Avec des interventions de plus en plus nombreuses en Principauté et en France, les pompiers de Monaco s'organisent pour faire face au flux
L’activité des casernes monégasques au cœur de l’été a confirmé la tendance à la hausse des interventions en Principauté comme à ses abords. Une réflexion a été lancée avec la France
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Thomas MICHEL (tmichel@nicematin.fr)Publié le 06/09/2019 à 09:10, mis à jour le 06/09/2019 à 09:12
IllustrationPhoto JFO
En 2018, le corps des sapeurs pompiers de Monaco a frôlé les 10.000 interventions. Un record sur un quinquennat où les activités ont augmenté de 8%.
Cet été 2019 n’a fait que confirmer la tendance. Avec près de 30 interventions par jour en moyenne (de juin à août), les hommes du lieutenant-colonel Fassiaux ont souvent été "sursollicités" et restent sur le qui-vive en cas d’été indien.
À l’image de la canicule, qui implique des assistances aux personnes plus nombreuses de jour comme de nuit, l’aléa météo est une variable essentielle qui pourrait encore conduire à des pics d’activités ces prochaines semaines.
"Il suffit de deux épisodes très pluvieux ou orageux, comme en 2015 et en 2018, pour tout de suite monter à 50-60 interventions par jour", note le colonel Fassiaux.
D’où l’importance d’anticiper pour gérer au mieux la santé des troupes. Cet été, le colonel Fassiaux a ainsi donné des consignes strictes et de bon sens à ses hommes, aussi athlétiques soient-ils.
"Tout peut arriver dans la minute"
"J’ai pris la décision de faire se reposer les gens en supprimant les activités un peu trop intenses, afin de privilégier les interventions. Tous n’ont pas le même nombre de vacances l’été et ils sont suffisamment fatigués, notamment quand il y a eu la canicule. On a donc privilégié le sport en salle climatisée."
D’autant que les pompiers de Monaco maintiennent un haut niveau d’exigence en termes de formation. Exercice hebdomadaire de lutte contre les feux de forêt, séquences d’hélitreuillage avec la police maritime ou encore entraînement au feu d’appartement. Que l’on soit à Paris, à Marseille ou Monaco, un feu reste un feu et la répétition des gammes est essentielle car "tout peut arriver dans la minute".
Des automatismes qui évoluent aussi avec les nouveaux équipements individuels.
La pratique a remplacé la théorie dans la formation des actuels pompiers.Photo JFO.
"Avant, ce qui empêchait un pompier de rentrer au feu, c’était les oreilles. C’était l’indicateur quand ça chauffait trop. Maintenant, avec tous les équipements qu’on a, on peut être très proche… D’où l’intérêt de notre centre d’aguerrissement à la Brasca (Èze). Avant, les pompiers ne faisaient que de la théorie et ne voyaient le feu que le jour J. Aujourd’hui, ils sont formés en situation."
D’autant que la Principauté, par sa densité urbaine sur 2 km2, son maillage de gaines techniques en sous-sol ou sa profusion d’événements, est un territoire non sans spécificités et défis. Le champ d’action des pompiers ne se cantonnant d’ailleurs pas aux frontières de la Principauté. "On sort beaucoup, mais on ne nous entend pas beaucoup. On n'utilise le deux-tons qu’à bon escient", glisse au passage le colonel Fassiaux.
"C’est un corps à la croisée des chemins"
Le corps des pompiers de Monaco a une moyenne d’âge inférieure à 40 ans.Photo JFO.
Sous l’égide du précédent chef de corps des sapeurs-pompiers de Monaco, Tony Varo, un tiers des effectifs des casernes monégasques avait été renouvelé. Son successeur, Norbert Fassiaux, aura également à composer avec la pyramide des âges. "C’est un corps qui est à la croisée des chemins. Dans les cinq années à venir, il n’aura plus rien à voir au niveau humain."
Un corps "mature" mais "un peu adolescent" niveau expérience. "Le corps a treize ans d’ancienneté de services en moyenne, pour une moyenne d’âge de 39 ans."
150 hommes qui, en outre, perçoivent les prémisses d’une révolution technologique. Déjà équipés de drones, les pompiers bénéficieront prochainement d’un accès à un mur d’images pour suivre les grosses opérations à distance.
Ils peuvent aussi commencer à rêver de réalité augmentée avec le déploiement de la 5G. Pourquoi pas, un jour, avoir accès à une batterie de données directement dans leurs casques? Mais le terrain restera le cœur de métier pour leur chef, qui martèle qu’il ne veut pas de "pompiers robotisés ou protocolisés".
Un corps qui doit donc composer avec une hausse exponentielle de son activité mais qui devra patienter dix ans et la livraison de l’Annonciade II pour changer de quartier.
"40% d’interventions en plus sur le territoire français"
Les pompiers de Monaco sont amenés à intervenir aussi à Beausoleil, Cap-d’Ail ou Roquebrune-Cap-Martin.Photo JFO.
Depuis 1970, et la signature d’un accord bilatéral entre la France et Monaco, les pompiers de la Principauté et leurs voisins se portent assistance mutuelle en cas de sinistre ou d’accident grave. Des actions coordonnées menées en bonne intelligence de part et d’autre de la frontière mais qui ne cessent de croître.
"À ce titre, nous intervenons dans le secteur de premier appel, c’est-à-dire sur les communes limitrophes de Beausoleil, Roquebrune et Cap-d’Ail", rappelle le colonel Fassiaux.
Par leur proximité avec certains quartiers français, les pompiers de Monaco ont vu leurs interventions dites de "prompt secours" (et donc pas forcément graves au sens de l’accord de 1970), se multiplier.
Résultat: "En dix ans, nous enregistrons 40% d’interventions en plus sur le territoire français".
D’où une actuelle réflexion pour mettre à jour les contours de ces interventions communes.
"J’ai recréé un groupe de travail avec le SDIS06 pour essayer de revoir notre ligne de défense, c’est-à-dire notre secteur d’intervention maximum et aussi notre mode d’engagement dans les communes françaises", détaille Norbert Fassiaux.
Hors de question de remettre en cause l’accord de 1970, indispensable aux deux pays [la France qui, par ailleurs, aide notamment à la bonne tenue du Grand Prix de F1 ou encore des matchs de Ligue 1, ndlr], mais plutôt de l’optimiser. Chercher un point d’équilibre et affiner les compétences territoriales de chacun.
Une question de bon sens et de dialogue qui devrait faire consensus, sous réserve côté français de disposer des moyens nécessaires.
Avec l’accroissement de la population du bassin monégasque, et donc des interventions, le but de cette réflexion est d’éviter, à long terme, un quelconque engorgement.
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