2016 à 05:06, mis à jour le 25/11/2016 à 05:06
Pál Schmitt (à gauche), président de la Hongrie entre 2010 et 2012, membre du CIO, médaillé d'or d'épée par équipes aux Jeux Olympiques de 1968 et 1972, et Juan Carlos Sainz-Borgo, doyen des relations extérieures de l'Université pour la Paix, créée par l'ONU au Costa Rica.
Pál Schmitt (à gauche), président de la Hongrie entre 2010 et 2012, membre du CIO, médaillé d'or d'épée par équipes aux Jeux Olympiques de 1968 et 1972, et Juan Carlos Sainz-Borgo, doyen des relations extérieures de l'Université pour la Paix, créée par l'ONU au Costa Rica. Ferenc Isza/ AFP et N.H.-F.

Un monde feutré, avec ses codes et ses négociations d'alcôves. La diplomatie est un univers où beaucoup de choses se passent loin des regards et où, parfois, le sport s'invite. Un milieu où là aussi, les décisions se prennent souvent en coulisses et les enjeux dépassent ceux des matches. Il a été question de diplomatie par le sport, hier, lors du forum Peace and Sport(1). Dirigeants ou chercheurs ont cherché à savoir comment le sport peut contribuer à la paix.

« La façon la plus évidente, c'est en organisant des événements internationaux, pose Pál Schmitt, président de la Hongrie entre 2010 et 2012, membre du CIO, médaillé d'or à l'épée par équipes aux Jeux Olympiques de 1968 et 1972, modérateur du débat d'hier. C'est une opportunité de se rencontrer, et cela rapproche les gens ». Même s'il faut aussi faire attention à « laisser le chauvinisme en dehors du sport ». Pour ne pas exacerber de tensions.

Reste qu'il y croit. Parfois, « le sport est le moyen le plus évident d'exprimer sa solidarité » à l'échelle internationale. Mais l'enjeu, selon lui, est « de faire savoir aux leaders, aux responsables politiques et aux diplomates que le sport peut être un lubrifiant dans les relations internationales ». Autrement dit, « la diplomatie par le sport en est encore à un stade embryonnaire ».

« Des symboles »

Juan Carlos Sainz-Borgo, doyen des relations extérieures de l'Université pour la Paix, créée par l'ONU au Costa Rica, confirme : « On a des symboles, mais on n'a pas encore vu d'effet durable du sport dans la diplomatie », explique-t-il.

Il évoque ainsi la « diplomatie du ping-pong » : dans les années 70, ces matches de tennis de table entre les équipes américaines et chinoises auraient, officiellement, favorisé l'établissement de relations diplomatiques entre les États-Unis de Nixon et la Chine de Mao. Avec beaucoup d'images symboliques.

C'est pour rendre cette discipline plus concrète que depuis une poignée d'années, la diplomatie par le sport est étudiée et enseignée dans son université. Et lui aussi y croit. « Il existe deux types de diplomatie, poursuit le diplômé en droit international de l'université d'Oxford. La diplomatie des chefs d'États et des diplomates. Et la diplomatie "soft", avec les parlementaires par exemple. La forme la plus puissante de diplomatie "soft", c'est la diplomatie par le sport ».

« Beaucoup de critiques »

Notamment car « tout le monde connaît les sportifs, ils ont une reconnaissance, les gens les respectent, les écoutent ». Difficile de ne pas voir de parallèle avec la perte de crédibilité de la parole politique en Europe ou aux États-Unis. Juan Carlos Sainz-Borgo pondère : « D'une certaine façon oui, mais il faut se souvenir qu'il y a beaucoup de critiques de fédérations sportives, avec la corruption au sein de la FIFA, ou les scandales de dopage ». Les sportifs « doivent faire attention à la manière dont ils se comportent », car « ils sont des modèles pour beaucoup », dit-il encore. C'est aussi ça, qui peut permettre à la parole sportive de devenir parole diplomatique.

Nicolas Hasson-Fauré

1. La neuvième édition du forum se déroule jusqu'à aujourd'hui autour de ce thème : « La paix en jeu, changer le monde par le sport ».

“Rhôooooooooo!”

Vous utilisez un AdBlock?! :)

Vous pouvez le désactiver juste pour ce site parce que la pub permet à la presse de vivre.

Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.

Monaco-Matin

Un cookie pour nous soutenir

Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.

Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.

Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.