De l'eau, de l'air… et de la technologie

« La neige de culture, résume Serge Ferreri, le responsable développement et aménagement d'Auron, ce n'est que de l'eau de source que l'on boit et de l'air que l'on respire ».

Article réservé aux abonnés
Publié le 25/01/2016 à 05:13, mis à jour le 25/01/2016 à 05:13
Franck Fernandes

« La neige de culture, résume Serge Ferreri, le responsable développement et aménagement d'Auron, ce n'est que de l'eau de source que l'on boit et de l'air que l'on respire ». Les adjuvants synthétiques encore utilisés aux États-Unis pour fabriquer des flocons ont depuis longtemps été bannis en France. Le coût pour l'environnement de cette alchimie de l'or blanc n'est pas neutre pour autant. Car, si la matière première se trouve dans la nature, il faut néanmoins beaucoup d'énergie pour la transformer en neige.

Il faut tout d'abord puiser l'eau qui deviendra flocon. Pour cela, Auron dispose de forages qui descendent à 250 mètres sous le Riou, l'une des sources qui alimente la station pour sa consommation courante. L'eau qui n'est pas bue est d'ailleurs récupérée pour alimenter également les canons. Rien ne se perd.

Cette eau est stockée dans des retenues collinaires. Pour la hisser jusqu'à ces lacs artificiels il faut jusqu'à 60 bars de pression, c'est-à-dire vingt fois la pression de l'eau qui sort de votre robinet. On utilise donc de grosses pompes.

Mais, une fois stockée dans ces lacs artificiels il faut éviter qu'elle gèle. Pour cela on injecte de l'air comprimé au fond des lacs. Les bulles d'air ont un double effet. Elles poussent vers la surface les nappes d'eau qui se sont réchauffées en passant dans les pompes tout en évitant qu'elles gèlent au contact de l'air puisque l'eau est toujours en mouvement. Comme dans un jacuzzi.

De l'air il en faut beaucoup. Les premiers canons en consommaient 600 m3 pour transformer en neige un petit mètre cube d'eau. Ceux de dernière génération ont divisé par 20 ce ratio. Mais pour que l'eau pulvérisée par les canons se transforme en flocons au contact de l'air il faut d'abord inséminer chaque gouttelette. Comme une huître perlière à besoin d'un grain de sable pour y déposer sa nacre, il faut un support à la cristallisation du flocon.

Autrefois on utilisait un adjuvant chimique pour fixer la neige. On se contente désormais de microbilles de glaces pulvérisées par le canon en même temps que l'eau et l'air. Cette étape s'appelle la nucléation.

La facture énergétique d'une telle culture est néanmoins considérable. Les 360 canons d'Auron consomment près de 500 000 euros d'électricité par saison. Pour réduire la note, les constructeurs comme les stations redoublent d'ingéniosité.

Avant les 50 km de tuyauterie qui courent sous le domaine étaient systématiquement purgés pour éviter le gel. A chaque utilisation il fallait donc réarmer le système en eau. Un système de microfuites programmées évite désormais ce coût inutile. De temps en temps de petites quantités d'eau sont volontairement relâchées. Ces fuites permettent de faire circuler l'eau dans les tuyaux qui du coup ne gèlent pas.

Pour réduire l'épaisseur de neige nécessaire on travaille également les pistes avant la saison. Le but est d'éliminer les obstacles à recouvrir comme les pierres.

Mais il suffisait d'une bonne pluie pour que la terre ravine et que les cailloux réapparaissent.

A Auron on a trouvé une solution bio : on sème de la pelouse. Près de 65 000 euros de graines ont ainsi été plantées cette année.

Mélangées à une pâte de cellulose elles permettent de fixer la terre… et la neige.

L'évolution de la technologie et le système D augmentent sans cesse l'efficacité des canons. Il reste toute fois une contrainte naturelle qu'il paraît bien difficile à contourner : la température. Pour produire de la neige il faut que le thermomètre chute en dessous de zéro. Le domaine skiable est d'ailleurs équipé de 130 stations météos qui permettent de régler les canons presque un par un pour accroître au maximum leur productivité.

On n'arrête pas le progrès lorsqu'il est lancé tout schuss !

“Rhôooooooooo!”

Vous utilisez un AdBlock?! :)

Vous pouvez le désactiver juste pour ce site parce que la pub permet à la presse de vivre.

Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.

Monaco-Matin

Un cookie pour nous soutenir

Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.

Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.

Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.