"Des cas très préoccupants": la question du logement à Monaco continue d'inquiéter les Enfants du Pays
La présidente de l’association, Géraldine Motillon, tire la sonnette d’alarme. Les avis d’expulsion sont de plus en plus fréquents et touchent de nombreux "Enfants du Pays".
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Anne-Sophie COURSIERPublié le 23/03/2023 à 10:23, mis à jour le 23/03/2023 à 10:36
Le projet d’un immeuble dédié aux Enfants du Pays pourrait voir le jour au numéro 5 Louis-Auréglia. L’association n’a pas eu d’informations de la part du gouvernement princier depuis un an. En avril dernier, ce dernier confirmait cependant sa réalisation.Photo A.-S. C.
"La situation est devenue assez dramatique." L’association Les Enfants du Pays, qui vient de tenir son assemblée générale, est en alerte. Par la voix de sa présidente, Géraldine Motillon, elle s’inquiète fortement des avis d’expulsion de plus en plus fréquents en vue de nouvelles constructions d’immeubles. "Lorsque les Enfants du Pays doivent quitter leur logement parce qu’un promoteur privé va réaliser en lieu et place de son logement un immeuble, ceux qui y résident ont six mois pour retrouver une location. Ce qui est quasiment mission impossible. Aujourd’hui, il y a des cas très préoccupants avec des situations compliquées."
Parfois obligés de quitter leur pays
Beaucoup doivent alors quitter le pays pour trouver un toit. "Nous le signalons systématiquement au Conseil national et nous demandons aux membres qui reçoivent une note avisant la vente de l’appartement qu’ils louent de contacter le gouvernement pour savoir si l’État ne peut pas préempter. Beaucoup d’appartements ont été achetés par l’État monégasque qui est à notre écoute."
Les Enfants du Pays ont d’autant plus intérêt à le signaler rapidement que l’État peut, selon l’article 3 de la loi sur la sauvegarde du secteur protégé, trouver une solution de relogement. "Le locataire d’un immeuble qui va être détruit dispose en effet du droit d’être relogé par l’État. Il faut avoir ce réflexe de prévenir le gouvernement et le Conseil national", rappelle la présidente.
Un immeuble de 30 logements dédiés
Pour autant, si les Enfants du Pays bénéficient de ce droit, se loger reste complexe pour la plupart d’entre eux. C’est pour cette raison que l’association tient tant au projet de construction Les Lucioles et qu’elle en espère beaucoup. Il s’agit d’un immeuble qui leur serait dédié, 5 rue Louis-Auréglia, à l’image des logements domaniaux réservés aux Monégasques. "Pour nous, ce serait une belle et grande avancée. Un symbole fort également. En avril dernier, le gouvernement nous confirmait le projet des Lucioles. Seulement depuis, plus de nouvelles."
La construction de 30 logements serait essentiellement composée de F3 et de F4. "Il y a un an, il était question de lancer une étude préalable au projet de construction mais aucun retour de cette étude n’a pour l’instant été réalisé."
Un échange avec le Conseil national
Le 7 mars dernier, Géraldine Motillon rencontrait Maryse Battaglia, élue au Conseil national et présidente de la commission du Logement. Qui n’a pas pu lui fournir plus de précisions. "Nous avons cependant pu faire un point avec elle. Et elle va faire une demande pour recueillir des informations à ce sujet."
Lors de cette rencontre, Maryse Battaglia a annoncé qu’un état des lieux sur le secteur protégé allait être réalisé, "afin de connaître le nombre exact d’appartements disponibles et nous aider".
Actuellement, de nombreux Monégasques sont en train d’intégrer les immeubles domaniaux réalisés par l’État et libèrent ainsi des logements du secteur protégé. "Il va y avoir une bouffée d’oxygène. Mais nous sommes encore obligés d’attendre un ou deux mois pour connaître précisément les appartements qui seront disponibles."
Maryse Battaglia a en outre proposé à l’association d’établir la liste, avec les adresses, de tous les Enfants du Pays qui doivent quitter prochainement leur logement à la suite de projets immobiliers dans le secteur privé. "Elle souhaite voir ce qui s’y passe précisément et trouver des solutions adaptées."
Les personnes concernées peuvent envoyer un message via la page de l’association. "Il est important que nous répondions à cette demande. Elle peut nous permettre d’avancer sur la question cruciale du logement pour les Enfants du Pays", conclut Géraldine Motillon.
La présidente de l’association a apprécié que les membres viennent nombreux assister à l’assemblée générale.Photo A.-S. C..
Une avancée pour les aînés placés en EHPAD en France
Pour Géraldine Motillon, il s’agit d’une petite victoire même si elle reste partielle. Les Enfants du Pays ont obtenu du gouvernement que leurs parents hébergés en France en maison de retraite gardent leur carte de séjour monégasque.
Voici deux ans, les membres des Enfants du Pays ont fait le constat que de nombreuses personnes âgées de Monaco étaient dans l’obligation de partir pour entrer en maison de retraite en France.
"Monaco n’est pas assez doté de ce type d’établissements, il n’y a pas de maison de retraite pour eux, précise Géraldine Motillon. Le problème c’est qu’en quittant le pays, nos aînés perdaient au bout de six mois la carte de séjour et tous les droits qui vont avec, dont les droits monégasques de succession."
Il y a un an, Géraldine Motillon sollicitait le gouvernement princier en ce sens. "J’ai demandé si ce qui est fait pour nos enfants actuellement ne pouvait pas l’être également pour nos parents. À savoir, aujourd’hui, même si les enfants font leurs études en France, ils sont toujours domiciliés à Monaco. Nous avons demandé si l’on ne pouvait pas appliquer ce même principe pour nos aînés: que ces derniers, partis en maison de retraite en France, soient domiciliés chez leurs enfants."
Géraldine Motillon a reçu il y a quelques jours une réponse. Par un courrier, le gouvernement indique que les résidents de la Principauté qui seraient admis en établissement d’hébergement pour personnes dépendantes en France, notamment dans les Alpes-Maritimes, conserveraient leur carte de séjour, à condition de justifier d’un lien de rattachement avec la Principauté.
"Le gouvernement accepte donc que les aînés qui vivent en France puissent garder leur carte de séjour, et avec elle, le certificat de domicile et les droits monégasques successoraux. Mais à une condition, celle de garder un logement à Monaco. C’est une petite victoire mais elle n’est pas suffisante. Nous aimerions que nos parents puissent être domiciliés chez leurs enfants. Cela éviterait aux familles d’être étranglées financièrement puisqu’aujourd’hui elles doivent payer et la maison de retraite et le loyer."
Le chiffre
3.000. C’est le nombre d’Enfants du Pays à Monaco estimé par l’association. Ce statut a été acté par une loi en juillet 2021. Est Enfant du Pays toute personne de nationalité étrangère, née à Monaco et qui y a vécu toute sa vie.
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