Bagarre entre vendeurs au marché de la Condamine à Monaco: légère amende

Le tribunal correctionnel de Monaco a prononcé une peine symbolique pour trancher la rixe entre deux vendeurs de légumes du marché.

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JEAN-MARIE FIORUCCI Publié le 27/02/2020 à 10:03, mis à jour le 27/02/2020 à 08:47
Deux vendeurs italiens du marché de la Condamine en sont venus aux mains. (Illustration J.-F.O.) Photo illustration J.-F.O.

On aurait cru feuilleter un album d’Astérix à l’audience. Mais sans les Gaulois ! Une empoignade a opposé le 1er juillet dernier, vers 7 h du matin, au niveau du parking du marché de la Condamine, deux légumiers italiens. Ils ruminaient sans doute une rancune tenace depuis le jour où le plaignant, 41 ans, quittait l’emploi occupé depuis plusieurs années au sein de la société du prévenu, 52 ans. À savoir: le quadragénaire rejoignait la petite entreprise familiale avec son étal sur la place d’Armes, gérée par sa sœur. Cette discussion violente, très colorée à la manière des Transalpins, a été filmée par les caméras de vidéosurveillance.

Les images rapportent une scène où les deux personnages s’invectivent avec des gestes amples. Jusqu’au moment où le quinquagénaire appuie sa tête contre celle de son adversaire. Lequel voulait tirer vengeance d’un affront, d’une trahison?

"Le certificat médical est étonnant"

Afin de mieux cibler les raisons de l’altercation, le président Florestan Bellinzona (*) s’est adressé au gérant batailleur. "Deux personnes sont venues vous séparer, relève-t-il, car votre comportement animé a attiré du monde. La victime a rejoint le service des urgences où l’on a constaté un œdème du nez, avec une ITT de trois jours. Pourquoi en arriver là?"

L’intéressé, à la barre, évoque un licenciement pour mésentente et un raisonnement abscons. "Mon ex-employé m’avait pris en photo avec l’intérimaire venu m’aider à décharger pour les transmettre à la direction du travail. Il criait également et il m’accusait à tort. C’est gênant devant les clients et les autres collègues. Puis nous nous sommes rencontrés au parking. L’altercation était houleuse mais je ne lui ai jamais donné de coup de tête ni frappé. Pourtant, je suis 5e dan de judo. Le certificat médical est étonnant…"

À son tour, le demandeur donne sa version des faits. "Quand on s’est croisé, au bas de la rampe de sortie du parc de stationnement, cet individu m’a menacé. Il a fait un mouvement brusque de la tête. Il m’en veut parce que j’ai démissionné [n’avait-il pas été congédié ?]. Quant aux photos, je les ai envoyées à la CCSS, car il était anormal que le prévenu ne paie pas les charges en employant une personne au noir."

Étrange réflexe. La vengeance serait-elle encore la forme la plus sûre de justice pour le plaignant? Ces discours tiennent lieu de brouillard pour le premier substitut Olivier Zamphiroff. "Face à une procédure et une instruction complexes, il apparaît impossible d’affirmer la volonté du prévenu de donner des coups. Je propose une requalification en violences volontaires sans ITT avec une amende."

"La victime raconte des mensonges"

La défense fait également part d’une opacité certaine dans ce dossier. "La victime raconte des mensonges, assure Me Thomas Brezzo. Le prévenu l’aurait menacé parce qu’il a démissionné. C’est faux! Le plaignant est en maladie et il travaille en toute illégalité sur l’étal d’à-côté. Il n’arrête pas d’allumer mon client afin de le pousser à la faute. Avec une volonté d’en découdre! Excédé par ces provocations quotidiennes, le maraîcher a voulu une explication. Aucun coup de boule, mais on produit une ITT de trois jours ! Il y a de quoi s’interroger sur le bien-fondé du certificat médical. Il ne correspond pas à la réalité des faits et vous n’êtes pas obligés d’en tenir compte…"

Le tribunal, en effet, appliquera une peine de principe pour violences légères: 150€ d’amende avec sursis.

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