À chaque fois qu'un nouveau journaliste va couvrir le cirque, c'est la même musique. Je le sais parce qu'on me l'a dit : tout le monde y va en traînant les pieds… et en revient enchanté.
Je n'ai pas échappé à la règle. Loger ma grande carcasse sur les fauteuils pas vraiment confortables du chapiteau - pas vraiment cosy - de Fontvieille ne m'enchantait pas vraiment.
Dans les gradins, plus de la moitié des spectateurs a encore l'âge d'attendre le marchand de sable ou le Père Noël, et de planquer ses quenottes sous l'oreiller.
Magie
Et puis la lumière s'éteint. Les projecteurs s'allument. Monsieur Loyal fait son apparition. Est-ce le velours rouge de l'habit ? La prestance du bonhomme et son cérémonial ? Un effet magique de la piste ? Mais soudain, j'ai 10 ans, ou presque.
Dans l'enceinte circulaire, d'un diamètre de 13 mètres, (comme dans tous les cirques du monde), apparaît une ballerine sur un splendide destrier. Comme un hommage à celui qui a créé le cirque moderne il y a 250 ans, Philip Astley.
Diabolos, jongleuse des pieds, acrobates en tous genres. Les yeux des gamins pétillent. Y compris ceux des gosses de bientôt quarante, cinquante, ou quatre-vingts ans.
Recette sûre
Il faut bien reconnaître que l'on n'est pas ici face à une représentation de cirque nouvelle tendance. Ici, on défend et on perpétue le cirque traditionnel. Les numéros tirent sur de vieilles ficelles. Mais les bonnes vieilles ficelles. Celles qui font briller les yeux et taper dans les mains.
Et peu importe si l'on n'apprécie pas tout. Un numéro en chasse un autre. C'est la New Generation, ils sont jeunes et imparfaits, mais peu importe. Tout est là. Les paillettes et le maquillage, les poulies et les cerceaux, les grandes envolées, et les animaux. Tout ce qu'il faut pour réveiller la mémoire affective, ou pour créer des souvenirs qui confinent au merveilleux.
Des bulletins de vote étaient déposés sur les chaises : le Festival New Generation est un concours. Le public se prononcera.
Dans les allées, les enfants reproduisent déjà les numéros d'équilibristes. Et tant pis si la grâce a laissé place à la maladresse. Tous les artistes ont débuté un jour. Probablement en sortant d'une représentation.
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