À Monaco, disons-le d'emblée, le Père Noël a plutôt intérêt à être polyglotte. Car les lettres d'enfants qui débordent de la boîte aux lettres rouge du Métropole Shopping Monte-Carlo se décryptent en toutes les langues. Celle de Molière et de Shakespeare, forcément. Mais il lui faut aussi maîtriser sur le bout des doigts l'option « alphabet cyrillique ». « Il y a beaucoup de demandes de Russes mais aussi d'Ukraine et du Canada », confirme Jean-Luc Delcroix, directeur de La Poste à Monaco, chargé du secrétariat du Père Noël. Jusqu'au 24 décembre, l'entité centralise les demandes, aussi poétiques que farfelues, de la jeune génération.
Et il y en a plus d'un millier.
« J'ai fait quelques
bêtises »
Il y a la petite Alexandra qui aimerait trouver au pied du sapin un… koala et un lémurien. Pas certain que la cohabitation avec les rennes soit facile durant le voyage. Adrien, à l'orthographe hasardeuse, tente un mea culpa pour s'adjuger les faveurs du gros bonhomme rouge à la barbe immaculée. « Je regrette d' avoir fait des bêtises. On s'est vu à Po ygone, souviens-toi. Je voudrais un maillot et un ballon de foot, des jeux vidéos, un téléphone et un anti-stress », liste-t-il. Allez comprendre la dernière requête…
Anthony, lui, semble être un adepte de l'adage « Qui ne tente rien n'a rien ». Dans sa missive, il envoie l'artillerie lourde : « Un hoverboard, un baby-foot, un drone, une voiture télécommandée, une toupie, un maillot de foot, la PlayStation 4 ». Quitte à faire céder les coutures de la hotte du Père Noël.
Roland, 4 ans, est, pour le coup, moins gourmand mais se joue de ses bons résultats à l'école. « J'ai bien travaillé. J'ai fait quelques bêtises mais toutes petites. Je connais l'alphabet français et russe, j'ai écrit des mots et des lettres tout seul. Je sais compter jusqu'à 80 et je sais faire quelques additions et soustractions. ».
« Garde les cadeaux pour les enfants pauvres »
Et puis, il y a les créatifs, habillant joliment leurs lettres après avoir découpé les catalogues de jouets. Les sensibles, lançant des « Je t'aime » à foison. Les curieux, à l'instar de Théo et Thom originaires de la Loire. « Est-ce que tu sais faire des roulades ? Est-ce que tu arrives vraiment à faire le tour du monde en 24 heures ? ».
Et puis, les philanthropes précoces comme Noah : « Garde les cadeaux que je n'aurai pas pour les enfants pauvres ». Un brin de légèreté dans un monde de brutes. Sans doute le plus beau cadeau involontaire fait à Monaco-Matin.
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