
Des adaptations et beaucoup d’imagination ont permis aux personnels de réa de faire front.
Comment le service de réanimation du CHPG fait face au Covid-19 à Monaco
Le 20/04 à 22h00 MàJ 20/04 à 21h44La médecine de crise, elle connaît bien, Isabelle Rouquette-Vincenti. Ce professeur de médecine, qui dirige actuellement le service de réanimation du Centre hospitalier Princesse-Grace, a été médecin militaire pendant trente ans.
Construire un bloc opératoire en milieu dégradé – sous des tentes, dans la boue – ou des hôpitaux dans des écoles pendant un conflit armé, notamment en Yougoslavie, elle sait faire. Alors, adapter la "réa" du CHPG à l’épidémie de Covid-19 n’a pas été une révolution pour ce médecin expérimenté.
Il n’empêche, le Pr Rouquette-Vincenti est très fière de son équipe qui s’est entièrement mobilisée, et continue de l’être, pour faire face au coronavirus. Et qui a su faire preuve d’ingéniosité pour s’adapter et innover.
Voici quatre illustrations qui en valent cent.
1. Création de 24 lits de réanimation
Mine de rien, c’est un petit exploit. En quelques jours, le service de réanimation du CHPG a dû armer vingt-quatre lits.
"La capacité habituelle de la réa est de huit lits. Avec l’arrivée de la vague épidémique, nous avons réévalué la taille du service au regard de notre bassin de population de 135.000 personnes. Nous avons ainsi dû créer 24 lits de réa en des temps records et déplacer la réa traditionnelle dans l’unité des soins intensifs de cardiologie", expose le Pr Rouquette-Vincenti.
2. La formation de 150 soignants
En temps normal, le service de réanimation à huit lits compte près de quarante personnels soignants, dont vingt médecins anesthésistes réanimateurs.
Alors, forcément, pour faire tourner une réa trois fois plus importante, il a fallu former du personnel provenant d’autres services.
"Quatre médecins anesthésistes n’ont fait que ça pendant une semaine", expose la cheffe de service. Avec l’aide de vidéos et de tutoriels, ils ont formé médecins, infirmières, aides-soignantes et autres brancardiers.
Dans une chambre de simulation, ils leur ont aussi appris à s’habiller, intuber un patient avec un respirateur tout en se protégeant, à retourner le malade.
3. Des masques et des visières
"Nous avons fait le maximum pour protéger les soignants", indique le Pr Rouquette-Vincenti.
Comment? En équipant tous les soignants de réa de la casaque de bloc imperméable. En dotant chaque lit de réa d’une visière de protection en plastique rigide, réalisée par la société monégasque MC-Clic sur ses imprimantes 3D. En adaptant les fameux masques de plongée de Décathlon aux soignants et aux patients.
"Il suffit de changer les valves du masque pour protéger le soignant ou ventiler le patient", explique la cheffe de la réa.
4. Une protection made in CHPG
Masques et visières ne sont pas toujours suffisants. "Lors de l’intubation en particulier, les patients toussent et crachent beaucoup, explique le Pr Rouquette-Vincenti. J’ai eu l’idée de les recouvrir d’une bâche en plastique pendant l’intervention."
Pour éviter tout risque d’étouffement, un aide-soignant en a eu une autre: réaffecter des armatures utilisées en orthopédie pour tenir cette toile, et former une sorte de tente au-dessus du patient, pendant que le médecin intervient en passant ses mains en dessous.
Une méthode artisanale, certes, mais bigrement efficace.
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