Hier, 17h18. Les vrombissantes Harley Davidson qui déboulent sur la place du Palais princier couvrent à peine le délicieux air de musette joué par un accordéoniste. Une haie d'honneur d'hommes et femmes en kilt écossais - l'habit distinctif de l'association La Sapaudia - est là pour les accueillir. Mais leurs yeux sont déjà rivés vers le second cortège. Les héros du jour. Deux cents cyclistes, en tandem ou en solo, menés par Bernard Hinault, quintuple vainqueur du Tour de France. Accueillis par le prince Albert II, drapeau à damier à la main.
Les visages sont en sueur. Marqués par ce périple à deux-roues entre Albertville et Monaco. Soit 450 kilomètres d'asphalte avalés en trente heures, de jour comme de nuit, pour la bonne cause. Pour ce défi Sapaudia Monoïkos (1), dixième du nom.
« On n'est pas là pour récolter des dons mais pour communiquer sur notre action », souffle François Chevrier-Gros, l'un des membres fondateurs de l'association albertvilloise. Mettre en lumière leur aide aux personnes en situation de handicap. Sensibiliser, surtout, au don de moelle osseuse et recruter ces fameux « veilleurs de vie ». Ou, plutôt, ces sauveurs de vie.
« Une leçon de vie »
Dans le peloton, de belles histoires nées au gré des lignes droites, virages et autres cols de montagne. Comme ce duo en tandem. Eric et Thomas, jeune handicapé d'à peine 13 ans. Benjamin et coqueluche du groupe. « Il nous a mis une super-ambiance dans le peloton. Toujours souriant, le contact facile. C'est notre petit chouchou, sourit l'aîné. De les voir comme cela, c'est une leçon de vie. J'ai un respect immense pour tous ces jeunes handicapés. En les voyant, il faut être humble et ne pas se plaindre pour le moindre bobo. »
« Acte simple et altruiste »
Plus loin au milieu de personnalités éminentes du monde du sport (2), Ludivine ne peut s'empêcher de verser une petite larme. Au compteur de cette quadragénaire : 260 kilomètres. Une victoire sur la vie, elle qui souffrait jadis d'une leucémie. « J'ai été greffée de moelle osseuse le 6 février 2009. Sans ce don de vie, sans cet acte simple et altruiste, je serai décédée, lâche-t-elle. Ce jour-là, c'est une nouvelle date de naissance pour moi. Car je n'ai plus le sang de mes parents mais celui de mon donneur. Ce périple, je l'ai fait avec le frère d'un ami décédé. Et pour tous ceux qui attendent à l'hôpital. Je n'ai qu'une chose à dire : n'attendez plus pour donner ! »
Sur un bout de carton, une femme tend un mot. « Le don des uns transforme la vie des autres. »
Le slogan, le credo même, de la Sapaudia.
Ludivine en est la preuve vivante.
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