Commissaires de père en fils

Daniel Allain est commissaire de piste pour l’Automobile club de Monaco depuis bientôt trente ans. Une passion qu’il a transmise à ses deux fils, qu’il retrouve chaque année sur le circuit

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Ludovic Mercier Publié le 26/05/2019 à 10:13, mis à jour le 26/05/2019 à 10:13
Daniel a transmis la passion de l’automobile à ses deux fils, sans jamais les forcer. Aujourd’hui, ils se retrouvent chaque année sur le tourniquet monégasque.
Daniel a transmis la passion de l’automobile à ses deux fils, sans jamais les forcer. Aujourd’hui, ils se retrouvent chaque année sur le tourniquet monégasque. L.M.

On dit souvent que la passion de l’automobile est un virus. Que ça se transmet. En l’occurrence, de génération en génération. Pour Daniel Allain, arrivé sur la Côte d’Azur au début des années 80, l’histoire a commencé dans le Poitou. « J’ai grandi à côté du circuit du Vigean. J’ai passé toute mon enfance là-bas. » Sont-ce les vapeurs d’essence ou le parfum de la gomme brûlée qui l’ont enivré ? L’histoire ne le dit pas. Une chose est sûre : « Ça fait partie de moi, de mon âme depuis toujours ! » Pendant des années, la F1, ce sera à la télé.

Quand il arrive sur la Côte d’Azur, et qu’un collègue lui propose de venir voir le Grand Prix de Monaco, il saute sur l’occasion. « C’était formidable ! Je me suis dit qu’il fallait que j’y participe. » Déjà, il traîne son épouse dans les tribunes du tourniquet monégasque, et elle aussi est contaminée : « Aujourd’hui, c’est elle qui est plus accro que moi. Elle ne loupe rien. » Le début d’une épidémie ?

Graines de commissaires

Au début, la mayonnaise ne prend pas vraiment avec ses deux fils, nés en 1979 et 1984. « C’était le dimanche après-midi, à la télévision, je n’aimais pas trop ça, j’allais plutôt jouer dans mon coin », se souvient Cyrille, l’aîné. Même son de cloche chez Emmanuel, son frère. Et puis en 1990, une opportunité se présente à Daniel : « J’avais un copain qui était commissaire de piste. Je me suis dit que ça me plairait bien. Il a dit qu’il s’occupait de tout, et il m’a inscrit. »

Depuis, il n’en a pas manqué un seul. « Même quand j’ai eu un accident de moto et que mon genou a doublé de volume, j’étais là le dimanche. Je suis allé à l’hôpital après. »

À ce moment-là, l’Automobile club lui fournit des places pour sa famille : « C’était beaucoup mieux qu’à la télé ».

Quand ils grandissent, ses deux fils présentent leur candidature, sans piston : « J’aurais pu dire à l’ACM que c’étaient mes fils, mais je n’ai rien dit. Ils ont tout fait tout seul. » Cyrille complète : « Avec plus ou moins de succès. En 1998 quand j’envoie ma candidature, on me dit qu’il y a 60 personnes devant moi sur la liste d’attente. Alors j’ai laissé cela de côté le temps de mes études, et je suis parti en région parisienne. »

Son frère Emmanuel a plus de chance : « En 2003, j’ai fait ma lettre, et j’ai été pris tout de suite. C’était le bon moment, car il n’y avait que des anciens en poste. » Quelques années plus tard, son frère revient : « J’ai trouvé un emploi à Antibes, je me suis tout de suite inscrit. Et quand je suis reparti en région parisienne, l’Automobile club a très bien compris, et m’a dit qu’il n’y aurait aucun problème, tant que j’étais assidu. »

Aujourd’hui, le groupe de construction dans lequel il fait des calculs de structure, comprend très bien quand il demande des disponibilités : « Je prends un gros week-end pour le stage, et la semaine entière pour le Grand Prix, histoire de pouvoir monter en pression. »

Expérience valorisée

Loin d’être un handicap, cette expérience, que leur père a contribué à forger, est un atout professionnel : « On prend des responsabilités, des risques, il y a de la passion, ça interpelle toujours mes interlocuteurs », confie Cyrille. Emmanuel, employé à la mairie d’Antibes, raconte : « Je n’ai jamais fait un entretien professionnel sans qu’on me parle de mon rôle de commissaire de piste à Monaco. Il y a une notion de responsabilité et de prestige. »

Depuis sa retraite, Daniel s’investit à fond dans les événements de l’Automobile club : « C’est une vraie chance. »

Ces trois gaillards ont le sourire vissé aux mâchoires. Il y en a un qui a les yeux qui brillent un peu plus que les deux autres : « Je suis très fier de mes deux fils. »

Peut-être que, eux aussi, à leur tour, transmettront la passion du Grand Prix. Pour l’instant, seul Emmanuel est père d’une petite fille : « Elle n’a pas encore 2 ans, alors elle n’en dit pas grand-chose pour l’instant. Mais à l’avenir, qui sait ? Il y a de plus en plus de filles dans le corps des commissaires de piste ! »

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