Deux eurodéputés italien et français unis à Vintimille
Les élus européens Jean Arthuis et Daniele Viotti se sont rendus à la frontière franco-italienne, vendredi, pour prendre le pouls de la situation migratoire. Et tâcher de soumettre des solutions
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Publié le 14/05/2018 à 05:06, mis à jour le 14/05/2018 à 05:06
Daniele Viotti et Jean Arthuis se sont tout de suite rendus au camp de la Croix rouge.
Encore une visite politique, sinon politicienne, à la frontière franco-italienne ? Oui… et non. Car il est rare de voir deux eurodéputés - un Français, un Italien - partir à la jonction entre les deux pays, dans une même foulée, pour observer ce qu'il se passe concrètement en termes de migration. Aux deux points névralgiques que sont Bardonècchia et Vintimille, en l'occurrence.
Vendredi, le Démocrate italien Daniele Viotti et l'ancien ministre (proche du président) Jean Arthuis - accompagné d'un cortège de centristes des Alpes-Maritimes - sont ainsi partis à la rencontre des maires et des associations qui viennent en aide aux migrants.
Contrôle total impossible
C'est en fin d'après-midi qu'ils sont arrivés au camp de la Croix rouge de Vintimille, où le maire, Enrico Ioculano, les attendait. Au programme : visite des lieux, et interrogatoire. De la bouche du jeune élu de Vintimille, les eurodéputés apprennent que les migrants restent rarement plus de dix jours ici. Qu'ils ont bien souvent foulé le sol de la Sicile ou de Lampedusa quatre à cinq jours avant leur arrivée à Vintimille. « Ils ont déjà des informations avant de venir ici », souligne Enrico Ioculano. Pour qui les choses sont très claires : « c'est impossible d'avoir un vrai contrôle sur la frontière ».
Les visiteurs se rapprochent de deux Pakistanais, en vue de comprendre leur situation. « Je veux rester ici et demander l'asile, leur explique Hussein Insaf. J'ai rencontré des problèmes dans mon pays. Je suis peintre en bâtiment, j'aimerais pouvoir trouver un travail ici. » Questionné sur le sujet, il dit ne pas être passé par le sud de l'Italie. Mais par la Grèce, depuis la Turquie. Son épopée lui aurait coûté 7 000 euros au total. Une somme qu'il dit devoir rembourser.
Jean Arthuis - président de la commission des budgets au Parlement européen, dont son camarade italien fait aussi partie - exprime tout haut la question qui le taraude : « Où trouvent-ils cet argent ? »
À côté du petit groupe, une famille - avec enfant - fait scanner le badge où figure l'identité de chacun pour pouvoir sortir.
Les élus leur emboîtent le pas.
Mené par le maire de Vintimille - en Vespa - le cortège reprend la route vers le quartier de la Gianchette. Là où les associatifs français et italiens continuent à organiser des maraudes hebdomadaires. Là où un camp informel vient d'être démantelé.
« C'est très difficile, c'est un problème trop gros pour nous, les apostrophe Mario, du comité de quartier. Nous n'avons rien contre les migrants, ce sont des gens comme nous. Mais il y en a eu jusqu'à 1 200 ici. Et quand on les voit au bord d'une rivière, c'est honteux. » Si le problème est en partie réglé à Vintimille - pour le moment - Mario craint que le phénomène ne reprenne de plus belle avec l'arrivée de l'été.
Au niveau de l'église - qui accueillit des migrants durant 440 jours - il fait remarquer au prêtre, Don Rito, qu'il n'y a pas eu de dialogue avec le quartier. « C'était une situation d'urgence… » lui répond le religieux.
Calepin bleu rempli de notes à la main, Jean Arthuis partage ses deux constatations : « La frontière est une passoire. Et il existe des sortes de shadow banking. Desréseaux financiers alternatifs… »
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