Elle s'agite dans tous les sens, Florie Castellana. Navigue de l'arrière du bar aux tables. Briefe les barmen sur la composition de ses recettes. Porte des bouteilles de liqueur, d'eau-de-vie, de whisky. 100 % insulaires. Frêle silhouette blonde à la peau diaphane, en mouvement perpétuel. À en donner le tournis à des glaçons dans un shaker…
Qu'importe. La jeune Mentonnaise de 23 ans respirera plus tard. Tout devait être parfait pour « le » lancement, jeudi soir, au Sablettes Beach.
Les ingrédients du succès sont là. Il y a, à toutes les lèvres, les cocktails qu'elle a imaginés. Savoureux et savourés. Il y a aussi la famille, les amis, fans des créations de la mixologiste dès la première heure. L'aquarelliste, Gérard Haton-Gauthier, complice. Et surtout, les livres. Tout chauds, reçus l'après-midi même. Piles noires. « Le noir que portent les femmes corses et ce tissu en lin que ma grand-mère utilisait pour protéger son livre de recettes », glisse, entre deux allers-retours, la jeune fille.
Aux bons goûts de myrthe et de cédrat
Dans son premier carnet de recettes de cocktails réalisables par tous, Florie a mélangé sa passion pour son métier - elle est barmaid au Buddha-Bar à Monaco - avec sa terre d'origine, la Corse.
Du délicieux myrtus, ode à l'arbuste typiquement insulaire à la Piña Corsica (au Cap Corse et acquavita de raisin), en passant par le Cala rosa, en référence à la plage du golfe de Porto-Vecchio ou le Mojito nustrale, dans lequel le whisky P&M vintage vient remplacer le rhum…
Le « Signature-Cocktails de Corse » de Florie Castellana est un livre de voyage qui fait la part belle aux alcools de son île. À la Cedratine de Mattei, à la Pietra aux liqueurs de myrthe, de cédrat et de châtaigne de Mavela… « Je veux faire partager aux autres le pouvoir de ces alcools, leur histoire. Comme on partagerait un bon plat… »
Florie a commencé à composer avec ces saveurs il y a trois ans. En 2013, elle crée un bar éphémère pour le festival Porto Latino à Saint-Florent. Et imagine une série de cocktails autour des plus célèbres alcools de l'île.
Le festival se termine. Mais les spiritueux insulaires ont comme un goût de "reviens-y". Il y a quelque chose de plus à faire autour de cela.
Un livre, assurément. Elle invente des recettes. Une trentaine. Appelle l'aquarelliste Gérard Haton-Gauthier. Un ami de la famille. Qui exposait ses œuvres à l'hôtel de ses parents, le Paris-Rome, quand Florie était toute petite.
« Ce qui m'a plu dans son projet, c'est que Florie est courageuse et qu'elle se bouge pour faire vivre son talent, souffle l'artiste installé à Roquebrune. Avoir une telle niaque à 23 ans, c'est rare ! »
Sa passion sera encore au rendez-vous quand elle choisira de financer son ouvrage via le financement participatif sur la plateforme Ulule. « Un succès ! J'ai dépassé mes prévisions », sourit Florie qui voit déjà plus loin. Sur des carnets, elle note des nouvelles recettes pour un futur tome II. « Plutôt à destination des barmen, cette fois… » Puis il y a les master classes de mixologie corse à donner à Paris et à l'étranger. Et, peut-être plus tard, un lieu "à elle" à trouver. « Pourquoi pas. » Ça coulerait presque de source…
Aurore Harrouis
commentaires