Connaissez-vous l'histoire de la cathédrale de Monaco, construite après un chantier de 28 ans?
Si les Journées du patrimoine avaient été maintenues, la cathédrale aurait fait partie du programme des visites. À défaut, nous vous racontons l’histoire de ce bâtiment érigé entre 1875 et 1903.
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André PEYREGNEPublié le 27/09/2020 à 11:40, mis à jour le 27/09/2020 à 11:41
La cathédrale au début du XXe siècle. (DR)
Elle se dresse, majestueuse, au sommet de son escalier de pierre blanche, présentant sur sa façade cette superposition d’arcades, de colonnades, de décrochements et de renfoncements qui caractérisent son architecture d’inspiration byzantine.
Au moment de sa création, à la fin du XIXe siècle, le style romano-byzantin est en vogue, comme en témoignent la cathédrale de Saint-Raphaël ou Notre-Dame de la Garde à Marseille. Son architecte, Charles Lenormand, était pourtant connu pour le style néo-gothique de l’église Notre-Dame qu’il avait construite à Nice.
Jadis, à la place qu’occupe la cathédrale, se trouvait l’église Saint-Nicolas, bâtie en 1252. On peut voir les vestiges de celle-ci, dans la rue adjacente - et en particulier la cloche qui sonna le 17 novembre 1641, lorsque le prince Honoré II mit dehors les derniers gardes espagnols qui occupaient son palais.
L’église St-Nicolas, avant la cathédrale. (DR)
Cérémonie grandiose pour la première pierre
C’est le 6 janvier 1875 que le prince Charles III pose la première pierre. Le prince qui avait édifié le Casino et l’Hôtel de Paris à Monte-Carlo, voulait également construire une cathédrale digne de la Principauté.
Vue ancienne du Rocher sans la cathédrale. (DR)
La cérémonie de la première pierre est grandiose. Ouvrons le Journal de Monaco: "Un soleil splendide, une température printanière ont favorisé cette fête dont les pompes religieuses et officielles se sont accomplies au milieu du concours de la population entière et d’une grande affluence d’étrangers. Depuis plusieurs jours de nombreux ouvriers sous la direction de M. Lenormand, l’architecte du futur monument et des ingénieurs de la Principauté, travaillaient aux préparatifs de la solennité."
"Des mâts vénitiens portant des oriflammes aux couleurs nationales et ornés de larges écussons aux armes princières traçaient le périmètre de la vaste basilique. À l’endroit où sera plus tard le maître-autel, était dressé, au milieu de massifs de plantes et de fleurs, un riche autel provisoire recouvert d’un large et élégant velarium. À gauche s’ouvrait l’excavation creusée pour la première pierre qu’une grue gigantesque enguirlandée de feuillages retenait sur des étais ; à côté avait été disposée l’estrade où devaient prendre place les Officiers et Dignitaires de la Maison du Prince. À droite se trouvaient les sièges destinés aux membres du clergé, aux autorités et fonctionnaires, ainsi qu’une seconde estrade pour les dames et les étrangers de distinction (sic). Derrière les autorités, l’excellent orchestre de la Société des Bains occupait un vaste amphithéâtre recouvert d’une immense tente. À 2 heures, une salve de 7 coups de canons, annonçait le commencement de la cérémonie. Mgr Theuret procéda solennellement à la bénédiction et à la pose de la première pierre. Le prélat parcourut dans toute son étendue la future basilique et en bénit le sol, s’arrêtant à plusieurs stations indiquées par des croix ornées de fleurs et revint à l’autel pour y achever la cérémonie…"
Un nouveau prince, un nouvel évêque
Les travaux peuvent alors commencer. Ils vont durer vingt-huit ans, et sont achevés en novembre 1903.
Entre-temps, en 1889, le prince Charles III était mort, son fils Albert Ier lui avait succédé. L’évêque Charles Theuret était décédé, lui aussi, en 1901.
Le Vatican fait coïncider la fin des travaux de la cathédrale avec l’arrivée du nouvel évêque, Jean-Charles Arnal du Curel. Cette arrivée, le 12 novembre 1903, est un événement dans la Principauté. Les Monégasques découvrent la tête chauve et le bon visage de leur nouveau prélat.
Rouvrons le Journal de Monaco: "Le nouvel évêque a fait, jeudi dernier, son entrée solennelle dans la Principauté. Mgr du Curel a été reçu en gare par une délégation officielle. Tout le monde a pris place dans des landaus qui se sont dirigés par l’avenue de la Gare vers l’avenue de la Porte-Neuve, au milieu d’une foule considérable. À la Porte-Neuve, où un autel a été dressé, le cortège s’arrête ; l’évêque revêt les ornements et insignes sacerdotaux, puis il prend place sous un dais, et la procession, escortée de carabiniers en grande tenue, s’achemine par la rue de Lorraine vers la cathédrale. Sur le perron de notre église métropolitaine sont rangés les autorités civiles et militaires en grand uniforme, ainsi que le corps judiciaire en robe…"
Étonnement et admiration
L’un des retables de Bréa dans la cathédrale. (DR)
Le nouvel évêque et la Principauté prennent alors possession de leur cathédrale. Le cortège des officiels suivi de la foule des fidèles pénétra dans la nef profonde surmontée d’arches byzantines, découvre la coupole qui domine le chœur, se répand dans les travées. L’édifice suscite étonnement et admiration.
Désormais se dérouleraient ici les grandes manifestations religieuses de la Principauté. Il fallait toutefois attendre que l’édifice fût consacré. Cette consécration ne vint que le 11 juin 1911. La cathédrale fut dédiée à Notre-Dame Immaculée. La cérémonie fut présidée par Mgr Béguinot, évêque de Nîmes, assisté des évêques de Vintimille et de Monaco.
Désormais, tel un phare dressé au haut du Rocher, la cathédrale proclamerait dans le ciel méditerranéen, pour les siècles à venir, la foi de l’État catholique de Monaco.
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