Des Grimaldi enterrés à Villars-sur-Var

L’histoire commence par la jeune Astruga de Beuil, héritière du comté de Beuil. Elle ne peut régner seule. En 1315, elle se marie avec Andaron Grimaldi, frère de Rainier 1^er de Monaco.

"Il s’agissait de deux frères: l’un a pris le comté de Beuil et l’autre a été seigneur de Monaco. Nous sommes entrés dans les sites historiques des Grimaldi de Monaco, car les Grimaldi de Beuil sont leurs cousins germains", explique Carole Borrelli.

Elle est première adjointe à la mairie de Villars-sur-Var et porte-parole du travail des historiens (lire ci-contre).

Des bribes du château à voir

À partir de 1388, l’acte de dédition de Nice et du Pays niçois à la Savoie prend forme. Villars-sur-Var tombe sous la dépendance de la maison de Savoie.

Cousin des seigneurs de Monaco, Jean Grimaldi a aidé le comte de Savoie a donc aidé à s’emparer de la région. En reconnaissance de ses actions, il obtint une vingtaine de fiefs dont celui de Villars-sur-Var qui devient la capitale des territoires de Beuil.

Mais à partir de 1412, les Grimaldi se révoltent. En réponse, la Savoie décide de détruire leurs châteaux, dont celui de Villars-sur-Var.

Quelques bribes du "château de l’Espéron" – comme un morceau de tour, en face de la chapelle Sainte-Brigitte – sont retrouvées dans des broussailles.

D’ailleurs, aujourd’hui, en flânant dans le village, il n’est pas rare de voir des pierres de taille dans les encadrements de portes et fenêtres: il y a des chances pour que la pierre vienne du château!

"Les Villarois n’avaient pas de pierres de taille, seuls les nobles argentés en disposaient", accentue Carole Borrelli. Une demeure seigneuriale renaissance a été construite en 1415, par Jean Grimaldi, à l’emplacement du château détruit. Elle est toujours présente.

Et l’histoire des Grimaldi de Beuil est tellement liée avec Villars-sur-Var que les membres de cette famille sont enterrés sous l’église de Villars-sur-Var. Le Baron de Beuil s’était installé à Villars -sur-Var et a voulu se faire ensevelir devant l’autel de Saint-Joseph dans l’église de Villars. "Tout le village était enterré sous les dalles de l’église. Mais, au pied de la colonne en marbre, devant l’autel Saint-Joseph, c’était l’endroit des Grimaldi", précise l’élue.

Puis, tous les descendants des Grimaldi ont été enterrés là, jusqu’à la création du cimetière en 1728 dans le champ du paradis. Il donna son nom à la rue du Paradis.

"Un des plus grands retables des Alpes-Maritimes"

Autre fait qui marque l’histoire du village: Honoré de Grimaldi tombe malade. Pour implorer sa guérison, il commande la statue polychrome de Saint-Jean et le retable pour l’y accueillir.

"C’est un des plus grands retables des Alpes-Maritimes: 4 x 3m. Qui est l’auteur du tableau? Mystère", soutient Carole Borrelli.

"C’est une œuvre collective, dans laquelle on peut assurer la participation d’Antonio Ronzen pour le panneau central (...). Les deux panneaux qui l’encadrent peuvent être attribués à l’atelier des Bréa", avance Luc Thévenon, historien et conservateur en chef du patrimoine. Pour le reste: "Aucune attribution sérieuse n’a été formulée", conclut-il.

Finalement, Honoré est sauvé et il vient inaugurer l’œuvre en 1524.

 

Mairie de Villars: 04.93.05.32.32

En vue d’adhérer à l’association des sites historiques de Monaco, Carole Borrelli, première adjointe à la mairie de Villars-sur-Var, a synthétisé l’histoire qui lie Villars à la famille Grimaldi. Son travail est notamment extrait des Chroniques de Villars-sur-Var, supervisé par Michel Bourrier, en partenariat avec les archives locales. L’historien et conservateur en chef du patrimoine, Luc Thévenon, a également participé à ce projet. Le résultat a été remis à l’archiviste du palais de Monaco, chargé de vérifier la véracité des propos. Les plaques officialisant l’entrée de Villars-sur-Var dans les sites historiques des Grimaldi ont été reçues. L’inauguration est prévue en 2024, pour fêter les 500 ans de la statue polychrome de Saint-Jean et son retable.