Éboulement à La Turbie : 17 personnes relogées

Au lendemain de l’éboulement qui a entraîné l’évacuation de six familles, l’expert géologue préconise la réalisation urgente de travaux avant le retour des habitants dans leur logement

Article réservé aux abonnés
Publié le 29/11/2019 à 10:05, mis à jour le 29/11/2019 à 10:05
Cette villa reste interdite d’accès.
Cette villa reste interdite d’accès.

J’étais en train de regarder la télé. D’un seul coup, j’ai entendu un bruit, un choc, un gros frac. Ça a vibré dans toute la maison. J’ai cru que le store s’était détaché et était tombé. »

Bruno Manuguerra occupe l’un des cinq appartements de cette grande villa posée sur l’ancienne voie de la Crémaillère, au numéro 593, à La Turbie. La scène qu’il décrit se déroule mercredi matin. Ce chef de cuisine à Monaco se précipite aussitôt sur sa terrasse qui surplombe la mer. Il balaie l’horizon du regard mais ne voit rien.

« Tout s’est affaissé »

À ce moment-là, Bruno Manuguerra est le seul occupant de la résidence. Un jardinier, qui travaille un peu plus haut sur la colline, a vite compris ce qui vient de se passer. Un glissement de terrain a emporté un long passage aménagé en contrebas de la villa. Cette sorte de terrasse est celle d’Alain Caussinus. Il y a planté des citronniers, des orangers, des pruniers, des kakis… « Tout s’est affaissé, soupire-t-il. Regardez, le glissement de terrain a emporté quasiment toute la terrasse… »

« Mur de soutènement sous-dimensionné »

Hier matin, Alain Caussinus constate les dégâts. Il est accompagné par Jean-Jacques Raffaele, le maire de La Turbie, son directeur des services techniques et un expert mandaté par la Ville pour analyser la situation. La veille, le maire de La Turbie a pris un arrêté, ordonnant l’évacuation des cinq familles de la résidence. Le maire de Beausoleil, Gérard Spinelli, a pris la même décision, de manière préventive, concernant une famille qui vit en dessous, dans une villa du chemin de la Bordina. Deux blocs de pierre, retenus par des arbres en amont de la maison, menacent en effet de se détacher (lire ci-dessous).

Hier matin, l’heure est à l’expertise. Grégory Mesly, ingénieur géologue de la société Geolit, est sur place à 8 h. Il va devoir déterminer les causes de l’éboulement du mur de soutènement qui retenait le passage d’Alain Caussinus. Premier constat : « L’ouvrage a basculé, entraînant avec lui des blocs rocheux dont certains ont atterri sur une villa. » Une maison heureusement inoccupée, elle aussi située sur le territoire de La Turbie. Les dégâts sont toutefois minimes.

Ce glissement de terrain est consécutif aux quatre jours de pluie de ce week-end, au cours duquel 160 mm d’eau ont été mesurés. Les fortes averses de mercredi matin ont terminé le travail de déstabilisation d’un sol déjà gorgé d’eau.

« On savait que c’était risqué »

En fin de journée, l’expert livre son diagnostic. « Le mur de soutènement a été monté en enrochement, non bétonné. Il n’était pas adapté au contexte géologique, à la morphologie du terrain et au surpoids de la maison. »

Ses préconisations ? « Le volume de matériaux n’est pas stable. Il faut donc réaliser des travaux d’urgence dans cette zone. » En clair, évacuer les blocs rocheux qui menacent deux maisons, mais aussi installer une barrière de protection provisoire. Il faudra ensuite purger toute la zone et évacuer les roches et la terre.

Et pour la villa du haut ? « Avant toute chose, une étude est nécessaire pour déterminer le mur de soutènement à construire dans les règles de l’art. »

Josette et Guy Portrat, un couple installé en contrebas de la villa, chemin de la Bordina à Beausoleil, ne sont pas étonnés de ce glissement de terrain. « On habite là depuis quarante ans. À la fin des années 90, après la construction de cette villa, il arrivait que des cailloux et des rochers tombent près de chez nous. On savait que c’était risqué… »

Mercredi, le maire de La Turbie a pris un arrêté interdisant la circulation sur le chemin de la Bordina (du numéro 36 au numéro 40) et l’habitation au 38, chemin de la Bordina et au 593, chemin de la Crémaillère. Les cinq familles de la villa victime du glissement de terrain ont donc été relogées mercredi soir : six adultes et trois enfants à l’hôtel Napoléon, les deux dernières personnes hébergées chez des proches. Deux villas ont été directement menacées par l’éboulement. L’une, située à La Turbie, inoccupée, a été légèrement endommagée par deux blocs rocheux. L’autre, sur le territoire de Beausoleil, n’a pas été touchée mais la mairie, par précaution, a préféré ordonner aux occupants, une famille de six personnes, de quitter les lieux. Cette famille a été prise en charge par le Centre communal d’action sociale.

Et maintenant ? « On attend le rapport de l’expert pour décider si l’on autorise ces familles à retourner dans leur résidence ou si l’on maintient l’interdiction », répond Jean-Jacques Raffaele, le maire de La Turbie. Ce ne sera pas pour tout de suite. En bas, l’interdiction de circulation et d’occupation des deux villas sera prolongée le temps des travaux. Au minimum trois semaines. En haut, les occupants pourraient réintégrer leur logement pendant la construction d’un nouveau mur de soutènement, qui pourrait prendre des mois, dès lors que « nous aurons levé le doute sur la stabilité de la fondation », explique l’expert. Cette conclusion pourrait intervenir plus rapidement.

Alain Caussinus constate les dégâts.
Alain Caussinus constate les dégâts.
Grégory Mesly, ingénieur géologue mandaté par la Ville de La Turbie, estime que le mur de soutènement n’était pas adapté au contexte géologique.
Grégory Mesly, ingénieur géologue mandaté par la Ville de La Turbie, estime que le mur de soutènement n’était pas adapté au contexte géologique.
L’expert préconise de gros travaux.
L’expert préconise de gros travaux.
Le maire de La Turbie était sur place hier matin.
Le maire de La Turbie était sur place hier matin.

“Rhôooooooooo!”

Vous utilisez un AdBlock?! :)

Vous pouvez le désactiver juste pour ce site parce que la pub permet à la presse de vivre.

Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.