Beethoven et Bruckner : deux B majuscules au menu

Dimanche, le Philharmonique propose le sublime concerto pour violon de Beethoven et la monumentale 9e symphonie de Bruckner

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André PEYREGNE Publié le 29/11/2019 à 10:09, mis à jour le 29/11/2019 à 10:09
Le Philharmonique de Monte-Carlo.
Le Philharmonique de Monte-Carlo. DR

Décidément, le Philharmonique s’emploie à nous faire entendre des œuvres qu’on n’entend jamais - ou presque. Il y a trois semaines, c’était l’oratorio Elias de Mendelssohn, la semaine dernière la symphonie Manfred de Tchaïkovsky, dimanche ce sera la 9ème. symphonie de Bruckner. Ces œuvres, aussi monumentales les unes que les autres, ne sont quasiment jamais programmées.

Manfred, la semaine dernière, fut l’occasion de découvrir un magnifique chef venu de Lettonie, Andris Poga. Le letton donnait le ton. Et de quelle façon ! On fut enthousiasmé, même si la fin de la symphonie fut tronquée. En effet, sans que le public ne soit prévenu, le passage dans lequel Tchaïkovsky avait prévu de nous faire entendre un orgue fut remplacé par la reprise, à l’orchestre seul, du final du premier mouvement. (On vit les musiciens tourner à l’envers les pages de leur partition pour reprendre le passage qu’ils nous avaient fait entendre une demi-heure plus tôt). Le concert n’en fut pas moins splendide !

« Adieu à la vie » écrit sur la partition

Cette semaine, on n’entendra pas, non plus, le quatrième mouvement de la symphonie de Bruckner. Et cela pour un cas de force majeure : Bruckner est mort (en 1896) avant de l’avoir achevé ! Il n’empêche, il y a suffisamment à entendre : les trois premiers mouvements de la symphonie durent à eux-seuls plus d’une heure !

Il y a, on le sait, une « malédiction de la neuvième symphonie » : Beethoven est mort après avoir composé la sienne, Schubert, Dvorak et Mahler aussi. Et, Bruckner, donc, avant de l’avoir terminée.

Ainsi, cette œuvre ne s’achève-t-elle pas sur un mouvement rapide comme il est de mise, mais sur un mouvement lent. Bruckner, sentant la mort prochaine, y fait jouer l’orchestre à la manière d’un orgue. Il a écrit sur la partition, à cet endroit : « Adieu à la vie ». C’est émouvant. Bruckner a destiné son œuvre à Dieu.

Le compositeur fut enterré au pied de son orgue de Saint Florian, en Autriche, dans cet endroit où les touristes ont la surprise de découvrir son tombeau entouré de crânes provenant d’un ossuaire antique. On est impressionné par ce macabre auditoire qui a l’air d’écouter en silence sa musique muette.

Muette, sa symphonie ne le sera pas, dimanche. Elle déploie les décibels à la pelle. Elle est monumentale. C’est Kazuki Yamada qui la dirigera.

Au même programme figurera le sublime concerto pour violon de Beethoven, interprété par l’un des meilleurs violonistes internationaux actuels, l’Allemand Franck-Peter Zimmerman. Ce concerto, on le sait, commence par quatre mystérieux coups de timbale, qui sont comme les coups du destin. Le destin comptera beaucoup dans ce concert.

Beethoven, Bruckner : deux B majuscules au programme !

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