Elle est unique au monde. Découvrez la nouvelle station d'épuration de Monaco

Le prince Albert II et le p.-d.g. de Veolia Antoine Frérot ont inauguré l’extension de la station d’épuration de Monaco (UTER). Un outil unique au monde qui garantit un meilleur traitement de vos eaux usées et laisse entrevoir la possibilité de les boire un jour.

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Thomas Michel Publié le 31/01/2022 à 05:06, mis à jour le 31/01/2022 à 11:55
Le prince Albert-II a inauguré la nouvelle station d'épuration de Monaco qui est unique au monde. Photo Michaël Alési / Dir Com

Alors Prince héréditaire, le prince Albert II avait inauguré le 12 juin 1990 l’Usine de Traitement des Eaux Résiduaires (UTER) enterrée sous Le Triton, rue du Gabian. Une première mondiale en milieu urbain. Trente-deux ans plus tard, le Souverain a inauguré l’impressionnante extension de la station d’épuration de Monaco, et son pourtour.

Et là encore, c’est inédit. Après deux ans et demi de chantier, forcément impacté par la crise sanitaire, UTER, initialement implanté aux niveaux -3 et -4, a pris de la hauteur pour tutoyer la surface.

Résultat: 12.500 m2 de surface contre 7.500 auparavant. Une révolution qui aura coûté 27 millions d’euros hors taxes, dont 16 injectés par l’état. "Ce qui témoigne du fort engagement du gouvernement pour financer nos outils, même s’ils sont donnés en concession", note la conseillère de gouvernement-ministre de l’Équipement, de l’Environnement et de l’Urbanisme, Céline Caron-Dagioni.

"Une pollution d’origine domestique globalement"

Outre une augmentation des capacités d’épuration de plus de 30% (130.000 m3 par jour), la qualité des eaux rejetées en mer s’est également améliorée à des standards 40% supérieurs aux normes européennes.

"On a considérablement élevé le niveau de traitement biologique qui permet de traiter toute la pollution dissoute dans l’eau grâce à une technologie qu’on appelle MBBR", révèle le p.-d.g. de Veolia, Antoine Frérot.

De traitement biologique il était déjà question mais désormais il peut s’effectuer avec une fiabilité totale à un débit maximum de 1.800 m3/h, contre 800 auparavant.

La Principauté est-elle le réceptacle d’une pollution particulière? Non selon Manuel Nardi, directeur de la Smeaux. "C’est globalement une pollution d’origine domestique."

Les matériaux de construction faisant, eux, l’objet d’un suivi en lien avec les opérateurs, notamment sur le chantier Testimonio, pour préserver les sources naturelles de la Principauté.

À gauche: l’eau telle qu’elle arrive à la station, noire et poisseuse. À droite: lorsqu’elle ressort vers la mer, claire, limpide et débarrassée de 99% de sa pollution. Photo Jean-François Ottonello.

"D’ailleurs nous continuons à chercher des sources mais pour l’instant nous n’en avons pas trouvé", glisse Céline Caron-Dagioni. "C’est aussi notre force de ville-état cette capacité à pouvoir expérimenter. Non pas comme un savant fou mais toujours avec cet objectif de préservation de notre équilibre : urbanisation et protection de l’environnement."

"Avec cette extension, nous passons un cap énorme en termes de prévision pour demain", se félicite la ministre.

"Des populations migrent par manque d’eau. L’effet du réchauffement climatique est devant nous et l’épisode de la tempête Alex a provoqué un certain stress hydrique et des besoins de traitement plus intensifs, avec toutes les eaux charriées. L’idée est donc de se demander si demain, et dans les 10-15 ans à venir, on aura toujours cette même capacité d’eau à Monaco. Cette ressource que nous récoltons à travers l’eau de ruissellement, puisque nous sommes dans un amphithéâtre, est-ce qu’on n’aurait pas une manière plus vertueuse de l’utiliser? Nos rejets en mer sont traités à 99 %, donc comment travailler sur ce pourcent qu’il reste pour, dans une deuxième étape, voir quelle utilisation on pourra en faire. Là, on est sur la première étape qui est celle de la prise de la conscience et de l’expérimentation, pour arriver à fiabiliser ce 1% qui est notre objectif."

"Un usage noble
de l’eau"

"Pour faire un usage noble de l’eau, ne serait-ce qu’en aspersion, il faut être sûr que la filière complémentaire arrête 100% des choses, 100% du temps. Techniquement, c’est compliqué", détaille Manuel Nardi. Il conviendrait ainsi de faire des tests pour épurer "les micropolluants inventés par l’homme: pesticides, herbicides, nitrate phosphate, ammonium, et tous les résidus médicamenteux et hormonaux notamment avec le CHPG". Ce fameux 1%.

Seuls deux recrutements pour l’entretien ont été nécessaires avec l’extension tant UTER est automatisée et sous monitoring permanent. Une usine hypertechnologique où la patte humaine est indispensable, d’où l’idée de Manuel Nardi de faire inscrire à l’entrée du site une phrase du prince Albert II, lors du 15e anniversaire de sa Fondation: "La défense de l’environnement est toujours une histoire d’hommes et de femmes". Un message couplé de peintures de l’artiste Anthony Alberti.

Enfin, l’usine garde la particularité de ne renvoyer ni odeur, ni bruit. Le moindre courant d’air pouvant troubler le cycle de l’eau, les capteurs d’air sont légion. Et rien n’interdit un jour une nouvelle extension selon Céline Caron-Dagioni. "Je n’ose même pas vous dire que demain ce ne sera pas possible de l’agrandir encore parce que je pense qu’il y a trois ans je vous aurais dit que c’était impossible."

"L’objectif premier de cette station, à sa création par le Prince souverain, c’était zéro impact environnemental, olfactif et sonore." Photo Jean-François Ottonello.

Une usine que les Monégasques doivent connaître et se réattribuer

"L’objectif premier de cette station, à sa création par le Prince souverain, c’était zéro impact environnemental, olfactif et sonore. C’est tellement réussi que tout le monde a oublié qu’elle existait. On aurait peut-être intérêt à remontrer ce process, comment l’eau arrive sale et comment on la rejette dans l’environnement de la manière la plus neutre possible."

La conseillère Céline Caron-Dagioni entend donner une valeur pédagogique à l’outil UTER. "Avant de savoir s’il y a de la défiance à l’égard des eaux usées, il faudrait que tout le monde se réapproprie cette usine et comprenne comment elle fonctionne. Veolia a une expérience et des enquêtes mais Monaco est cosmopolite, avec des résidents aux sensibilités différentes, il faudrait qu’on rende cet outil à la disposition des usagers. Il fut un temps où les collégiens faisaient des visites par exemple"

Si ces dernières sont délicates pour des raisons de sécurité, elles sont envisageables par petits groupes. La jeunesse monégasque pourrait alors infuser la bonne parole. "UTER n’est pas un laboratoire expérimental mais plutôt une clé de préservation de notre avenir pour pouvoir continuer à prospérer et avoir des activités économique et humaine soucieuses de notre environnement."

Les eaux rejetées en mer contrôlées

Les rejets en mer des eaux traitées s’effectuent à 800 mètres des côtes de la Principauté depuis un émissaire immergé à 100 mètres de profondeur. Les eaux dépolluées à 99% sont propulsées dans les tuyaux à 400 m3/h minimum, soit quelques centimètres parcourus par seconde. à l’endroit du rejet, la Direction de l’Environnement prélève des sédiments et prend des clichés de la faune et de la flore.

"La Direction de l’Environnement mène des études très pointues d’impact, et notamment une campagne de sondage tous les cinq ans, précise la ministre de tutelle, Céline Caron-Dagioni. Des relevés sont effectués à l’endroit de l’émissaire pour vérifier la qualité de l’eau mais aussi de l’habitat qui s’est créé autour de cet émissaire. Aujourd’hui, les retours sont très positifs, à savoir qu’il y a un habitat qui est colonisé par des espèces habituelles de la Méditerranée, et non pas par des espèces propres aux endroits pollués. C’est même assez dense parce que ces espèces reçoivent des nutriments."

Le saviez-vous?

Le volume d’eau qui sort de l’usine pour rejet en mer est supérieur à celui consommé en Principauté. Pourquoi? Parce qu’en vertu de vieux accords de voisinage, Monaco traite gracieusement les eaux usées de Beausoleil, ainsi qu’une partie de celles de Cap-d’Ail et La Turbie.

"Entre Monaco et Beausoleil, on rejette entre 12 et 15.000 m3/jour", précise le directeur de la Smeaux, Manuel Nardi, sans avoir de maîtrise sur les flux en provenance de France. D’où aussi l’importance d’avoir augmenté la capacité de traitement de 30% avec l’extension pour parer à ces aléas.

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