Elles vont faire pousser une forêt de roses des vents sur la place du Casino de Monte-Carlo
Eva Dmitrenko et Céline Pagès ont remporté le concours d’une commande d’art public de la SBM pour créer un décor poétique et spectaculaire autour de la place du Casino. Rencontre.
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Cédric VeranyPublié le 02/03/2022 à 11:05, mis à jour le 02/03/2022 à 11:05
Eva Dmitrenko et Céline Pagès ont imaginé ces roses des vents et elles vont en installer 155 à Monte-Carlo pour accompagner la thématique "Ma vie en rose".Photo Jean-François Ottonello
En ce début d’année 2022, les planètes se sont alignées pour un tandem de jeunes artistes: Eva Dmitrenko et Céline Pagès. Diplômées toutes deux du Pavillon Bosio en 2020, elles viennent d’obtenir pour six mois les clés d’un atelier d’artistes de la Principauté pour mettre en commun leurs pratiques.
Un outil bien pratique pour abriter d’emblée leur premier projet: celui d’une commande artistique pour la Société des Bains de Mer dont elles ont remporté le concours.
Objectif: formuler une proposition artistique pour accompagner la thématique "Ma vie en rose" choisie par l’entreprise pour lancer sa belle saison.
Poésie urbaine
L’atelier, l’obtention du projet et sa conception… tout s’est fait en quelques semaines. "Nous avions déjà il y a quelque temps évoquer le projet de croiser nos pratiques et cette proposition pour la SBM arrivant, nous nous sommes dit que c’était le bon moment pour travailler ensemble, allier nos forces et nos médiums", témoignent les deux anciennes camarades qui ont chacune développé une pratique particulière.
Eva Dmitrenko œuvre dans le textile, privilégiant la broderie. Céline Pagès, elle, a une démarche pluridisciplinaire avec le goût des installations.
Pour la SBM, faisant tourner l’idée de la vie en rose dans leur tête, elles ont imaginé une forêt de roses de vents… 155 au total qui vont coloniser dans les prochains jours le cœur de Monte-Carlo.
"Ces roses des vents, comme nous les avons appelées, ce sont des moulins à vent qui avec leur couleur et leur aspect évoqueront la forme de la rose, les palmes comme des pétales. Et on se sert du vent pour créer un tableau toujours en mouvement et ainsi proposer une découverte constante aux gens qui passent. Ce qui répond au cahier des charges d’apporter de la légèreté, de la joie et inviter à la déambulation."
L’installation doit démarrer ce mercredi. Plusieurs jours seront nécessaires pour positionner les 155 roses de vents de tailles différentes: les plus petites, de 40 centimètres de diamètre reposent sur une tige de 80 centimètres.
Les plus grandes, 1m20 de diamètres, culmineront sur des mâts de trois mètres de hauteur. Elles seront positionnées entre le square Beaumarchais, le jardin des Boulingrins, la place du Casino et l’avenue de Monte-Carlo.
"L’idée est que les tiges se fondent dans le décor, pour voir le moins de technique possible, seulement la poésie", plaident les artistes qui ont été accompagnées dans la conception des 155 roses par Christine Marshall et sa société, Madame Ernest.
Et elles ont même revu leur plan initial à la hausse, car le président-delégué de la Société des Bains de Mer, Jean-Luc Biamonti, séduit par le projet, souhaitait voir beaucoup de roses.
L’installation, qui ne vit pour l’instant que sur les croquis et papiers dessinés par le duo d’artiste, dégage un aspect aérien, esthétique et poétique qui n’est pas sans rappeler le travail de Christo et Jeanne-Claude à travers le monde et en particulier leurs installations de portiques à Central Park en 2005 ou celle d’une forêt d’ombrelles au Japon en 1991.
Eva Dmitrenko et Céline Pagès attestent du lien. "Évidemment le travail de Christo nous parle en un certain sens car tout ce qu’il créerait était in situ et c’est ce qui nous a motivées aussi, l’idée d’emmener l’art à l’extérieur, où tout le monde peut avoir accès."
L’une compose et l’autre coud.Photo Jean-François Ottonello.
Locataires pour six mois de l’atelier 23
Bienvenue dans l’atelier 23, leur antre pour six mois. Céline Pagès et Eva Dmitrenko bénéficient de cet espace de création jusqu’en juillet sur décision de la direction des Affaires culturelles, qui coordonne l’occupation des ateliers. Un lieu qui changera pour les deux jeunes artistes de leurs neuf mètres carrés ou elles avaient l’habitude d’œuvrer.
Ici l’espace est vaste, baigné de lumière naturelle. Aménagé par les locataires avec quelques meubles de bric et de broc et des zones bien limitées pour ne pas mélanger les processus.
Si les deux artistes ont demandé de pouvoir bénéficier d’un atelier pour mettre en commun leur pratique, la machine à coudre d’Eva se tient loin des bacs d’eau de Céline où elle développe la pâte à papier pour en extraire des feuilles colorées et singulières.
Auto-édition totale
Chacune dans leur domaine, les deux jeunes femmes ont choisi un projet commun pour marquer l’occupation de ce lieu: celui de la création d’un livre d’artiste.
Soit l’aboutissement d’une pièce qui alliera la technique développée par Céline pour produire des feuilles de papiers et celle d’Eva d’exercer sa broderie sur ces feuilles pour former un livre d’artiste.
L’assemblage et la reliure se feront à la main dans l’atelier pour un livre d’artiste en auto-édition totale.
"Notre cursus à la fois plastique et scénographique nous a conduites à remettre en question le format de l’exposition et ce projet serait une première réponse à la question : en quoi le livre peut-il être considéré comme un espace d’exposition?", argumente le duo dans sa note d’intention pour cette création. Réponse en juillet.
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