Une préparation à base de champagne et de jus d’agrumes glacé. C’est le cocktail qui a été servi à la terrasse du Café de Paris dès les premières lueurs du dimanche 5 mai à une cliente lituanienne. L’élixir devait être des plus délectables. Car cette esthéticienne de Vintimille a préféré les notes fruitées des cocktails mimosas, à l’arôme pourtant riche du traditionnel café servi au petit-déjeuner.
Il vaut mieux éviter de se prononcer sur la meilleure concordance de l’une ou l’autre boisson à pareille heure. En revanche, la ressortissante de l’État balte aurait dû penser à l’addition de l’exceptionnel breuvage. Les huit coupes avaient un coût : 163 e. Rien d’exceptionnel au niveau tarifaire dans ce « Carré d’Or ». Mais la consommatrice n’avait aucun moyen de paiement…
Pour la contraindre à s’exonérer de sa dette, la direction faisait appel aux policiers.
« Le barman m’a dit que je pouvais boire tout ce que je voulais »
« Comment avez-vous pu commander entre 8 h et 10 h toutes ces boissons alors que vous vous saviez dans l’impossibilité de payer ? », demande le président Florestan Bellinzona. La prévenue, à la barre, fournit un mélange d’explications par le biais de l’interprète. D’abord sa rencontre avec un barman. « Il m’avait assuré que je pouvais boire tout ce que je voulais », précise-t-elle au passage. Le magistrat est sceptique : « Au Café de Paris, il n’y a que des serveurs et point de barman. Au cours de la garde à vue, vous étiez fortement alcoolisée. Vous avez contesté le nombre de cocktails. Vous en auriez bu quatre seulement. À ce moment-là, vous aviez de l’argent. Mais on vous l’a volé, paraît-il, quand vous êtes partie aux toilettes… »
Les inspecteurs attendront 18 h pour interroger la jeune femme enfin dégrisée. « Aujourd’hui, poursuit le président, maintenez-vous toujours votre version des quatre verres au lieu de huit ? » Comme la célibataire de 27 ans campe sur sa « mixture », le magistrat s’interroge sur l’intérêt des employés d’annoncer un chiffre erroné. « Une facture est éditée chaque fois que l’on vous apporte une consommation commandée. C’est tout de même étrange. Vous déclarez des revenus mensuels de 10 000 e, dont un salaire d’esthéticienne de 5 000 e, et vous n’arrivez pas à payer ? »
400 € d’amende
Tout comme le président, le premier substitut Cyrielle Colle a compris le manège de la prévenue. « Non seulement vous consommez d’une manière déraisonnable, mais vous évitez de payer. Votre seule excuse, c’est le vol de votre argent. En fait, vous aviez les moyens et la possibilité de rembourser plus tard. Même sans antécédents, Madame doit comprendre qu’elle ne peut plus agir de la sorte à Monaco. »
Avant de demander une peine de 500 e d’amende, la représentante du parquet général a évoqué un fait, deux jours auparavant, où la prévenue s’était fait remarquer pour ivresse sur la voie publique. À l’issue du délibéré, le tribunal rabotera légèrement les réquisitions du ministère public : 400 e d’amende. Trois fois plus que le prix des boissons.
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